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» que la Providence a montré de la manière » la plus éclatante les desseins qu'elle avoit sur » la France. >>

Dans un moment si décisif pour le salut du Monde, les souverains alliés renouvelèrent l'engagement solennel de ne point poser les armes avant d'avoir atteint le grand objet de leur alliance.

Ainsi la nation française ne pouvoit plus s'en prendre qu'à Napoléon des maux qu'elle souffroit. Le 15 mars encore il étoit le maître d'accepter la souveraineté de la France, telle qu'elle étoit en 1792; mais rejetant avec dédain toutes les propositions fondées sur des bases raisonnables, il ne daigna pas même justifier ses refus aux yeux de la nation abusée.

Qu'alloit-il opposer à l'Europe conjurée sans retour contre lui? Une armée valeureuse sans doute, mais réduite à un noyau de quarante à cinquante mille combattans : aussi ses ennemis ne virent-ils dans la rupture des conférences, que l'avant-coureur de sa catastrophe; mais ses partisans et lui-même rêvèrent encore des triomphes; ils attendoient surtout leur salut de cette guerre d'extermination provoquée par des décrets sanguinaires et par des émissaires méprisables. Tout fut

employé pour armer la population des villes et des campagnes. De faux cosaques, secrètement organisés en bandes de pillards, commettoient, sous les couleurs ennemies, tous les excès capables de porter les Français au désespoir et à la vengeance. A ce moyen atroce se joignirent toutes les autres machinations de l'imposture. Les autorités des villes et des villages devenus momentanément le theâtre de la guerre, furent mandées à Paris, auprès des ministres de Napoléon, qui leur suggérèrent et leur dictèrent même des rapports remplis d'exagérations et d'hyperboles sur les dévastations et les cruautés de l'ennemi. La publicité de ces récits effrayans tendoit à faire considérer les Russes et les Prussiens comme des cannibales. Tel fut l'excès de l'impudence, qu'on osa affirmer que les cosaques se précipitoient sur les enfans les plus charnus, pour les mettre à la broche, et les dévorer ensuite dans d'horribles festins.

Pendant son expédition d'outre-Marne, Napoléon mit à nu sa politique infernale. De son quartier-général à Fismes, il lança plusieurs décrets révolutionnaires qui avoient pour objet non-seulement de soulever les peuples, mais d'exciter une guerre d'exter

mination. C'est ainsi que, voyant les alliés rétorquer ces terribles ordonnances, proclamées dans les pays où il avoit porté ses armes, il declara qu'il useroit sur-le-champ de représailles, en faisant fusiller ses prisonniers (1). Ce décret il le fit afficher et insérer au Bulletin des Lois, comme pour fournir à la postérité la preuve authentique de la condamnation de sa propre conduite.

Par un autre décret il déclara traîtres à la patrie tous les maires, fonctionnaires publics et habitans qui, au lieu d'exciter le peuple à s'armer, le dissuaderoient de se défendre (2). La terrible extension des termes de ce décret, et l'accusation générale d'incivisme, dirigée contre les fonctionnaires publics, attestoient à la fois le caractère féroce de Napoléon, et l'état désespéré dans lequel il étoit réduit. Il plaçoit entre la vengeance de l'ennemi et ses décrets de mort le peuple et les autorités. Que prétendoit-il? Que les Français, désormais sans ressources, n'eussent plus d'autre parti à prendre que de se joindre à lui. Il lui falloit des soldats, et il croyoit plus facile de

(1) Voyez Pièces justificatives, No XLVIII. (2) Voyez Pièces justificatives, No. XLIX.

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s'en procurer, en réduisant le peuple aux dernières extrémités du désespoir, de la fureur et de la vengeance. Tel étoit son but en essayant de renouveler les levées en masse dont les proconsuls conventionnels, sous les lois mêmes de la terreur, avoient avoué la désastreuse inutilité; mais peu lui importoit que la France fût ravagée dans toute son étendue pourvu qu'il régnât sur ses ruines. Le trait suivant suffit pour attester à cet égard la fatale perversité de son âme : « Sire, lui disoi tun général (en le félicitant sur sa victoire de » Montmirail) quel beau jour! si nous ne voyions autour de nous tant de villes et de » pays dévastés! - Tant mieux, replique Napoléon, cela me donne des soldats! >>

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Ses décrets d'extermination provoquèrent des déclarations menaçantes et de terribles représailles. Par sa proclamation datée de Troyes le 10 mars, le généralissime prince Schwartzenberg s'exprimoit en ces termes : « Fran>> çais, votre gouvernement veut que vous >> vous souleviez; il cherche à vous égarer par » des promesses trompeuses, par des moyens » qui prouvent sa foiblesse. Jamais les alliés. » n'ont eu le dessein de conquérir la France; >> mais ils ne feront la paix qu'à des conditions.

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» qui puissent assurer à l'Europe et à la France » elle-même un repos durable. Nous voulons » la conquérir cette paix si nécessaire à l'uni» vers; de nouveaux bataillons couvrent les >> routes de l'Allemagne, de la Belgique, de l'Espagne et de l'Italie; la paix seule peut » délivrer le territoire français de la présence >> des armées alliées. Français, élevez votre >> voix en faveur de la paix de l'Europe! songez » que tout ce qui résisteroit à nos armes, s'exposeroit à une destruction inévitable (1).

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Une autre proclamation dans le même sens fut publiée à Laon le 13 mars par le feld-maréchal Blucher. « Français, dit ce général, » on cherche à vous égarer par des relations » mensongères: Napoléon ne veut que prolonger la guerre aux dépens de vos pro priétés et de la dernière goutte de votre sang. >> Si des excès ont été commis, c'est que plu>>sieurs de nos soldats ont été massacré par

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des habitans égarés; et pourtant j'ai réprimé » ces excès: je les ai même fait punir de mort; » mais aussi je déclare, quelque pénible qu'il » soit pour moi de confondre l'innocent et le » coupable, que je ferai brûler désormais les

(1) Voyez Pièces justificatives, No. L.

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