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laisser derrière lui un grand nombre de malades et de blessés.

Le général Langeron s'étoit dirigé sur Bingen, qu'il trouva occupé; il s'en empara le 3 janvier, et marcha aussitôt vers Mayence. Dès lors la communication entre cette place et l'empire français fut interrompue. Réduit à un corps de troupes incapable d'opposer aucune résistance efficace, le duc de Raguso réunit ses colonnes et prit position aux pieds des Vosges vers la Sarre, après avoir perdu, dans sa retraite précipitée, plusieurs canons et quinze cents hommes. Le 4 janvier l'armée de Silésie étoit déjà en possession de tout le situé entre Manheim et la Moselle. Na pays poléon et ses généraux s'étoient si peu attendus à ce brusque passage du Rhin par l'armée prussienne, que les autorités de la rive gauche n'eurent pas le temps d'exécuter la levée en masse, soit dans les campagnes, soit dans les villes; partout où l'on fit l'essai de cette mesure de désespoir, les peuples s'y refusèrent, ne voulant pas sans doute combler la mesure des maux qu'entraîne une résistance qu'ils jugeoient inutile. Les routes étoient couvertes de déserteurs et de conscrits réfractaires auxquels les

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généraux alliés assuroient une retraite dans les pays envahis (1).

Ainsi, Napoléon n'ayant pu rassembler des forces suffisantes pour défendre le Rhin et les Vosges, les alliés effectuèrent leur irruption sans obstacle, sur plusieurs colonnes, et en échelons; toutefois ils y apportèrent plus de précaution, plus de lenteur vers la FrancheComté et vers l'Alsace, dans la crainte de surprise ou de levée en masse.

Le jour même de son entrée sur le sol français le feld-maréchal Blucher fit répandre la proclamation suivante, adressée aux habitans de la rive gauche du Rhin :

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J'ai fait passer le Rhin à l'armée de Silésie » pour rétablir la liberté et l'indépendance » des nations, pour conquérir la paix. L'em-» pereur Napoléon a réuni à l'empire français » la Hollande, une partie de l'Allemagne et de » l'Italie; il a déclaré qu'il ne céderoit aucun village de ses conquêtes, quand même l'ennemi occuperoit les hauteurs qui dominent Paris. » C'est contre cette déclaration et ces prin>>cipes que marchent les armées de toutes les puissances européennes.

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(1) Voyez Pièces justificatives, No. XII.

» Voulez-vous défendre ces principes, met>> tez-vous dans les rangs des armées de l'empereur Napoléon, et essayez encore de com» battre contre la juste cause que la Providence protége si évidemment.

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>>

>> Si vous ne voulez pas, vous trouverez protection en nous. Je vous assurerai vos propriétés. Tout habitant des villes ou des >> campagnes doit rester tranquille chez lui. » tout employé à son poste, et continuer ses >> fonctions.

» Du moment de l'entrée des troupes alliées, >> toute communication avec l'empire français » devra cesser; tous ceux qui ne se conforme>> ront pas à cet ordre, seront coupables de >> trahison envers les puissances alliées; ils >> seront traduits devant un conseil de guerre, » et punis de mort (1).

Mais aucune opposition, aucune résistance n'apportoit d'obstacle aux progrès de l'armée de Silésie et du corps russe de Wittgenstein.

Malgré le mauvais état des routes et la dureté de la saison, le feld-maréchal Blucher étoit déjà maître de Kreutznack le 4 janvier;

(1) Voyez Pièces justificatives, No. XUL

il y établissoit son quartier-général, tandis que les avant-postes du général York se portoient sur la Lauter, et que le général Langeron formoit le blocus de Mayence.

Entre Bâle et Béfort les colonnes austrobavaroises n'avoient pénétré qu'après s'être assurées de leur communication avec le Rhin. Le quartier-général du maréchal Schwartzenberg étoit à Altkirch. Ce prince ordonna au général Bianchi d'investir Béfort, et de relever, devant cette place, le général de Wrede, qui se dirigea aussitôt sur Colmar. Le général Bianchi poussa ses détachemens jusqu'aux portes de Vesoul. Le comte de Wrede fit son entrée à Colmar le 4 janvier. A l'approche du corps bavarois sous ses ordres, le préfet du Haut-Rhin avoit abandonné son poste. Le général confia aussitôt l'administration du département à une commission composée de l'ordonnateur Kneps et du baron de Stengel; il pourvut, par deux proclamations, à ce que le cours de l'administration et de la justice ne fût point interrompu (1).

Le corps wurtembergeois ayant passé le

(1) Voyez Pièces justificatives, N°. XIV.

Rhin à Maerks, au-dessous d'Huningue, le prince royal de Wurtemberg dirigea aussitôt sa marche pour opérer sa jonction avec le général comte de Wrede, et agir de concert.

Huningue, Béfort, Schelestadt et la citadelle. de Colmar n'étoient que bloqués. Neuf-Brisach et le fort Mortier venoient d'être cernés par un détachement wurtembergeois : la garnison française tenta vainement une sortie; elle fut repoussée par le major Reinhart. La garnison de Béfort fut aussi repoussée le 5 janvier. La marche des colonnes vers les Vosges n'étoit point interrompue par ces différens blocus, les places pouvant être tournées avec une extrême facilité par des troupes aussi nombreuses qu'aguerries.

Le 4 janvier le lieutenant-colonel Latour fit son entrée à Vesoul, chef-lieu du département de la Haute-Saône. Le préfet, les autorités et les employés venoient d'en sortir à lá hâte, abandonnant des magasins de fourrages et une centaine de soldats malades. Leur fuite se fit aux acclamations des habitans des cam pagnes voisines, et ils purent juger par là des dispositions et de l'attitude des peuples de la Franche-Comté, qui regardoient généralement l'invasion comme une délivrance. Le comte

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