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et de faire connoître les intentions de S. A. R. Toutefois, lord Wellington, enchaîné par les instructions d'une politique incertaine et timide, s'étoit vu dans la nécessité de supplier le prince, à son arrivée à Saint-Jean-de-Luz, de ne déployer aucun titre ou caractère public: et le noble lord ne pouvoit reconnoître S. A. R. que comme simple volontaire à son armée. Au midi comme au nord, la détermination des alliés, à l'égard des Bourbons, étoit subordonnée au vœu que manifesteroient les Français. Mais ce vou, la nation subjuguée par l'oppression la plus perfide, pouvoit-elle l'émettre? N'étoit-elle pas arrêtée d'ailleurs par les négociations entamées entre Napoléon et les puissances de l'Europe? Placée entre un tyran et les ennemis extérieurs, une nation ne brave pas à la fois tous les dangers. Rien pourtant ne put intimider des hommes passionnément dévoués à leurs princes légitimes. Le marquis de la Rochejaquelein, digne frère de l'illustre généralissime de la Vendée, nourrissoit depuis long-temps le noble désir de donner le premier signal de la restauration; il parcouroit sans cesse pour sonder les esprits, la Guienne et la Vendée, où le nom sans tache des la Rochejaquelein pou

voit rallier en un moment quarante mille royalistes sous les drapeaux de l'honneur. On l'avoit vụ, dans une année de disette, vendre son blé à vil prix pour augmenter le nombre des partisans du roi. Entouré de la plus haute considération, il devenoit naturellement le moteur des royalistes du Poitou et du Médoc, où ses possessions et ses relations personnelles lui donnoient une grande influence. Chéri partout où il portoit ses pas, il étoit d'ailleurs secondé par des amis fidèles, par la marquise de Donnissan, sa belle-mère; par son épouse, veuve du célèbre Lescure, et célèbre ellemême par ses malheurs dans la guerre civile autant que par l'élévation de son caractère et la supériorité de son esprit. Partout le marquis de la Rochejaquelein proclamoit le déclin de la puissance de Buonaparte, et faisoit renaître l'espoir du rétablissement des Bourbons. Dès le mois de mars 1813, M. de Latour, envoyé du roi, eut une conférence à Bordeaux avec M. de la Rochejaquelein, et lui témoigna que S. M. comptoit sur son dé

vouement.

Dès cette époque se forma, au sein même de la domination tyrannique de Napoléon, ure vaste confédération royaliste qui étendit ses

ramifications par les soins et sous les auspices des ducs de la Trémouille, de Fitzjames et de Duras; de MM. de Polignac, Ferrand, Adrien de Montmorency et d'autres zélés partisans de la dynastie légitime. Des conférences pour les intérêts de cette cause sacrée s'ouvrirent au château d'Ussé, en Touraine, possession du duc de Duras, entre MM. Adrien de Montmorency, de la Rochejaquelein et de la Ville de Beaugé, l'un des plus anciens officiers vendéens, compagnon fidèle des la Rochejaquelein et des Lescure. Chargé de la correspondance secrète entre la Vendée et la Touraine, M. de la Ville de Beaugé entretenoit ces relations sans écritures, sans chiffres, et purement en personne; tout se décidoit de vive voix, dans des entrevues adroitement ménagées, et auxquelles furent appelés MM. de Saismaison, de Barente, Thomas de Poix, et Charles d'Autichamp. On y forma le projet de délivrer Ferdinand VII; mais des intérets plus pressans, et les précurseurs des négociations de Valençay le firent abandonner. M. de la Rochejaquelein s'étoit rendu à Tours pour sonder les dispositions des gardes-d'honneur, auxquels il ne révéla point toutefois l'existence d'une confédération secrète, quoiqu'il trouvât ces jeunes

militaires favorablement disposés pour la cause royale. Tous les esprits étoient alors dans l'attente des résultats de la campagne de 1813. A peine le cri: Buonaparte a repassé le Rhin eut-il été répété d'un bout de la France à l'autre, que le cœur des royalistes de l'ouest et du midi s'ouvrit à l'espérance d'une prochaine révolution. La Vendée et Bordeaux renfermoient en quelque sorte le feu sacré qui devoit se propager rapidement sur toute la surface de la France. Bordeaux étoit une des villes qui avoit eu le plus à gémir du joug de Buonaparte. Témoin, pour ainsi dire, des scènes de perfidie et d'horreur qui s'étoient passées à Bayonne, victime des mesures insensées d'un pouvoir fatal à l'Europe, Bordeaux voyoit son port fermé, et son commerce anéanti. Ses habitans avoient connu, avant le reste de la France, les revers de celui qui, jusqu'alors, n'avoit trouvé de sûreté que dans le prestige de la victoire. Toutes les troupes qu'il envoyoit en Espagne traversoient Bordeaux; la plupart n'y revinrent jamais. Elles furent remplacées, pour ainsi dire, par de longues colonnes de prisonniers espagnols, victimes de la fidélité et de l'honneur, qui, en passant à Bayonne et à Bordeaux, s'é

crioient Nous nous battons pour Dieu et le Roi. L'exemple des Espagnols, unis pour repousser le tyran, et pour reconquérir les Bourbons, enflamma les Bordelais, et leur montra, dans le lointain, la glorieuse perspectiv ede la Guienne et de la Vendée en armes, redemandant que les fils de Henri IV leur fussent rendus. Déjà M. Taffard de SaintGermain, honoré de la confiance du roi, et son commissaire à Bordeaux, y étoit à la tête d'une association composée d'un grand nombre de personnes de toutes les classes, surtout de celles des artisans, dont le zèle sembloit d'autant plus louable qu'il étoit désintéressé. La prudence et le dévouement de M. Taffard inspiroient une confiance générale, et rallioient toutes les volontés. M. le chevalier de Gombault étoit aussi à la tête d'une association pieuse qui avoit le même but politique; il s'en forma d'autres spontanément pour la même cause, et qui bientôt reconnurent l'autorité du commissaire du roi. Le marquis de la Rochejaquelein étoit plus particulièrement attaché à l'association du chevalier de Gombault; mais ses vues et ses espérances se portoient plus encore sur la Vendée. Le zèle et l'ardeur de ses démarches ne purent échapper

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