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la droite des Français, se dirige vers Charmes pour leur couper la retraite. Quelques centaines de Vosgiens, qu'on avoit armés à la hâte, s'étant dispersées, il n'y eut plus à Epinal aucun espoir d'opposer de résistance locale au débordement des cosaques, dont le nom seul répandoit la terreur. Epinal fut abandonné. Le prince royal de Wurtemberg se mit à la poursuite des colonnes françaises, précédé par l'avant-garde des cosaques. Le général Grekow, qui la commandoit, arriva sur le flanc des Français pendant qu'ils se replioient sur Thaon, chargea leur cavalerie, la dispersa, et fit quelques prisonniers; mais l'artillerie légère, arrêtée par le mauvais état des chemins à travers les forêts des Vosges, n'arriva que vers la fin du jour, et ce retard nuisit au succès de la poursuite.

Cependant le prince Scherbatoff, qui s'étoit porté d'Epinal à Charmes, rencontra quatre colonnes d'infanterie et cinq escadrons, protégés par de l'artillerie volante; il se replia à son tour, la cavalerie française chargeant avec intrépidité. Mais les forces de l'hettman et du prince Royal arrivèrent. Le général Kaisarow, abordant les derniers carrés de l'infanterie française, mit ses pièces en po

sition, et foudroya les carrés à mitraille. Les routes furent jonchées de morts, couvertes de blessés, de bagages, d'armes jetées çà et là. Le maréchal duc de Bellune continua son mouvement rétrograde sur Lunéville. Ainsi, les Vosges étoient forcées dans toutes les directions; et tout le pays, sur la droite du prince Schwartzenberg, se trouvoit libre (1).

Le progrès des alliés fut tout aussi rapide sur leur gauche. Le général comte Bubna quitta Genève, et y laissa en seconde ligne un détachement commandé par le général Zachmeister; il se mit en marche avec sa division, et pénétra dans le département du Jura, défendu seulement par les châteaux de Joux et de Salins. Après avoir franchi les défilés du Jura, il fit son entrée à Poligny le 5 janvier. La cavalerie hongroise couvrit aussitôt le pays. L'avant-garde s'approchoit d'Arbois, et un détachement se dirigeoit sur Lons-le-Saulnier, chef-lieu du département. Déjà le fort Salins étoit cerné par le général Scheiter.

Sur un autre point, le capitaine Beseredy, des hussards de l'empereur d'Autriche, força

(1) Voyez Pièces justificatives, N°: XV.

le pont du Doubs, près de Dole, et contraignit, après un combat de deux heures, le général Lambert à évacuer cette ville.

En même temps la division autrichienne du prince de Lichtenstein se dirigeoit sur Besançon, et alloit être aux prises avec le général Merulaz; elle jetoit des partis dans toutes les directions du département du Doubs. Dès le 9 janvier la réserve autrichienne, commandée par le prince héréditaire de HesseHombourg, venant de Dole, completta l'investissement de la forteresse de Besançon, défendue par huit mille hommes.

Sorti de Genève avec l'arrière-garde du corps de Bubna, le général Zachmeister attaquoit le fort l'Ecluse sur la route de Lyon, et s'en emparoit. Cette reddition précipitée fut regardée comme un événement heureux pour Genève, alors le point d'appui de l'aile gauche des alliés. Maîtres du fort l'Ecluse, les Autrichiens alloient pousser désormais leurs détachemens sur la route de Lyon. Ils s'emparoient aussi de la rive droite de la Saône, et envoyoient de la cavalerie vers Châlons et Mâcon, tandis qu'ils pénétroient de toutes parts dans le département de l'Ain. Déjà les hussards de Lichtenstein escarmouchoient sur

la route de Lyon à Nantua; ils forcèrent un poste de gendarmes à cheval de se replier sur un détachement d'infanterie. Nantua fut occupé. Bourg-en-Bresse opposa de la résistance excités par les agens de Napoléon, les habitans prirent imprudemment les armes ; ils livrèrent un combat de tirailleurs dans le faubourg, tenant en échec quinze cents Autrichiens; ils ne respectèrent pas même leur parlementaire, qui fut tué d'un coup de fusil. La ville succomba. Usant du droit de la guerre, les généraux ennemis permirent le pillage pendant quelques heures, mais sanspousser au-delà leur vengeance.

Le 14 janvier le général comte Bubna adressa aux habitans du département de l'Ain une proclamation, dans laquelle il leur reprochoit d'avoir pris les armes au mépris des lois de la guerre, qui, par cette infraction, mettoient à sa discrétion leur vie et leurs fortunes; mais, dédaignant la vengeance, il offroit un pardon général, et invitoit ceux des habitans qui avoient fui à rentrer dans leurs foyers.

Le généralissime prince Schwartzenberg, prévoyant les effets d'une résistance contraire aux usages de l'Europe, avoit déclaré, dans

un ordre du jour du 8 janvier (1), que ménagement et protection seroient accordés aux Français paisibles; mais que tout habitant des villes et des campagnes, pris les armes à la main, et ne faisant point partie de l'armée, seroit puni de mort. Il prévenoit en outre qu'on livreroit aux flammes les villes dont les habitans opposeroient de la résistance.

Malheureusement c'étoient les Français, ou plutôt leur empereur, qui avoit mis en usage ce code terrible contre les nations subjuguées par ses armes; et c'étoit contre les Français eux-mêmes que pouvoit s'exercer alors le droit sévère de représailles: mais tous les ménagemens qui purent l'adoucir furent employés par le généralissime prince Schwartzenberg; il s'efforça de maintenir la discipline dans son armée, en faisant réprimer avec rigueur tous les actes de violence et de rapine.

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Cependant les trois monarques chefs de la ligue européenne, l'empereur de Russie, l'empereur d'Autriche et le roi de Prusse, animés du noble désir de pacifier l'Europe," se dirigeoient sur Basle pour s'y réunir et

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