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attaques répétées, mais infructueuses, coutèrent beaucoup de sang aux deux armées ; près de trois mille hommes furent mis hors de combat de part et d'autre. Le général Robinson fut blessé en persistant dans sa glorieuse résistance; le lieutenant-général Hope reçut une forte contusion, et le lieutenant-colonel Loyd, du quatre-vingt-quatrième régiment anglais, resta parmi les morts. Du côté des Français il n'y eut d'officier-général blessé, selon des relations peu certaines, que le géné→ ral Villatte commandant la réserve.

Cette brusque attaque du maréchal Soult, sur la gauche de l'ennemi, avoit eu pour objet d'obliger Wellington à retirer sa droite postée au-delà de la Nive; mais ce but fut manqué malgré les plus habiles dispositions. Après l'action, vers neuf heures du soir, l'armée française fut abandonnée par deux bataillons de Nassau, et par le régiment de Francfort. Ces troupes allemandes, instruites par leurs chefs des résultats de la bataille de Leipsic et placées en front de la quatrième division anglaise, pour observer ses mouvemens, saisirent avec ardeur l'instant favorable, et passèrent dans le camp des alliés : on les accueillit de la manière la plus cordiale. Le

lendemain elles se dirigèrent vers le port du Passage pour être transportées sur le Rhin, où elles brûloient d'aller combattre en faveur de la cause européenne.

Cependant l'armée française, qui s'étoit repliée dans ses lignes, avait laissé quelques bataillons opposés à la gauche des Anglais. Le lendemain 12 décembre, les divisions Boyer et Daricau renouvelèrent l'attaque, le maréchal Soult ne se proposant toutefois que d'attirer sur ce point l'attention de Wellington; mais ce général fut imperturbable : la seule division anglaise du général Howard se trouva engagée.

Pendant que le maréchal Soult simuloit une attaque sérieuse sur la gauche de l'armée britannique, il méditoit de tourner la droite. Profitant des ténèbres de la nuit, il traverse Bayonne pour manoeuvrer avec six divisions contre les dix mille hommes du général Hill, en position sur les hauteurs de Losterenia, sur la route de Saint-Jean-Pied-de-Port; mais, avant le point du jour, son dessein étoit déjà pénétré. Lord Wellington ordonne aussitôt à la neuvième division qu'il tire du centre, de renforcer son aile droite, et il la fait soutenir par la quatrième division et par deux brigades de la troisième.

Déjà le comte d'Erlon, ayant sous ses ordres quatre divisions d'infanterie, une brigale de cavalerie et vingt-deux pièces de canon, venoit d'attaquer avec impétuosité les troupes du général Hill. La division du général Abbé s'engage sur le front de la position en suivant la grande route, tandis que la division du général Daricau se porte à droite pour tourner l'aile gauche. En même temps la deuxième division, commandée par le général Darmagnac, s'empare du plateau de Pathouhiria, et se dirige aussitôt vers Saint-Jean-le-VieuxMouguère; mais partout les Anglais tiennent ferme. La brigade d'infanterie du major-général Byng, soutenue par la brigade portugaise du général Buchan, reprend le plateau sur la droite de la position, et s'y maintient malgré les efforts et le feu des Français. Les brigades anglaises et portugaises rivalisent d'ardeur et de dévouement. Les renforts de Wellington étant arrivés au secours du général Hill, le maréchal Soult voit que son habile adversaire lui présente partout de nouvelles troupes, et il fait porter aussitôt en ligne la division du général Foy et celle du général Maransin. La lutte se prolonge avec une grande effusion de sang et une bravoure égale des deux

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côtés. Toutes les attaques étoient furieuses particulièrement sur la grande route: trois fois l'armée française revint à la charge, et trois fois elle fut repoussée par le feu soutenu de la mousqueterie, de l'artillerie, et par des charges de cavalerie renouvelées, autant que le terrain pouvoit le permettre. Immobile dans ses positions, l'infanterie anglaise étoit toujours prête à recevoir les assaillans la baïonnette au bout du fusil; enfin, découragés par une résistance invincible, ils firent volte-face.

On s'étoit battu pendant neuf heures, entre la Nive et l'Adour, avec l'acharnement héroïque inspiré aux deux nations rivales par une sorte d'émulation, de valeur et de gloire.

Ces quatre jours d'attaques et d'actions sanglantes ( du 9 au 13 décembre) avoient mis près de quinze mille hommes hors de combat. On n'avoit jamais vu, pendant la guerre de la péninsule, autant de corps morts après une action. A la seule attaque du 13, qui fut la plus meurtrière, l'armée française eut près de cinq mille hommes tués ou blessés ; parmi ces derniers se trouvoient les généraux de brigade Maucune et Maucomble. Protégée par ses positions, l'armée anglaise n'eut que deux mille hommes hors de combat,

Telles furent les batailles de l'Adour (1), où deux armées rivales qui s'étoient disputés pendant cinq ans la possession de la péninsule, commencèrent à s'essayer sur le sol de la France elles s'observèrent réciproquement pendant toute la journée du 14 décembre.

Ayant échoué dans toutes ses tentatives pour déloger l'armée britannique, le maréchal Soult se vit forcé de rentrer dans son camp sous Bayonne. Il avoit manœuvré habilement sur les deux ailes de l'ennemi, dans l'espoir de forcer les points les plus foibles de sa ligne ; mais toutes ses combinaisons furent déjouées par la vigilance et le coup d'oeil de son adversaire.

Toutefois lord Wellington put juger que l'armée française, soutenue par sa haute valeur et par la fermeté de son chef, seroit inexpugnable dans sa position retranchée; it dut pressentir qu'il faudroit encore des efforts plus grands pour la vaincre même sur un autre terrain, et pour forcer des barrières restées intactes pendant plusieurs siècles.

Il fit avancer la totalité de sa cavalerie, comme s'il avoit eu le dessein d'occuper tout

(1) Voyez Pièces justificatives, No. LU.

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