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Le marquis de Bouillé a laissé de nombreux manuscrits, et l'on doit à son fils aîné qu'il eut pour intime coopérateur, en de graves conjonctures, une foule de souvenirs inédits. Manuscrits et souvenirs se trouveront reproduits ici avec ménagements, mais sans altération : c'était un devoir. Le représentant des anciens preux, le guerrier remarquable, l'homme aussi loyal qu'éclairé va donc reparaître, avec l'empreinte exacte de ses traditions, de ses principes, de ses opinions, de ses sentiments. C'est sous leur égide que sera publié ce livre, pieux et juste hommage rendu à une mémoire digne de respect, esquisse rapide mais fidèle d'un temps plus effacé qu'éloigné.

ESSAI SUR LA VIE

DU

MARQUIS DE BOUILLÉ

(FRANÇOIS-CLAUDE-AMOUR )

PREMIÈRE PARTIE.

LA GUERRE; LES VOYAGES.

CHAPITRE I.

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Éducation. Entrée au service.-Organisation militaire à cette époque. Guerre de sept ans. Affaire d'arrière-garde. Actions de Wildingen et de Langen-Salza. - Combat de Grüuberg. Prise de la ville d'Eimbeck. - Combat de Katlenbourg. M. de Bouillé obtient un régiment. - Préparatifs d'une expédition maritime à Brest. Fin de la guerre.

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1739-1763

Très ancienne dans le Maine et en Auvergne, considérable par son rang, ses alliances et sa fortune, la maison de Bouillé avait, dès le temps des croisades, fourni d'utiles serviteurs à la monarchie. De généreux efforts avaient attiré sur elle des charges importantes,

de hautes distinctions: plusieurs de ceux qui les obtinrent ont laissé des traces dans l'histoire. Jaloux de les suivre et de les raviver, l'homme éminent dont on exici le caractère et les actions ne devait pas hésiter dans le choix entre la facile jouissance d'avantages reçus en naissant et la recherche laborieuse d'une renommée qui s'acquiert au prix du mérite personnel.

pose

Né le 19 novembre 1739, au château du Cluzel-SaintÈble, au pied des montagnes qui séparent l'Auvergne du Velay, François-Claude - Amour de Bouillé resta bientôt fils unique d'une mère' morte presque en lui donnant le jour, et d'un père qu'il perdit, dès sa huitième année, immédiatement après avoir été conduit par lui à Paris, et placé au collège de Louis-leGrand ou des Jésuites. La tutelle de l'orphelin fut alors dévolue à son oncle, Nicolas de Bouillé, doyen des comtes de Lyon, premier aumônier du roi, conseiller d'État, fort aimé de Louis XV, et plus tard évêque d'Autun. L'établissement où le jeune Bouillé devait faire ses études avait pour principal, à cette époque, le célèbre père La Tour, essentiellement doué des talents de son état et pénétré de l'esprit de son ordre. Là se trouvaient réunis plus de six cents pensionnaires appartenant aux premières classes du royaume, quelques étrangers d'origine illustre, et un nombre considérable de fils des principaux bourgeois de Paris, admis

(1) Marie-Albertine-Josèphe-Amour de Clavières de Sainte-Agrève, d'une ancienne maison du Vivarais.

(2) Guillaume-Antoine de Bouillé du Chariol, marquis de Bouillé, baron d'Allerêt, seigneur de Saint-Geron, du Cluzel-Saint-Èble, de Vidières, etc.

comme externes. L'éducation, reposant sur les mêmes bases et réglée d'après le même cours d'enseignement que celle de l'université, en différait néanmoins dans son application, variée selon la destinée probable des élèves et selon leurs dispositions et leur aptitude naturelles. Les préfets, soit des chambres particulières, soit des salles communes, étudiaient attentivement sous ces rapports les enfants dont la surveillance leur était confiée, et les dirigeaient en conséquence; mais on cherchait à graver généralement dans les cœurs les principes de la religion, ceux de l'honneur, de l'obéissance à l'autorité publique, de l'attachement au roi et à la monarchie. Les Jésuites étaient dans l'usage de remettre au gouvernement des notes sur les jeunes gens les plus marquants qu'ils avaient élevés; et il arrivait rarement que leurs jugements, leurs pronostics, se trouvassent dans la suite démentis par les faits.

Tout révélait en Bouillé une humeur vive, impétueuse, indépendante, une âme noble et forte, un esprit actif et exalté, un enthousiasme réel pour les vertus héroïques et guerrières. Malgré la délicatesse de sa constitution, il prenait part à toutes les batailles de camarades, à toutes les petites révoltes d'écoliers dont presque toujours il se posait en chef. Les études classiques lui inspirèrent d'abord une répugnance presque invincible, tandis qu'il se livrait avec une sorte d'ardeur passionnée à la lecture des poëmes épiques, des romans de chevalerie, de la vie des grands hommes, surtout des grands capitaines. Dans l'histoire générale, il ne manquait jamais de remarquer et d'admirer les belles actions, les traits sublimes. Son judicieux et in

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