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populations qui ont manqué à ce qu'elles » devoient à elles-mêmes et à l'honneur. » On pouvoit juger, par ces paroles, qu'il n'attendoit que le moment de la vengeance.

A peine étoit-il arrivé à Fismes, au-delà de la Marne, qu'il avoit détaché sur Reims une colonne d'attaque, commandée par le général Corbineau, son aide-de-camp, et le général de cavalerie Laferrière. Ces deux officiers surprirent Reims à quatre heures du matin, le 6 mars, en tournant un corps ennemi de quatre bataillons qui couvroit la ville, et qui resta prisonnier de guerre.

A cette nouvelle, le général Saint-Priest, aide de camp général de l'Empereur Alexandre, etcommandant en chefle huitième corps russe, se décide à marcher en avant et à reprendre Reims. Après avoir passé la Marne à Vitry, ce général s'étoit porté à Châlons-sur-Marne, où il étoit en position depuis plusieurs jours, ayant une avant-garde à Sillery, sur la route de Reims. Son corps, formé de huit régimens, ou seize bataillons, n'étoit que de six mille hommes; mais il venoit d'être joint par le général Jacow, commandant la dernière colonne de la réserve prussienne. L'addition de cette réserve, formée de scize bataillons ou sept

mille hommes, employés successivement au siége de Torgau et de Wittemberg, élevoit les forces du général Saint-Priest à quinze mille combattans, cavalerie et artillerie comprises.

Le 12 mars, à cinq heures du matin, divisant son corps en plusieurs colonnes, il se présente aux différentes portes de Reims, et fait sur celle de Laon sa principale attaque. En peu de minutes, elle est forcée. Le général Corbineau, ne pouvant opposer une résistance efficace avec des troupes si inférieures en nombre, se met à la tête de la cavalerie, fait une trouée, et parvient, avec cent hommes seulement, à gagner Châlons-sur-Vesle : le reste de sa troupe est détruit ou fait prisonnier.Dix canons, deux mille cinq cents hommes, le général Lacoste, le colonel Reynier, et beaucoup d'officiers, tombent au pouvoir de l'ennemi, dont la perte est très-légère, son attaque ayant été poussée avec une vivacité extrême.

Napoléon est informé le soir même, que le général Saint-Priest vient de reprendre Reims d'assaut, et que la plus grande partie de la garnison et de l'artillerie a été prise. Il forme aussitôt la résolution de marcher sur cette ville; et, le 13 mars, à six heures

du matin, il met toute son armée en mouvement. Il ne laisse à Soissons que le corps du maréchal duc de Trévise. Le maréchal Marmont avoit déjà reçu l'ordre, après l'échec de Laon, de se porter sur Reims, et il s'étoit mis en marche de Fismes, faisant ainsi l'avantgarde de l'armée. Un aide-de-camp vint le prévenir que l'Empereur vouloit qu'on n'engageât pas d'action avant l'arrivée de l'armée entière; mais la cavalerie avoit déjà rencontré, au village de Rosnay, deux bataillons prussiens qui, se voyant enveloppés, mirent bas les armes à la première sommation : déjà même le général Sébastiani, avec deux divisions de cavalerie, étoit en mouvement sur la grande route, soutenu par l'artillerie.

Au premier avis que les Français s'avancent en force, les troupes alliées sortent à l'instant de Reims, et prennent position sur un terrain élevé à un demi-quart de lieue en avant de la ville, du côté de la chaussée qui conduit à Soissons, couronnant les collines, et résolues d'opposer à cette brusque attaque la plus vigoureuse résistance. De forts détachemens de cavalerie, artillerie et infanterie, se portent en avant. Bientôt on voit venir les Français en fortes masses, et avec une artillerie nom

breuse. Arrivée à un quart de lieue de la position des alliés, leur cavalerie se range en deux lignes. Les avant-gardes des deux armées sont immédiatement engagées; et, pendant plusieurs heures, la plaine, entre ces deux positions, est le théâtre d'escarmouches et de canonnades continuelles. Toutefois la cavalerie ne fait pas d'autre mouvement que de s'étendre sur les deux flancs de sa ligne; elle sembloit ne plus attendre pour charger, que l'infanterie, qui n'avoit point encore paru.

Vers quatre heures du soir, arrive Napoléon, avec le gros de l'armée; il s'établit aussitôt sur la hauteur dite du Moulin-àVent, et ordonne les dispositions pour une attaque générale. Un sourire cruel s'échappa de ses lèvres, en plongeant ses regards sur la ville; et ce fut alors qu'il dit, en se frottant les mains « Dans une heure, les dames de » Reims auront grand peur ! »

Les colonnes de cavalerie s'ébranlent aussitôt avec les trains d'artillerie, et une attaque vigoureuse commence sur deux bataillons russes qui s'étoient portés en avant. Leur feu est si bien dirigé, et leur fermeté est telle, que la première charge échoue, et que les Russes se replient sans perte sur leur posi

tion. Alors Napoléon fait avancer tous les trains d'artillerie, escortés par des troupes fraîches. Cinquante bouches à feu ouvrent une effroyable canonnade, et les Russes sont exposés long-temps au feu meurtrier d'une artillerie si supérieure à la leur; ils voient se développer devant eux des forces redoutables, et restent fermes sur le terrain; mais déjà les colonnes d'attaque marchoient de front, tandis qu'on réparoit le pont de Saint-Brice pour tourner la ville. Une forte colonne de cavalerie se porte immédiatement sur la droite. Le général comte de Saint-Priest, qui soutient ce combat inégal sur les points les plus exposés, au milieu des boulets et de la mitraille, fait face au danger avec ses bataillons d'élite, donnant un brillant exemple à ses troupes. Dans ce moment décisif, il est renversé de son cheval, et blessé à mort par un boulet : on l'emporte aussitôt du champ de bataille. Cet événement jette la consternation et le désordre parmi les siens. Napoléon, apercevant du trouble et de l'indécision, redouble d'efforts. Le général Defrance, à la tête des gardesd'honneur, fait entre Reims et l'ennemi une charge impétueuse contre la brigade de cavalerie russe du général Emmanuel, qui soutenoit

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