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tions dans l'intervalle d'une session à l'autre, refusa de s'occuper du traité, sous prétexte qu'un acte de cette nature excédait ses pouvoirs. Il fallut se soumettre aux délais, quoique les circonstances fussent pressantes.

Tels furent les ressorts politiques que fit mouvoir Buonaparte dans l'espérance de paralyser les mouvemens offensifs de Wellington, vers les provinces qu'arrosent l'Adour et la Garonne. Ce général n'avoit point encore réuni toutes ses forces, ni tous ses moyens d'attaque; son armée cantonnée derrière la Nive n'avoit encore fait aucun mouvement décisif; celle du maréchal Soult étoit postée en avant du camp retranché de Bayonne, et ses avant-postes occupoient une foible redoute à Cambo.

Il importoit à lord Wellington, pour la sûreté de ses mouvemens, d'empêcher la communication directe du camp de Bayonne avec la division française établie à Saint-Jean-Piedde-Port; il lui importoit aussi de donner plus d'étendue à ses cantonnemens, pour mieux assurer la subsistance de l'armée, les arrivages par mer étant en hiver difficiles et périlleux; enfin lord Wellington vouloit, dans une reconnoissance générale, apprécier au juste la

force de l'armée française, et l'état de l'opinion dans les provinces méridionales. Son grand objet étoit de préluder à l'invasion de concert avec les armées alliées prêtes alors à franchir le Rhin par les frontières de l'est. Tous ces motifs le décidèrent à tenter un mouvement général. La cessation des pluies et l'état des chemins permettant de tout préparer pour la construction des ponts, il fit sortir ses troupes de leurs cantonnemens le 8 décembre, et prescrivit les dispositions suivantes. Le général Hill, avec l'aile droite fut chargé de franchir le passage de la Nive à Cambo, d'occuper à l'instant la grande route; et secondé par le centre sous les ordres du maréchal Béresford, qui devoit aussi passer la Nive à Biaritz, de marcher droit à l'armée française, et de l'attaquer; en même temps le général Hope, commandant l'aile gauche, devoit menacer le camp retranché de Bayonne par la grande route de Saint-Jean-de-Luz.

Deux ponts de bateaux furent jetés sur la Nive pour faciliter les mouvemens; et Wellington, après avoir expédié ses dernières instructions, partit de son quartier-général de Saint-Jean-de-Luz le 9 décembre à trois heures du matin, et prit la route d'Ustaritz.

Il y arrive à la pointe du jour, au moment même où la sixième division, formant l'avantgarde du centre, venoit de passer la Nive; la même opération venoit aussi d'être effectuée par le général Hill à Cambo où le général Foy se défendit avec intrépidité.

Menacé d'une attaque générale et combinée, le maréchal Soult replia toutes ses troupes sur la rive droite, et concentra son armée au nombre de cinquante mille hommes, à une lieue et demie de Bayonne, sur une chaîne de hauteurs qui courent parallèlement à l'Adour, sa gauche protégée par cette rivière, et sa droite appuyée à Villefranque, sur les bords même de la Nive. L'attaque commence sur ce village qui est emporté, ainsi que les hauteurs voisines, par un régiment portugais, et par quelques bataillons d'infanterie légère anglaise. Le plateau est repris par les Français; mais il est attaqué de nouveau, et au coucher du soleil il reste au pouvoir de Wellington, La totalité de son aile droite, entravée dans sa marche par le mauvais état des routes, venoit seulement d'arriver sur le terrain.

L'aile gauche s'étoit portée en avant par la grande route de Saint-Jean-de-Luz, et le général Hope, après avoir chassé devant lui

tous les postes français, avoit reconnu la droite de leur camp, ainsi que le cours de l'Adour au-dessous de Bayonne ; il s'étoit approché de si près des remparts de cette ville, que de là on avoit fait feu sur ses troupes.

Ainsi cinq divisions anglo-portugaises, formant trente mille hommes, avoient forcé le passage de la Nive, et s'étoient établies sur les plateaux de Bessussary, d'Arcangues et de Barouillet.

La division d'infanterie espagnole du général Murillo étoit placée à Urcuray pour observer les mouvemens de la division française du général Paris, qui venoit de se replier vers Saint-Palais.

L'intention du maréchal Soult étoit d'attaquer l'armée alliée le lendemain pour la faire repentir de sa témérité. De son côté Wellington avoit aussi le projet d'attaquer l'armée française postée entre la Nive et l'Adour. A la pointe du jour il se porta sur Villefranque : là voyant que le maréchal Soult s'étoit retiré des positions qu'il occupoit la veille, il se mit à épier avec soin ses mouvemens; il jugea bientôt que son adversaire cherchoit à profiter de l'avantage que lui offroit le pont de Bayonne, et de la facilité avec laquelle il

pouvoit faire passer des troupes d'une rive à l'autre, pour attaquer l'aile de l'armée anglaise restée isolée sur la gauche de la Nive. L'événement prouva la justesse des pressentimens de Wellington.

En effet, le maréchal Soult, manœuvrant, avec la masse de ses forces, sur l'aile gauche de l'armée de Wellington, culbuta aisément tous ses avant-postes. Bientôt le général Clauzel attaque avec acharnement la division légère établie sur le plateau et dans l'église d'Arcangues, tandis que le général Reille, à la tête de trois divisions, se précipite sur le bois de Barouillet, où étoient retranchées deux divisions ennemies. Le général anglais Robinson, avec une seule brigade, soutient, pendant plus d'une heure, tous les efforts de cette vive attaque, sans perdre un pouce de terrain, donnant ainsi par sa résistance valeureuse le temps d'arriver aux autres corps qui reprennent successivement l'offensive. Déjà Wellington avoit fait marcher au secours de sa gauche des renforts imposans. Sur sa droite les assaillans venoient d'être reçus avec une égale vigueur ; ils s'étoient retirés en toute hâte, laissant aussi le champ de bataille couvert de leurs morts. Ces

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