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Toulouse, le 19 avril 1814

Milord,

Dans la soirée du 12, le colonel Cooke arriva de Paris, pour m'informer des événemens qui étoient arrivés dans cette ville jusqu'au 7 au soir. Il étoit accompagné du colonel Saint-Simon, qui étoit chargé par le gouvernement provisoire de France d'instruire le maréchal Soult et le maréchal Suchet des mêmes événemens.

Le maréchal Soult ne regarda pas d'abord ces informations comme assez authentiques, pour l'induire à envoyer sa soumission au gouvernement provisoire; mais il proposa que je consentisse à une suspension d'hostilités pour lui donner le temps de vérifier ce qui étoit arrivé; mais je ne jugeai pas à propos d'acquiescer à cette demande. Je joins ici la correspondance qui eut lieu à cette occasion.

Dans les entrefaites je conclus ( le 15 ) une convention pour une suspension d'hostilités avec l'officier-général commandant à Montauban, dont j'envoie ci-joint la copie; et les troupes étant prêtes à marcher en avant, elles se mirent en marche le 15 et le 17 du courant vers Castelnaudary.

J'envoyai en avant, le 16, un autre officier, qui avoit été envoyé de Paris au maréchal Soult; et le lendemain je reçus de lui la lettre dont je joins ici une copie; elle fut apportée par le général de division comte Gazan, qui m'informa, comme le prouve la lettre du maréchal, qu'il avoit reconnu le gouvernement provisoire de France.

En conséquence j'autorisai le major-général sir G. Murray et le maréchal-de-camp don Louis Wimpfen à con

clure avec le général Gazan une convention pour la suspension des hostilités entre les armées alliées que je commande et les armées françaises sous les ordres des maréchaux Soult et Suchet, dont je joins ici une copie.

Cette convention a été confirmée par le maréchal Soult; mais je n'ai pas encore reçu les ratifications formelles, parce qu'il attend celle du maréchal Suchet.

Ce dernier général, craignant qu'il n'y eût du délai dans les arrangemens de la convention avec le maréchal Soult, a envoyé ici le colonel Richard, de l'état-major de son armée, pour traiter d'une convention pour la suspension des hostilités avec l'armée qui est sous son cominandement immédiat; et j'ai ordonné au major-général sir G. Murray et au maréchal-de-camp don Louis Wimpfen, de consentir aux mêmes articles avec cet officier, dont j'étois convenu auparavant avec le comte Gazan, en ce qui concerne l'armée du maréchal Suchet.

Il n'est survenu aucun événement militaire dans cette partie depuis que j'ai fait mon dernier rapport.

Je suis très-faché d'avoir à mettre sous les yeux de votre seigneurie les rapports ci-joints du major-général Colville et du major-général Howard, sur une sortie de la citadelle de Bayonne faite dans la matinée du 14, dans laquelle le lieutenant-général sir J. Hope ayant été malheureusement blessé, et son cheval tué sous lui, a été fait prisonnier.

J'ai tout lieu de croire que ses blessures ne sont pas graves; mais je ne puis regretter que la satisfaction causée à toute l'armée, par la perspective de voir ses travaux terminés honorablement, ait été ombragée par le malheur et les souffrances d'un officier si généralement et si grandement estimé et respecté.

Je déplore vivement la perte du major-général Hay, dont j'ai eu de fréquentes occasions de faire remarquer à votre seigneurie les services et le mérite.

J'apprends par une lettre du lieutenant-général W. Clinton, du sixième, qu'il étoit sur le point de mettre à exécution mes ordres du 4 et du 8 mars, de se retirer de la Catalogne en conséquence de la diminution des forces du maréchal Suchet dans cette province.

Au moment où cette armée va se dissoudre, je remplis un devoir très-agréable en exprimant à votre seigneurie ma haute opinion de la conduite et du mérite du lieutenantgénéral W. Clinton, et des troupes qu'il commande depuis qu'elles ont été employées dans la péninsule. Les circonstances n'ont pas mis ces troupes à portée d'avoir une aussi brillante opération de la guerre que leurs camarades, les officiers et soldats employés de ce côté-ci de la péninsule. Mais elles n'en ont pas été moins utiles: leur conduite lorsqu'elles ont été engagées a toujours été excellente; et j'ai eu tout lieu d'être satisfait d'elles et de l'officier général qui les commandoit.

J'envoie cette dépêche par lord George Lenox, mon aide-de-camp, que je demande la permission de recommander à la protection de votre seigneurie.

J'ai l'honneur, etc.

WELLINGTON.

LIVRE XX.

N. LXI.

Fontainebleau, 4 avril 1814.

Ordre du jour.

L'empereur remercie l'armée pour l'attachement qu'elle lui témoigne, et principalement parce qu'elle reconnoît que la France est en lui, et non dans le peuple de la capitale.

Le soldat suit la fortune et l'infortune de son général, son honneur et sa religion. Le duc de Raguse n'a pas inspiré ces sentimens à ses compagnons d'armes : il est passé aux alliés. L'empereur ne peut approuver la condition sous laquelle il a fait cette démarche ; il ne peut accepter la vie ni la liberté de la merci d'un sujet.

Le sénat s'est permis de disposer du gouvernement français; il a oublié qu'il doit à l'empereur le pouvoir dont il abuse maintenant; que c'est lui qui a sauvé une partie de ses membres de l'orage de la révolution, tiré de l'obscurité et protégé l'autre contre la haine de la nation.

Le sénat se fonde sur les articles de la constitution, pour la renverser; il ne rougit pas de faire des reproches à l'empereur, sans remarquer que, comme le premier

corps de l'Etat, il a pris part à tous les événemens ; il est allé si loin, qu'il a osé accuser l'empereur d'avoir changé des actes dans la publication (d'être faussaire ). Le monde entier sait qu'il n'avoit pas besoin de tels artifices: un signe de sa part étoit un ordre pour le sénat, QUI TOUJOURS FAISOIT PLUS QU'ON NE LUI DEMANDOIT.

L'empereur a toujours été accessible aux sages remontrances de ses ministres, et il attendoit d'eux, dans cette circonstance, une justification indéfinie des mesures qu'il avoit prises. Si l'enthousiasme s'est glissé dans les adresses et discours publics, alors l'empereur s'est trompé ; mais ceux qui ont tenu ce langage doivent s'attribuer à euxmêmes les funestes suites de leurs flatteries. Le sénat ne rougit pas de parler des libelles publiés contre les gouvernemens étrangers; il oublie qu'ils furent rédigés dans son sein. Aussi long-temps que la fortune s'est montrée fidèle à leur souverain, ces hommes sont restés fidèles, et nulle plainte n'a été entendue sur les abus du pouvoir. Si l'emnpereur avoit méprisé les hommes, comme on le lui a reproché, alors le monde reconnoîtroit aujourd'hui qu'il avoit raison.

Il tenoit sa dignité de Dieu et de la nation: eux seuls pouvoient l'en priver: il l'a toujours considérée comme un fardeau ; et lorsqu'il l'accepta, ce fut dans la conviction que lui seul étoit en état de le porter dignement. S'il est un obstacle à la paix, il en fera volontiers le sacrifice; et il a, en conséquence, envoyé le prince de la Moskwa et les ducs de Vicence et de Tarente, pour entamer des négociations. L'armée peut être certaine que son honneur ne sera jamais en contradiction avec le bonheur de la France.

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