Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

son frère, Monsieur, l'ordre qui avait déterminé la remise de cette somme; tandis qu'au contraire, comme on l'a vu plus haut, Louis XVI en avait témoigné un mécontentement dont M. de Bouillé crut devoir, dans l'intérêt de la défense de ce prince, instruire M. de Malesherbes. Il lui adressa en conséquence la déclaration suivante, faite entre les mains du lord-maire de Londres :

«

a

M. François-Claude-Amour de Bouillé, ci-devant général de l'armée sur la Meuse et la Moselle, actuel«lement en cette ville de Londres, fait serment et « dépose que, dans les premiers jours de mai de l'an« née 1790, commandant alors dans la province des Évêchés, ayant envoyé sa démission au ministre de « la guerre, afin de quitter le service et la France, et « s'étant refusé de prêter jusqu'alors le serment exigé par l'Assemblée nationale des généraux de l'armée, « le roi lui écrivit de sa main dans le sens suivant, pour l'engager à continuer ses services, à prêter son serment et reconnaître la nouvelle constitution française, que Sa Majesté dit, dans sadite lettre audit • sieur déposant, devoir contribuer au bonheur du peuple et donner audit sieur déposant les moyens de servir la patrie utilement; laquelle lettre est actuel«<lement avec ses papiers en Hollande, où il les a déposés pendant son voyage en cette dite ville; et le déposant déclare en outre qu'il a répondu à ladite « lettre du roi en l'assurant qu'il obéirait à ses ordres, qu'il prêterait le serment ainsi qu'il le désirait; mais qu'il lui faisait le plus grand sacrifice qu'un homme pût faire, celui de ses principes et de ses opinions.

«

[ocr errors]

a

a

«

[ocr errors]

Plus, ledit sieur déposant déclare et affirme qu'après l'arrestation du roi à Varennes, étant lui-même • sorti du royaume de France, et étant dépositaire « d'une somme de six cent soixante mille livres, partie de celle de neuf cent quatre-vingt treize mille • francs que le roi lui avait fait remettre à l'occasion ⚫ de son départ de Paris, le 20 juin 1791, ne pouvant

[ocr errors]

D

[ocr errors]
[ocr errors]

avoir aucune communication avec le roi, il crut << devoir remettre cet argent à Monsieur; mais que depuis, le roi ayant demandé compte audit sieur déposant des sommes qu'il lui avait confiées, et • notamment de l'emploi desdites six cent soixante mille livres, il lui fit témoigner son mécontentement de ce qu'il avait disposé de cette somme en faveur « des princes ses frères, son intention étant, au contraire, qu'elle lui fût remise, ce qui est constaté par • une lettre qu'il a chargé M. le duc de Choiseul de lui écrire, laquelle lettre est également en Hollande. Et ledit déposant déclare encore que ce n'est point le roi qui a fait donner à M. Hamilton, ci-devant • colonel du régiment de Nassau, une somme de cent mille livres, ce qui est constaté par quittance. Enfin ledit sieur déposant dit qu'il a dessein de retourner « sous peu de jours en Hollande, où sont lesdites pièces sur lesquelles sont appuyées ses déclarations, et

qu'il les présentera, si l'on le juge nécessaire.

[blocks in formation]

Juré à la maison de mairie, à Londres, le 27 dé⚫cembre 1792, devant moi,

« J. SAUDERSON, mayor. »

Afin d'expédier au plus tôt ces papiers, dans l'espoir qu'ils pourraient servir au roi, M. de Bouillé retourna à Nimègue. Il y trouva la réponse de M. de Malesherbes à l'envoi de sa déclaration.

Il m'est impossible de prévoir quel usage <«< on en fera, » lui mandait-il de Paris, à la date du 12 janvier 1793, « parce que dans le moment où je « vous écris la convention est occupée du jugement

qu'elle va rendre; mais bien des gens pensent que « cette affaire sera encore plaidée devant la nation, << soit par voie d'appel, soit que la convention demande « à la nation la ratification du jugement qu'elle aura << rendu.

« Dans ce cas-là, il est possible que les défenseurs << de Louis XVI aient besoin de vos pièces.

<< Dans cette position, je ne vous demande pas, <«< monsieur, de vous dessaisir des originaux qui sont <<< entre vos mains; je vous demande même avec in<< stance de les garder, parce que je ne connais point « de voie pour les envoyer qui soit assez sûre pour ne << pas craindre qu'ils soient interceptés.

<«< Mais je vous prie de nous en envoyer des copies «< collationnées, ou au moins des copies exactes que << vous vous donnerez la peine de vérifier vous-même, « et dont vous nous certifierez la vérité, afin que nous puissions citer ces pièces avec la certitude que, si << on en conteste la vérité, elle puisse être prouvée.

[ocr errors]

« Je vous demande de nous envoyer ces copies par duplicata, et de ne pas les adresser directement, car <«< il serait possible que des lettres à l'adresse d'un des «< conseils de Louis XVI fussent ouvertes dans la route.

« Je vous écris moi-même cette lettre-ci par dupli«< cata et sous des adresses différentes, pour être sûr « qu'elle vous parvienne.

« Je vous demande pardon, monsieur, de la peine « que je vous propose de prendre; mais le grand in« térêt que vous et moi prenons à cette cause est mon

« excuse.

« J'ai l'honneur d'être, etc.

. MALESHERBES. »

Hélas, les dernières espérances exprimées par M. de Malesherbes s'étaient promptement évanouies; la démarche de M. de Bouillé était devenue inutile. Louis XVI avait succombé sur la terre!.....

Il ne restait plus aux fidèles serviteurs de cet infortuné monarque qu'à donner des larmes à sa mémoire, et aux véritables amis de la patrie qu'à gémir du joug honteux et sanglant sous lequel elle fléchissait, qu'à déplorer les malheurs où la précipitait une aussi horrible catastrophe.

La douleur qu'en éprouva M. de Bouillé ne saurait se dépeindre; elle était sans remède, comme avaient été sans bornes son attachement et son dévouement pour l'auguste victime. Ainsi frappé au cœur, il sentit se réveiller, plus déchirant, le regret de n'avoir pas réussi dans ses efforts pour sauver Louis XVI. L'espoir de pouvoir encore contribuer à lui rendre sa liberté et son autorité avait animé et soutenu jusque-là M. de Bouillé : désormais une part active dans les événements ne lui présentait plus ni le même aiguillon ni les mêmes motifs confiance.

CHAPITRE V.

-

Changement produit, par la mort de Louis XVI, sur la situation des royalistes au dehors. M. de Bouillé est proposé pour le commandement de l'armée hollandaise. - Sur l'invitation du duc d'York, il se rend au quartier général anglo-banovrien. - Il est consulté par le gouvernement anglais au sujet des Antilles. Le commandement des armées de la Vendée lui Lettres des chefs vendéens et des princes fran

[ocr errors]

est offert.
çais à cette occasion.

- M. de Bouillé n'accepte pas. Il obtient des secours pour M. le prince de Condé et fait admettre son corps d'armée à la solde de l'Angleterre.

Il est choisi

par le gouvernement anglais pour aller exercer le commandement civil et militaire de Saint-Domingue.

posent à ce qu'ils remplisse cette destination.

des mémoires du marquis de Bouillé.

[ocr errors]

Causes qui s'op-
Publication

[ocr errors]

Sa mort.

1793-1800.

Dans le nouvel état de choses produit par la mort du roi, la politique des cabinets de l'Europe allait subir un mouvement considérable; la ligue contre la France allait probablement changer d'esprit et de caractère : elle paraissait devoir devenir générale sous la direction de l'Angleterre. Il était à craindre que, sans égard pour la souveraineté renversée non plus que pour les traités précédemment existants, ce concours des armes européennes n'eût en vue qu'un démembrement, sous

« ZurückWeiter »