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"cité qui arrêtaient toutes mes conceptions. Proposais-je une idée nouvelle, aussitôt j'avais Gan"thaume sur les épaules et la section de marine. -Sire, cela ne se peut pas.-Et pourquoi?-Sire, "les vents ne le permettent pas, et puis les calmes, "les courans; et j'étais arrêté tout court. Com"ment continuer la discussion avec ceux dont on

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ne parle pas le langage. Combien de fois, au "Conseil d'État, leur ai-je reproché d'abuser de "cette circonstance. A les entendre, il eût fallu "naître dans la marine pour y connaître quelque "chose. Et je leur ai dit souvent qu'ils s'abusaient

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encore, que je n'eusse demandé que de faire la " traversée de l'Inde avec eux, et qu'au retour je "me serais fait fort d'être aussi familier avec leur "métier qu'avec mes champs de bataille. Ils "n'en croyaient rien, et revenaient toujours à ce qu'on ne pouvait être bon marin si on ne s'y prenait dès le berceau; et ils me firent faire quelque chose à cet égard qui m'a long-temps pesé, "ce fut l'enrôlement de plusieurs milliers d'enfans "de six à huit ans.

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"J'eus beau me débattre, il me fallut céder à "leur unanimité, en les prévenant toutefois que "j'en chargeais leur conscience. Qu'en ré"sulta-t-il ? que le public murmura, déclama beau"coup, et nous couvrit de ridicule; qualifiant l'opération de massacre des innocens. Voilà

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que, plus tard, de Winter, Verhuel, tous les "marins du Nord et d'autres encore sont venus

“me dire et ont soutenu que 18, 20 ans, l'âge de "la conscription, n'était pas trop tard pour com"mencer à être matelot; les Danois, les Suédois "y emploient leurs soldats; chez les Russes, la "flotte n'est qu'une portion de l'armée principale, "ce qui donne l'avantage inappréciable de l'avoir "en permanence, et à deux fins.

"J'avais imaginé moi-même, a-t-il ajouté, quel66 que chose de la sorte en créant mes équipages de "haut-bord; mais que d'obstacles ne rencontrai"je pas, que de préjugés j'eus à vaincre, quelle "force de volonté je dus employer pour parvenir à "donner un uniforme à ces pauvres matelots, à les "enrégimenter, a leur faire faire l'exercice; je

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gâtais tout, disait-on, et pourtant de quelle uti"lité n'ont ils pas eté! Quelle plus heureuse idée 66 que d'avoir deux services pour une seule paye! "Ils n'ont pas été moins bons matelots, et se sont "montrés les meilleurs des soldats. On les a "trouvés, au besoin, matelots, soldats, artilleurs, "pontonniers, tout. Si, dans la marine, au lieu "d'avoir des obstacles à combattre, j'avais rencon"tré quelqu'un qui eût abondé dans mon sens et "devancé mes idées, quel résultat n'eussions-nous 66 pas obtenu! mais, sous mon règne, il n'a jamais

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pu s'élever dans la marine quelqu'un qui s'écartât "de la routine, et sût créer. J'aimais particulière"ment les marins, j'estimais leur courage, j'esti"mais leur patriotisme; mais je n'ai jamais pu ❝trouver entre eux et moi d'intermédiaire qui sût "les faire agir et les faire mériter, etc. etc."

Organisation impériale; préfets, auditeurs au Conseil d'Etat ; motifs des gros appointemens; intentions futures, etc. etc.

7.-Napoléon, parlant de son organisation impériale, disait qu'il en avait fait le gouvernement le plus compact, de la circulation la plus rapide, et des efforts les plus nerveux qui eût jamais existés: "Et il ne fallait rien moins que tout cela, "remarquait-il, pour pouvoir triompher des

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immenses difficultés dont nous étions entourés, "et produire toutes les merveilles que nous avons accomplies; l'organisation des préfectures, leur "action, les résultats, étaient admirables et prodigieux. La même impulsion se trouvait don“née au même instant à plus de 40 millions d'hommes; et, à l'aide de ces centres d'activité locale, le mouvement était aussi rapide à toutes "les extrémités qu'au cœur même.

"Les étrangers qui nous visitaient, et qui sa"vaient voir et juger, en étaient émerveillés. Et "c'est à cette uniformité d'action, sur un aussi

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grand terrain, qu'ils attribuaient surtout ces pro

digieux efforts, ces immenses résultats, qu'ils "avouaient n'avoir pas pu comprendre jusque-là.

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"Les préfets, avec toute l'autorité et les res"sources locales dont ils se trouvaient investis, ajoutait l'Empereur, étaient eux-mêmes des Empereurs au petit pied; et comme ils n'avaient de "force que par l'impulsion première, dont ils n'é"taient que les organes, que toute leur influence ne TOME IV. Septième Partie.

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"dérivait que de leur emploi du moment, qu'ils n'en "avaient point de personnelle, qu'ils ne tenaient ❝ nullement au sol qu'ils régissaient, ils avaient tous "les avantages des anciens grands agens absolus,sans "aucun de leurs inconvéniens. Il avait bien fallu "leur créer toute cette puissance, disait l'Empeσε reur, je me trouvais dictateur, la force des cir"constances le voulait ainsi, il fallait donc que tous les filamens, issus de moi, se trouvas"sent en harmonie avec la cause première, sous peine de manquer le résultat. Le réseau gou"vernant dont je couvris le sol requérait une fu"rieuse tension, une prodigieuse force d'élasticité, "si l'on voulait pouvoir faire rebondir au loin les "terribles coups dont on nous ajustait sans cesse, "Aussi la plupart de ces ressorts n'étaient-ils, dans "ma pensée, que des institutions de dictature, des "armes de guerre. Quand le temps fut venu 66 pour moi de relâcher les rênes, tous mes filamens "aussi se seraient sympathiquement détendus, et "nous aurions alors procédé à notre établisse"ment de paix, à nos institutions locales. Si nous "n'en avions encore aucune, c'est que la crise ne "les admettait pas. Nous eussions infailliblement "succombé tout d'abord, si nous en eussions été "pourvus dès le principe. Et puis il faut le dire, "nous n'étions pas mûrs pour en faire un bon usage. Il ne faut pas croire que la nation fût déjà prête pour manier dignement sa liberté. "La masse avait encore, dans l'education et le ca

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"ractère, trop des préjugés du temps passé. Cela "serait venu, nous nous formions chaque jour; "mais nous avions encore beaucoup à gagner. Lors "de l'explosion de la révolution, les patriotes en général se trouvèrent tels par nature, par instinct; "ce sentiment se trouva dans leur sang, ce fut chez

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eux une passion, une frénésie; et de-la l'effervescence, les excès, l'exagération de l'époque. "Mais ce n'est pas à coups de massue, et par sou"bresauts, qu'on peut naturaliser le système mo"derne, enjouir; il faut l'implanter dans l'éducation, "et que ses racines s'embranchent avec la raison, "la conviction même, ce qui doit infailliblement "avoir lieu avec le temps, parce qu'il repose

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sur des vérités naturelles. Mais ceux qui com"posaient les générations de nos jours, ajoutait-il, "demeuraient si naturellement dominateurs, si "avides du pouvoir, l'exerçaient avec tant d'importance, pour ne pas dire plus, et pourtant en même-temps étaient si prêts, d'un autre côté, à "courir au-devant de la servitude!-Nous étions toujours entre ces deux vices. Dans tous mes "voyages, disait-il, j'étais constamment obligé de "dire à mes premiers officiers, placés à mes côtés : "Mais laissez donc parler M. le préfet. Allais-je "à quelque subdivision du département, c'était ❝ alors au préfet que j'étais obligé de dire: mais "laissez donc répondre M. le sous-préfet, ou M. le "maire, tant chacun s'empressait d'éclipser le voi"sin, et comprenait peu le bien qui pouvait dériver

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