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feu éclate aussitôt dans plusieurs endroits de la ville, soit à dessein, soit par accident, et le progrès subit dés flammes force les assaillans de repasser la Seine. Le vent souffloit avec tant de violence, qu'il devenoit impossible d'arrêter l'incendie et d'exécuter le projet de défendre la ville Le maréchal Blucher rappelle aussitôt de l'autre côté de la Seine les troupes qui accouroient pour soutenir ses avant-postes, et il fait mettre le feu au pont qui, bien qu'il fût en bois, sembloit résister aux flammes. Les Français se présentent en forces pour le garantir et pour s'en emparer arrivent un bataillon russe et les tirailleurs prussiens, qui disputent le pont, et qui s'y maintiennent long-temps malgré une grêle de balles, malgré l'épaisseur de la fumée, malgré des planches et des madriers enflammés, qui, en tombant, blessent, fracassent et tuent plusieurs soldats. Les deux armées continuoient de tirailler d'une rive à l'autre, tandis que la malheureuse ville de Méry étoit la proie des flammes. Tel étoit leur progrès, que le maréchal Blucher ne put faire soutenir le détachement qui défendoit le pont; de sorte que trois bataillons français parvinrent à effectuer le passage, le pont

n'ayant été brûlé qu'à demi. Les tirailleurs s'approchent à cinq cents pas du feldmaréchal, qui, entouré de son état-major, reconnoissoit la position; ils tirent sur lui, blessent le colonel Valentine, frappent le maréchal d'une balle morte, qui traverse sa botte, et lui fait à la jambe une légère contusion. Le général prussien oppose, aux trois bataillons français, quelques escadrons de cavalerie et un détachement d'artillerie à cheval. Il se prémunit aussitôt contre une attaque générale, plaçant toute son armée en bataille, sur deux lignes, dans une vaste plaine au-delà de la rivière, ayant sa cavalerie en réserve, prête à profiter de tout avantage que leur offriroient les Français, s'ils tentoient le passage avec des forces considérables. Mais Napoléon ne fit qu'étendre le gros de ses troupes le long de la rive gauche de la Seine, et commença un feu très-vif en apparence, dans le dessein de protéger les trois bataillons qui s'étoient aventurés au-delà. N'étant pas réellement soutenus, ils furent attaqués, repoussés dans la ville, au milieu des flammes, forcés de repasser précipitamment le pont presque détruit, retraite périlleuse, dans laquelle plusieurs soldats se noyèrent; d'autres furent tués; d'autres, la

plupart blessés, restèrent au pouvoir des Prussiens.

Au soleil couchant, les deux armées, séparées

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par la Seine, gardèrent leur position et bivouaquèrent sur le même terrain, s'imputant réciproquement l'incendie de Méry, causé par l'imprudence de quelques soldats et par la violence du vent, sans aucune intention manifeste de réduire ce bourg en cendres. Tout sembloit annoncer qu'on étoit sur ce point à la veille d'une bataille; mais Napoléon hésitoit de se hasarder au-delà de la Seine, contre l'armée entière de Blucher, et il préféra pousser la masse de ses forces vers Troyes; tandis que, du côté des alliés, de nouvelles dispositions émanées du conseil des souverains, déterminoient brusquement encore la séparation des deux armées (1).

On en inféra d'abord que les généraux en chef de la coalition n'avoient pas trouvé, aux environs de Troyes, un champ de bataille convenable, supposition ridicule et inadmissible. Cette nouvelle dislocation provenoit sans doute de ce qu'on persistoit à ne point commettre, aux hasards d'un seul choc, les

(1) Voyez Pièces justificatives, No. XXXVI,

destinées du Monde. Tel fut constamment le mobile des manoeuvres divergentes des armées confédérées. Dans cette circonstance, d'ailleurs, il devenoit de la plus haute importance de rallier, en une masse compacte, tous les renforts qui arrivoient des frontières du nord et du Rhin, afin de créer, sur la Marne, ou au-delà, une diversion puissante, tandis qu'on s'opposeroit aux desseins du maréchal duc de Castiglione, dont l'armée, fortifiée par douze mille combattans et par une nombreuse artillerie, prenoit une attitude imposante. Le général Marchand venoit de rentrer à Chambéry; le général Meusnier occupoit de nouveau Mâcon; le général Desaix poussoit ses colonnes sous les murs de Genève; Bourg et Nantua étoient repris, et le duc de Castiglione, avec le gros de son armée, composé de troupes d'élite, alloit se mettre en mouvement pour se porter en Franche-Comté et en Suisse. Le général comte de Bubna se replioit sur tous les points, devant des forces supérieures; et cette situation paroissoit d'autant plus alarmante, que Napoléon, dans son bulletin, daté de Montereau, s'étoit écrié : « Les » Vosges, la Franche-Comté et l'Alsace n'oublieront pas ce qu'exige le nom français

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» lors du mouvement rétrograde des alliés. » Le maréchal duc de Castiglione, qui a réuni » une armée d'élite, marche pour fermer la » retraite aux ennemis. »

En effet, le plan primitif de Napoléon consistoit à s'établir entre la grande armée et ses communications vers la frontière du Rhin, pour la forcer à une retraite précipitée et désastreuse. Dans l'état des choses, Napoléon sembloit avoir le plus grand intérêt de se rapprocher du maréchal Augereau, et, par conséquent, de tirer vers le sud, entre la Suisse et l'Yonne. Comme à Leipsic, le maréchal Augereau sembloit venir encore au secours de Napoléon.

Inquiet sur les suites de cette manœuvre, l'empereur d'Autriche fit aisément consentir les souverains alliés à détacher sans délai, vers Lyon, le corps autrichien du général Bianchi, fort de douze mille hommes. Les différens corps qui étoient en avant de Dijon alloient être placés, par cette mesure, sous les ordres du même général, ainsi que le premier corps de réserve commandé par le prince Philippe de Hesse, qui se trouvoit alors en avant de Bâle.

La réunion de ces forces étoit nécessaire

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