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espérance que dans la conclusion d'un traité de paix; mais cette dernière lueur, si nécessaire au repos des partisans de Napoléon, leur fut bientôt ravie.

La marche des négociations avoit été suspendue ou accélérée selon la nature des événemens militaires. Les résultats seuls des hostilités pouvoient influer sur les déterminations du dominateur de la France. Au contraire, les puissances confédérées avouoient des principes fixes; les revers mêmes ne les portoient point à se départir des bases générales qu'elles avoient adoptées; mais tout étoit livré au hasard et au sort des armes dans la cause de Napoléon. A peine eut-il obtenu, presque sous les murs de Paris, les succès qui enflèrent tant ses espérances, que son plénipotentiaire au congrès changea de langage; bientôt même les conférences prirent un autre caractère. Napoléon, ainsi qu'on l'a déjà vu, rejeta avec dédain le projet de traité préliminaire des cours alliées, sans toutefois, qu'il osât sanctionner ce mouvement d'arrogance par aucune notification explicite. Ramené au sentiment de la réflexion, il sentit que les victoires de la Marne et de la Seine n'étoient rien moins que décisives, et qu'il

falloit encore temporiser. Son plénipotentiaire demeura sans instructions; et quinze jours se passèrent sans aucune réponse ni communication officielle. Vainement plusieurs envoyés autrichiens se succédèrent à son quartier-général, pour le supplier d'accéder enfin au vœu d'une paix invoquée pour le repos du Monde l'arrière-pensée de Napoléon le portoit à ne point traiter avec des ennemis qui occupoient le territoire de la France.

Etre encore humilié par des clauses honteuses après l'avoir été par la force des armes, lui paroissoit incompatible avec la source et

le

genre de sa puissance. Les souverains alliés, voulant pénétrer ses vues et connoître ses intentions, laissèrent à son plénipotentiaire au congrès, la latitude de présenter un contreprojet de paix, à condition toutefois, qu'il répondroit à l'esprit et à la substance des conditions déjà proposées. Il falloit un délai : le terme du 10 mars fut fixé d'un commun accord.

C'étoit à la suite de cinq combats malheureux, que les cours alliées avoient rédigé et remis au congrès leur projet de pacification; aussi avoient-elles jugé nécessaire de resserrer en même temps les nœuds qui les unissoient,

et de redoubler d'efforts pour triompher de l'ennemi du repos des nations. Elles prirent alors l'engagement formel d'amener six cents mille hommes sur le champ de bataille. Ce nouveau traité d'alliance entre les Empereurs de Russie et d'Autriche, entre les Rois de Prusse et d'Angleterre, fut signé le 1er mars, à Chaumont en Bassigny, où s'étoient portés les souverains et leurs ministres, après leur retraite de Troyes.

Les hautes puissances contractantes s'engageoient solennellement, l'une envers l'autre, dans le cas où Napoléon refuseroit d'accéder aux conditions proposées, de consacrer tous les moyens de leurs Etats respectifs à la poursuite vigoureuse de la guerre, et de les employer dans un parfait concert, afin de se procurer, à elles-mêmes et à l'Europe, une paix générale, sous la protection de laquelle les droits et la liberté de leurs nations fussent établis et assurés. Par ce même traité, l'Autriche, la Russie, l'Angleterre et la Prusse, s'engageoient à tenir constamment en campagne chacune cent cinquante mille hommes au complet (non compris les garnisons), pour être employés activement contre l'ennemi

commun.

La Grande-Bretagne, voulant contribuer de la manière la plus prompte et la plus décisive à remplir ce grand objet, prenoit l'engagement formel de fournir un subside de cinq millions sterling (environ cent vingt millions de francs), pour être répartis d'une manière égale entre les trois autres puissances.

Si des événemens imprévus, et la situation du théâtre de la guerre, présentoient des difficultés pour l'envoi des secours stipulés en forces anglaises dans le délai convenu, et pour le maintien des forces sur le pied de guerre, S. M. britannique se réser➡ voit le droit de fournir à la puissance requérante, son contingent effectif en troupes étrangères à sa solde, ou de lui payer annuellement un subside additionnel, au taux de vingt livres sterling par homme pour l'infanterie, et de trente livres sterling pour la cavalerie.

Enfin, ce même traité stipuloit une ligue de vingt ans, pendant la durée de laquelle les puissances contractantes s'engageoient réciproquement à se porter au secours les unes des autres; elles étendoient cette dernière disposition aux puissances qui pourroient entrer successivement dans la ligue.

Etoit-ce là l'ouvrage de souverains désunis et

sans aucun plan, tels que les organes de Napoléon, et Napoléon lui-même, ne cessoient de représenter les monarques de la ligue européenne ? Cet accord de vues et d'intérêts entre les grandes puissances ne tendoit pas sans doute à ralentir les opérations militaires. Aussi, du er au 10 mars, les armées alliées avoient-elles repris l'offensive sur toute l'étendue de leur ligne, depuis Laon jusqu'à Lyon.

On ne croit pas que Napoléon ait eu connoissance de ce traité avant la rupture du congrès de Châtillon. Ce fut le 7, deux jours avant son infructueuse attaque de Laon, et immédiatement après la bataille de Craonne, qu'il fit partir le courrier, porteur de son ultimatum.

Il sembloit que la fortune se fìt un jeu de perpétuer ses illusions: car, au moment même où ses prétentions alloient révolter le congrès, elle lui ménageoit à Reims ses dernières faveurs.

Napoléon ne pouvoit pardonner à cette ville d'avoir eu la foiblesse, selon ses propres expressions, d'ouvrir ses portes à cent cinquante cosaques, et, pendant huit jours, de les avoir complimentés et bien traités. « Nos annales, » avoit-il ajouté, conserveront le souvenir des

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