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Paris. De l'imprimerie de RIGNOUX et Ce, rue des Francs-Bourgeois-Saint-Michel, 8.

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Couronnement et Sacre de Napoléon.

NAPOLÉON EMPEREUR ET ROI.

En rétablissant en France l'ordre au lieu de l'anarchie, Napoléon, qui considérait le sentiment religieux comme la première garantie morale des sociétés, avait rendu à l'Église catholique son éclat et son indépendance. Pie VII, lorsqu'il consentit à venir le sacrer à Paris, cédait à l'impulsion d'une juste reconnaissance : ce vénérable pontife, animé d'une charité toute chrétienne, rempli d'une philosophie éclairée, était, d'après ce qu'en a dit l'Empereur lui-même, un bon, doux et brave homme. Déjà évêque d'Imola, il avait pris le général Bonaparte en affection.

L'Empereur alla au-devant de lui, jusque sur la route de Fontainebleau, et le logea dans son palais des Tuileries, où il lui avait fait préparer un magnifique appartement. Pendant les jours qui précédèrent le couronnement, le Pape reçut les hommages de toutes les autorités de la capitale, et des hommes les plus distingués du pays. Il se concilia réellement l'estime générale tout Paris rendait justice à ses vertus

chrétiennes. On accueillait avec faveur ses plus simples paroles, Chacun répétait avec empressement cette réponse noble et touchante qui suffit pour donner une haute idée du caractère personnel de ce digne pontife. Il traversait une salle du palais, distribuant ses bénédictions aux personnes que la piété ou la curiosité avait appelées sur son passage; la foule était à genoux; un jeune homme seul, resté debout, affectait en se détournant de mépriser la bénédiction du Pape; Pie VII s'avança, et, allongeant son bras vers lui, dit avec une douce bonté : « Recevez-la toujours, monsieur, la «bénédiction d'un vieillard ne fait jamais de mal. »

On peut croire qu'en venant à Paris, comme un nouvel Étienne III, sacrer un nouveau Pépin-le-Bref, le Pape avait aussi conservé quelque espérance d'obtenir de Napoléon divers dédommagemens en échange d'une complaisance aussi signalée; la cour de Rome n'abandonne jamais ses plus aneiennes prétentions, et les victoires des armées républicaines avaient fait plus d'une brèche au patrimoine de Saint-Pierre. L'Empereur nous a laissé lui-même sur ces espérances, qui furent déçues, un récit plein de malice et de gaîté que nos lecteurs reliront avec plaisir.

«Quelque temps avant mon couronnement, dit-il, le Pape voulut me voir, et tint à se rendre lui-même chez moi. Il avait fait bien des concessions. Il était venu à Paris me couronner; il consentait à ne pas me poser lui-même la couronne sur la tète; il me dispensait de communier en public avant la cérémonie : il avait donc, selon lui, bien des récompenses à attendre en retour; aussi avait-il rêvé d'abord la Romagne, les Légations, etc.; mais, après une ou deux tentatives mal accueillies, il commença à soupçonner qu'il faudrait renoncer à tout cela. Il se rabattit alors sur une bien petite grâce, seulement à voir signer un titre ancien, chiffon bien usé, que ses prédécesseurs tenaient de Louis XIV. «Faites«<moi ce plaisir, dit-il; au fond cela ne signifie rien. - Vo«<lontiers, très cher Père; et la chose sera faite si elle est fai<< sable,» lui répondis-je. Or, son chiffon mutilé c'était une déclaration dans laquelle Louis XIV, sur la fin de ses jours, vaincu par les instances de madame de Maintenon, ou gagné

par ses confesseurs, désapprouvait les articles de 1682, bases des fameuses libertés de l'Église gallicane. Je lus la pièce, et je dis malignement à Pie VII que je n'avais, quant à lui, aucune objection personnelle à faire, mais qu'il était bon, toutefois pour la règle, d'en parler aux évêques et au Conseil d'État; sur quoi le Pape se tuait de répéter que ce n'était nullement nécessaire, que cela ne méritait pas tant de bruit. « Je ne montrerai jamais cette signature, disait-il, «pas plus qu'on n'a montré celle de Louis XIV. Mais si cela «ne signifie rien, repris-je, à quoi bon me faire signer? Et «si cela peut signifier quelque chose, il faut bien décemment «que je consulte mes docteurs. » L'argument était sans réplique; le pauvre Pape honteux et confus.... n'insista pas. »>

Tout avait été disposé à Paris, avec grandeur et avec luxe, pour la double cérémonie du sacre et du couronnement: l'Empereur avait fait à la cathédrale, dépouillée par les rapines révolutionnaires, présent de tous les objets nécessaires au service divin, de vases sacrés en métaux précieux et enrichis de diamants, et d'ornemens sacerdotaux magnifiques. (Ces riches objets forment encore le trésor du chapitre de Notre-Dame.)

Indépendamment d'une multitude de curieux et d'étrangers attirés par la solennité qui se préparait, des députations de toutes les autorités administratives et judiciaires, de toutes les gardes nationales de l'Empire, de tous les corps militaires, les présidents des arrondissemens et des cantons de chaque département, les maires des principales villes étaient réunis dans la capitale.

La cérémonie du sacre eut lieu le 2 décembre, et les fêtes données à cette occasion dépassèrent tout ce que l'imagination avait pu se figurer.

Le Pape, l'Empereur et l'Impératrice, accompagnés d'un cortége imposant, se rendirent, à travers un concours immense de spectateurs, à l'église métropolitaine de NotreDame. Pie VII officia pontificalement, avec toute la pompe de l'Église romaine. Napoléon et Joséphine furent oints de l'huile sainte sur le front et sur les deux mains; en faisant cette triple onction, le Saint-Père récita l'oraison : « Dieu

<< tout-puissant et éternel...., répandez par vos mains le trésor «de vos grâces et de vos bénédictions sur votre serviteur «Napoléon, que, malgré notre indignité personnelle, nous <«< consacrons aujourd'hui empereur en votre nom. » En attendant que les autres prières du sacre fussent achevées, l'Empereur et l'Impératrice se reposèrent et restèrent assis sur leur trône. Ils se levèrent et s'avancèrent une seconde fois vers l'autel pour la cérémonie du couronnement. Dès que le Pape eut béni les deux couronnes, Napoléon, saisissant brusquement celle qui lui était destinée, se la plaça lui-même sur la tête, comme pour donner à entendre qu'il ne la tenait que de Dieu et de son épée. (Charlemagne, moins hardi, avait reçu la sienne des mains du Pape; mais Napoléon voulait éviter tout ce qui aurait pu ressembler à une sujétion spirituelle à la cour de Rome.) Il prit ensuite l'autre couronne et la posa sur le front de l'Impératrice, qui était restée à genoux au pied de l'autel.

Lorsque l'office divin fut terminé, l'Empereur, assis, la couronne sur la tête et la main sur le livre des Évangiles, prononça de nouveau devant les trois présidens du Sénat, du Corps-Législatif et du Tribunat, le serment qu'il avait déjà prêté en recevant l'acte constitutionnel de l'Empire ( voyez page 182).

Le chef des hérauts d'armes s'écria ensuite d'une voix forte et élevée : « Le très glorieux et très auguste empereur Napo«<léon, empereur des Français, est couronné et intronisé : «Vive l'Empereur!» Au même instant, d'unanimes cris de Vive l'Empereur! vive l'Impératrice! firent retentir les voûtes de la vaste basilique. Les deux époux sortirent de l'église au bruit des mêmes acclamations, et retournèrent aux Tuileries, suivis du cortége brillant qui les avait accompagnés à Notre-Dame. Pendant trois jours ce ne furent dans Paris que fêtes nationales et réjouissances particulières; l'expression de la joie publique se manifesta d'une manière unanime.

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