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» L'obéissance n'est plus qu'un acte de sûreté » personnelle, mais non plus de cet assentiment » qui provient de la satisfaction de la raison (1). » Dans ce cas, la révolte des bras serait illégale, » et deviendrait fatale, mais celle du cœur est » infaillible; celle-ci n'est qu'une protestation en faveur des droits de la justice, et un appel » à la scule sauve-garde de l'humanité, la loi

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d'après la raison, et non pas seulement d'après » le nombre des votes. >>>

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Page 53. « Quelle est la destination de la lé gislation? régler et épurer l'homme, c'est-à» dire le rendre moral, en traçant devant son » esprit, les règles d'équité et de conduite qu'il » doit suivre.

» Et comment atteindre ce but, en lui pré» sentant, comme sa règle, des lois qu'il a vụ »> naître des combinaisons d'intérêts privés, de » manœuvres, d'intrigues, ou d'autres sources » aussi peu recommandables? — L'obéissance » il est vrai, est un acte de sûreté personnelle, » durable autant que la terreur et la contrainte,

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(1) Ordinairement le législateur se contente de l'obéissance extérieure; il n'a ni le droit, ni le pouvoir d'en exiger une autre. Le peuple chante, il paiera, disait Mazarin. Donc, pourvu qu'il paie, il peut chanter; done, pourvu qu'il obéissæ · à la loi, il peut en dire son sentiment.

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» mais finissant avec eux. Dans tout cela, qu'y » a-t-il pour la moralité du peuple, et sans » cette moralité à quoi servent les lois? >>

Je ne commente pas ici, Messieurs, mais je vous le demande, est-ce là de la faction ou de la raison? Est-ce là parler le langage d'un séditieux ou celui d'un archevêque? Et, pour rentrer dans le texte de l'accusation, est-ce là provoquer à la désobéissance aux lois?

Vous ne voulez pas seulement qu'on obéisse à vos lois, vous voulez de plus qu'on les aime; mais la justice elle-même a proclamé l'impossibilité d'exiger un pareil culte. L'amour ne peut se commander.

On a vu certains journaux traduits à la Cour d'assises pour quelques articles relatifs à l'inviolabilité des domaines nationaux. Quelle a été leur défense?. Elle a roulé sur cette proposition Vous pouvez bien exiger des anciens propriétaires qu'ils se soumettent à la loi qui consacre la vente de leurs biens; mais vous ne pouvez pas les forcer à la chérir : vous ne pouvez pas leur faire violence au point de leur fermer la plainte et d'étouffer leurs regrets, quand du reste ils obéissent extérieurement à ce que la loi exige d'eux. Cette défense a triomphé. Les prévenus ont été acquittés L'un d'eux

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(chose inouie jusque là!) a même été acquitté par contumace! C'était la Quotidienne!

Le chancelier d'Aguesseau dit en plus d'un endroit de ses OEuvres, dura lex, sed lex; c'est une loi dure, mais enfin c'est une loi. On peut renverser les termes et dire aussi, c'est une loi, sans doute, mais une loi bien dure, lex, sed dura lex. C'est une loi, sans doute, mais cette loi est aristocratique, ce n'est pas une loi d'égalité, ce n'est pas une loi comme la nation la voudrait, et comme son intérêt exigerait qu'elle fût.

Non, Messieurs, la pensée de M. l'archevêque n'est pas seulement exempte de blâme, elle est digne d'éloges; elle est grande, noble et profonde.

L'expérience prouve que les hommes changent plus aisément de domination que de lois. La plupart des conquérans ont échoué, quelques puissans qu'ils fussent, lorsqu'ils ont voulu forcer les vaincus à changer de législation (1).

Le plus petit peuple devient invincible quand

(1) Ainsi les Romains, qui s'entendaient non-seulement à vaincre, mais à conquérir, n'allaient pas imposer inconsidérément aux vaincus leurs lois civiles et de procédure. Contens de la souveraineté, ils négligeaient le reste. Apud Romanos, jus valet gladii, cætera transmittuntur.

il combat pour de tels intérêts. Mais, pour obtenir de lui cet héroïsme de résistance, il faut que les lois qu'il s'agit de défendre soient des lois qu'il affectionne, des lois identifiées avec ses besoins, ses mœurs, son bonheur, son existence sociale; autrement, proposez-lui de se battre pour des lois d'exception, ou pour toute autre manière d'être qui choque ses idées, ses intérêts, ses souvenirs ou sa gloire; dites lui: Allons enfans de la monarchie, un ennemi féroce a pénétré sur notre territoire, il vient nous arracher aux douceurs du secret, à l'impartialité de la censure, etc., etc. Un peuple se rirait d'un tel langage; à l'instant même vous lui verriez commettre le crime d'inertie. Et voilà pourquoi Napoléon a succombé; ce n'est point qu'on l'ait renversé, mais on n'a plus voulu le soutenir, on l'a laissé tomber de lui-même: Il nous avait ravi nos libertés, il avait tout renfermé dans le fourreau de ses épées.

L'intérêt est la mesure des actions (1). Les hommes libres se battent pour conserver leur liberté, les esclaves pour la conquérir. Faites donc qu'on aime vos lois. Leur force morale est tout. Quid leges sine moribus?

(1) Voyez l'âne de la fable.

Le passage que je discute est terminé par cette réflexion, qui s'applique à la loi proposée; « en » fut-il jamais une dont l'entrée dans le monde » fût marquée de signes plus funestes? »

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La réponse à cette question se trouverait dans l'acte même d'accusation, si au lieu de s'arrêter à la question, on eût jugé à propos de transcrire la réponse suivante :

Page xlvij. « Avant sa naissance, météore » déjà menaçant, un parti la montrait à la France » dans un lointain effrayant; enfant réprouvé » par ses parens avant que de naître, elle avait » été étouffée en 1819, des propres mains de » ceux qui la présentent aujourd'hui.» (M. Decazes lui-même, alors premier ministre, n'a-t-il pas dit, en parlant de la proposition de M. Barthélemy, que c'était la proposition la plus funeste qu'on eût pû faire?) « Conçue et enfantée dans » les douleurs des misères publiques, elle a reçu » le jour à côté de celui qui restera à jamais obs>> curci par un crime horrible... » (N'a-t-elle pas en effet été présentée le 14 février?...)

Il est inoui qu'on fasse le procès à un écrivain qui n'a dit que la vérité, quand cette vérité surtout repose sur des faits aussi éclatans.

Pour terminer sur ce premier chef, je ne ferai plus qu'une réflexion : elle est décisive.

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