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à une police inquiète et ombrageuse. L'ordre fut donné de l'arrêter. Averti de ce commencement de proscription par le maire de Bordeaux, il échappa aux recherches en se réfugiant au milieu de sa famille et de ses amis. En vain devint -il l'objet des perquisitions les plus sévères. Proscrit et caché, il reçut des royalistes de Bordeaux les plus touchans témoignages d'intérêt et de dévouement. Sans rien perdre de son énergie, le marquis de la Rochejaquelein renoua en silence tous les fils qui devoient affranchir de nouveau la Vendée, où il brûloit de se rendre. Pour s'en mieux frayer la route, il y envoya, avec des instructions particulières, l'abbé Jagault, ancien secrétaire du conseil supérieur de la Vendée; lui donna la mission expresse de se rendre aussi à Paris, pour conférer avec les principaux chefs de la confédération secrète. Cet ecclésiastique, l'un des hommes les plus éclairés de la Vendée, parcourut d'abord les départemens voisins, et organisa la Saintonge qui, dans le plan général d'insurrection, devoit lier la Guienne au Poitou. Déjà le Périgord étoit préparé dans le même sens par les soins de MM. de la Roche-Aymon, d'accord avec le commissaire royal de Bordeaux. Des

tiné au commandement du Bas-Poitou, le comte de Suzanet étendoit ses opérations du côté de Nantes, et promettoit huit mille hommes armés à la confédération royaliste. Le comte Charles d'Autichamp disposoit aussi d'une force égale aux environs d'Angers. Le canton de Beaupréau montroit les dispositions les plus énergiques sous l'influence du marquis de Civrac, fils cadet du duc de Lorges. Dans l'Orléanais, son frère aîné, le comte de Lorges, s'étoit assuré des royalistes de Beaugency. Déjà toutes les têtes fermentoient dans la Vendée, et l'on n'y demandoit plus qu'un point de ralliement. Les conscrits se battoient par bandes contre les gendarmes, et réclamoient à grands cris les anciens chefs vendéens. C'est ainsi que fut entraîné du côté de Vezin M. de Laberaudière, à la tête d'une colonne de paysans du Haut-Anjou. Indépendamment des bandes organisées, la masse des habitans des campagnes se seroit mise en mouvement au premier signal. La confédération gagnoit de proche en proche les provinces voisines: en peu de temps le duc de Duras étendit son influence dans la Touraine et dans l'Orléanais, où près de douze cents gentilshommes brûloient de prendre les armes. Le Berry eût offert le même

appui et les mêmes secours; dans la Bretagne et dans le Maine, la confédération jetoit également de profondes racines. Les royalistes de cette dernière province étoient commandés par le comte de Vibray, et ce chef avoit sous ses ordres le fameux capitaine Tranquille, qui, dans sa vive impatience, devançoit les événemens. Trois mille royalistes armés n'attendoient plus, dans les arrondissemens de Vitré et de Fougères, que le signal de M. Piquet du Boisguy leur chef. M. du Breuil de Pontbriand s'étoit assuré de quatre mille hommes dans les côtes du nord, où tous les obstacles s'aplanissoient devant son ardeur et son zèle. Cadoudal, frère de Georges, et M. Lemaintier, pouvoient rallier huit mille paysans bas-bretons dans le pays de Vannes et de Josselin. M. de Lacoublaye en avoit six mille en réserve dans le canton de Bignan, autrefois sous l'autorité de Guillemot. Au centre de la Bretagne, vers Montfort, Saint-Méen et Merdrignac, MM. de Boishamon et de Bedée s'étoient assurés de deux mille hommes d'une fidelité à toute épreuve. Les environs de Quimper donnoient cinq cents hommes à la cause royale: telles étoient à peu près les forces que les royalistes de Bretagne, si long

temps opprimés, faisoient renaître, pour ainsi dire, de leurs cendres. Les mouvemens dans cette province devoient correspondre avec ceux de l'ancienne Vendée. La Basse-Normandie n'attendoit, pour se déclarer, que la présence du chevalier de Brulard. Indépendamment de ces forces réunies, les royalistes pouvoient compter en Bretagne sur la coopération efficace des prisonniers espagnols; ils y étoient répandus en grand nombre, et réclamoient des armes pour donner trente mille soldats de plus à l'armée royale. Toute la confédération de l'ouest devoit se déclarer au premier signal d'un prince de la maison de Bourbon, de S. A. R. Mr le duc de Berry, qu'on attendoit à Jersey et sur la côte avec la plus vive attente. Il étoit réservé à ce prince de rappeler l'honneur français sous les drapeaux de tous les partis.

Là ne se bornoient point les forces de la confédération; elle étendoit ses ramifications salutaires jusques dans les montagnes de l'Auvergne, et surtout dans le Rouergue, devenu le refuge de vingt mille conscrits réfractaires. Ces pays agrestes servoient aussi de retraite à un des royalistes les plus actifs et les plus dévoués aux intérêts de la maison de Bourbon: c'étoit le comte Louis de Berthier, dont le

nom rappelle une des premières victimes de l'affreux délire de la révolution française. Persécuté et emprisonné pour ses sentimens royalistes, envoyé ensuite en exil dans les montagnes de l'Auvergne, il y avoit tout préparé en faveur de son roi, sous l'influence des grands propriétaires de la province; ses intelligences s'étendoient même au-delà. L'ouverture de la campagne du midi donnant plus d'essor encore à son zèle, il parcourut secrètement à cheval la plupart des provinces montagneuses au milieu des rigueurs de l'hiver; il avoit déjà organisé le Rouergue, le Tarn, l'Agénois et les pays voisins jusqu'à Montpellier. Dans le Rouergue les déserteurs et les conscrits étoient enrégimentés et en armes ; mais bientôt leur chef invisible succombe sous le poids de ses fatigues, emportant dans la tombe la consolante idée du prompt rétablissement de son roi, et léguant à un frère digne de lui ses sentimens, ses travaux et son zèle.

C'est ainsi qu'en s'organisant, le parti royaliste prenoit une consistance imposante. Dans le midi la joie étoit à son comble, et le succès paroissoit infaillible depuis qu'on y avoit connoissance de l'arrivée de Monseigneur le duc d'Angoulême.

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