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lendemain 7, à dix heures du matin, et la bataille paroissoit imminente; mais aucun intérêt pressant ne portoit les généraux en chef à se mesurer dans une action générale : ils se bornèrent à remettre leurs avant-postes dans leur ancienne place.

C'est vers ce temps-là que se répandit dans le midi et dans Paris même, le bruit que lord Wellington et le maréchal Soult avoient eu une conférence secrète près de Mandioude; mais tout ce qu'on a rapporté à cet égard est hasardé n'ayant moi-même rien recueilli de positif, je me borne à indiquer le fait sans entrer dans aucune particularité.

Wellington retourna le 7 janvier à SaintJean-de-Luz, et le maréchal Soult à Bayonne. Les divisions Leval, Maransin et Abbé occupèrent le camp retranché. La division Boyer fut établie à Tamos et à Saint-Etienne; le général Clauzel porta des forces sur Guiche et sur James, afin d'arrêter les courses des fourrageurs anglais, qui se répandoient, pour chercher des vivres, dans la plaine située entre la Bidouse et la petite rivière de Laran.

Des difficultés locales insurmontables dans la saison des pluies, et des motifs politiques ne permettoient pas encore à Wellington de

poursuivre ses opérations offensives. Ainsi les deux généraux en chef, dans l'attente de voir se développer les événemens de la grande invasion des frontières de l'est, restèrent dans leurs cantonnemens respectifs, se bornant à des escarmouches ou à des tentatives partielles.

Déjà l'approche du danger et le besoin de s'entourer de troupes aguerries avoient déterminé Napoléon à détacher de l'armée du maréchal Soult deux divisions formant douze mille hommes qui se dirigèrent en toute hâte de l'Adour vers la Loire; elles ne furent remplacées que par des conscrits ou par des soldats novices. Au contraire l'armée de Wellington grossissoit à vue d'œil par l'approche successive de sa cavalerie, et des réserves espagnoles.

Mais Napoléon, par un décret du 8 janvier, ordonna la levée en masse dans les départemens des Hautes et Basses-Pyrénées, et dans les Landes; il en confia l'organisation et le commandement au général de division Harispe. Environné déjà d'une réputation militaire brillante, ce général venoit d'être détaché contre les troupes espagnoles du célèbre Mina, qui, par la vallée de Bastan, pénétroient

dans celle de Baigorry jusqu'à Saint-Etienne. Le genéral Harispe, à la tête de ses troupes, attaqua le 8 janvier, à Ossez, les fourrageurs de Mina, et les chassa vivement, sans leur permettre de rien enlever de la vallée. Instruit que Mina projetoit de fourrager du côté de Lanhossoa et de Macaye, ce général partit le 10 janvier de son quartier-général d'Irissari, avec six compagnies d'élite; il tomba sur les fourrageurs à l'improviste, leur fit trentequatre prisonniers, et leur prit une quarantaine de mules et de chevaux. Le 1, il vint à Saint-Jean-Pied-de-Port, où s'étoient réunies deux cohortes de gardes nationales; et le lendemain, il marcha de nouveau contre les troupes de Mina, dont l'avant-garde s'étoit reportée à Saint-Etienne de Baigorry. La colonne du général Harispe étoit soutenue par les éclaireurs du colonel Lalane, et par la division Taupin, qui s'avança jusqu'à Hellette, pour seconder ce mouvement offensif. A l'approche de ces forces imposantes, Mina se replia de nouveau sur Bastan, par la droite du col d'Ispeguy. Ainsi les espérances qu'avoit fait concevoir l'arrivée du général Harispe au milieu des Basques, ses compatriotes, s'étoient réalisées; il avoit chassé

l'ennemi de la vallée de Baigorry. D'un autre côté, le général Soult, commandant la cavalerie légère, établit, le 10 janvier, son quartier-général à Saint-Martin-d'Arbeson, et ses troupes occupèrent Hellette, Saint-Esteven, Bonloc et Aylsère, couvrant ainsi la gauche de l'armée.

Cependant les Espagnols ne s'étoient pas rebutés, et dès le 20 janvier, ils projetèrent un fourrage considérable dans la vallée d'Ossez, entre Saint-Martin d'Arosa et Bedarry. Instruit de leur mouvement, le général Harispe fait marcher d'Horca, le colonel Lalane, à la tête des gardes nationales d'élite des BassesPyrénées, avec ordre de longer la rive droite de la Nive, tandis qu'avec les voltigeurs, les chasseurs du vingt-unième régiment et les éclaireurs basques, ce général se portoit en personne sur la rive gauche. A peine a-t-il débouché de Saint-Martin d'Arosa, qu'il est attaqué par les troupes espagnoles de Murillo, qui couvroient le fourrage. Les éclaireurs et les voltigeurs français soutiennent le choc avec fermeté ; et malgré leur infériorité numérique, ils prennent l'offensive, tombent sur les fourrageurs, en tuent une quarantaine, ramènent une centaine de prisonniers et une soixantaine

de mulets et de chevaux. Après avoir poussé jusqu'à moitié chemin de Baigorry à Itsatsu, le général Harispe rentra dans ses cantonnemens. Là finit la petite guerre des Basques. La campagne du midi va offrir des événemens plus dignes de l'histoire.

En vain Napoléon, pour séparer les intérêts du continent de la cause de l'Espagne, se présentoit à la nation espagnole dans l'attitude d'un suppliant qui sollicite la paix; en vain offroit-il, avec la branche d'olivier, de reconnoître l'indépendance de la péninsule; la nation espagnole hésitoit, parce que c'étoit Napoléon qui prétendoit combler ses vœux. Pouvoit-elle oublier sitôt qu'il lui avoit derobé ses rois, son gouvernement; qu'il l'avoit insultée, en plaçant un de ses frères sur le trône, sans l'aveu de la nation; qu'il avoit proclamé traîtres et rebelles les Espagnols qui, dédaignant d'obéir à ce mannequin royal, avoient pris courageusement les armes ? Napoléon n'avoit-il pas fait massacrer les Espagnols fidèles? n'avoit-il pas fait couper en morceaux les paysans, et ravager les campagnes? N'étoit-ce pas lui qui avoit fait, du pillage des propriétés espagnoles, un revenu régulier dans le budget de ses finances?

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