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PREMIÈRE PÉRIODE

OU

HISTOIRE DES TRAITÉS

DE WESTPHALIE, DES PYRÉNÉES, DE BREDA,
DE LISBONNE ET DE LA HAYE,

1648-1669.

CHAPITRE PREMIER.

Troubles de religion en Allemagne et traités de paix de Westphalie.

SECTION PREMIÈRE.

Troubles de religion en Allemagne, antérieurs à la guerre de trente ans.

DEPUIS le commencement de la guerre de religion en Allemagne jusqu'à la paix de Westphalie, il se fit à peine quelque chose de grand ou de remarquable dans la politique européenne, sans que la réformation n'y eût une part principale. Toutes les révolutions de cette période se rattachent à la révolution religieuse, si elles n'en tirèrent pas leur origine, et tous les états ont plus ou moins éprouvé son influence directe ou indirecte.

Introduction.

L'usage que la maison d'Espagne fit des trésors du Nouveau-Monde fut presque entièrement dirigé contre les nouvelles opinions ou contre ceux qui les professoient. La réformation alluma la guerre civile, qui, sous le règne de quatre monarques, troubla la France, y appela des troupes étrangères, et en fit, pendant cinquante ans, un théâtre de crimes et de désolation. Ce fut la réformation qui fit trouver insupportable aux Hollandois le joug de l'Espagne, qui éveilla dans ce peuple le désir et lui inspira le courage de secouer cette domination; ce fut elle qui lui en donna les forces. Si Philippe II mit tant d'acharnement à faire du mal à l'Angleterre, ce fut pour se venger de ce qu'Elisabeth avoit protégé la révolte de ses sujets protestans, et s'étoit mise à la tête d'un parti qu'il vouloit écraser. Mais ce fut surtout en Allemagne que la réformation eut des suites importantes. La scission dans l'église y produisit dans la politique une scission permanente, qui livra ce pays, pendant plus d'un siècle, à la confusion, mais opposa en même temps une digue à l'oppression politique. Les puissances du nord étoient en quelque sorte étrangères à l'Europe: la réformation les fit comprendre dans le système politique général; leur accession à l'alliance protestante donna des forces à cette confédération, et cette confédération devint à son tour nécessaire à la Suède et au Danemark. Des états, qui auparavant se connoissoient à peine,

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trouvèrent, par la réformation, un centre commun d'activité et de politique qui forma entre eux des réunions intimes. La réformation changea les rapports des citoyens entre eux, et ceux des sujets envers leurs princes; elle changea les rapports politiques entre les états. Ainsi, un destin bizarre voulut que la discorde, qui déchira l'église, produisît un lien qui unît plus fortement les états entre eux 1.

Néanmoins, le premier effet de cette liaison politique fut une guerre de trente ans, laquelle dépeupla les pays qui s'étendent depuis l'intérieur de la Bohème jusqu'à l'embouchure de l'Escaut, depuis les rives du Pô jusqu'aux côtes de la mer Baltique. Toutes ces contrées, jadis florissantes, se couvrirent de ruines et de décombres; le germe de la civilisation, qui commençoit à s'y développer, fut arraché, et les mœurs furent replongées dans la barbarie. Cependant l'Europe sortit, libre et indépendante, de cette lutte sanglante; et le système fédératif, qui s'étoit formé pendant sa durée, fut aussi la cause qui amena la paix par laquelle elle se termina.

La religion opéra cette grande révolution; mais elle fut plutôt le prétexte que la cause des entreprises qui s'exécutèrent. Si l'intérêt privé des princes ou des états ne s'y fût promptement joint, jamais la voix des peuples, qui demandoit la réforme, n'auroit trouvé si facilement

1

Voyez SCHILLER, Histoire de la guerre de trente ans.

accès auprès des souverains. Sans doute la réformation doit son origine à l'enthousiasme de ceux qui, se croyant appelés à corriger les mœurs du clergé, finirent par renverser l'édifice sur lequel se fondoit la puissance sacerdotale; mais les nouveaux principes trouvèrent des protecteurs dans les princes qui y voyoient un moyen de se délivrer à la fois de l'influence d'un clergé riche et puissant, et d'enrichir l'état de ses dépouilles. Ce n'est pas qu'en général les princes d'Empire qui embrassèrent le protestantisme se soient emparés, pour leur propre avantage, des biens ecclésiastiques; ce reproche, qui leur a été fait trop généralement par l'ignorance et la prévention, peut tomber sur quelques-uns d'entre eux; mais l'existence des universités et des autres établissemens d'instruction publique et de bienfaisance, qui ont été dotés par les biens sécularisés, le réfute assez positivement à l'égard de la plupart des princes protestans.

La réformation occasionna, en Allemagne, deux guerres civiles : l'une, sous Charles-Quint, fut terminée par la transaction de Passau et la Paix de religion; l'autre, sous Ferdinand II, finit par la paix de Westphalie.

Ce dernier traité est une suite et un complément des premiers, et sert souvent à les interpréter; il est donc nécessaire, pour l'intelligence de la paix de Westphalie, de remonter à la transaction de Passau et à la Paix de religion, ainsi qu'aux guerres qui les ont amenées, et

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