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seté de la plupart d'elles était manifeste à tous les yeux à Saint-Hélène, et causa de l'embarras à Sir Hudson Lowe lui-même, etc, etc. etc.; et persisterai dans mon adoption, à moins que des preuves suffisantes ne viennent me faire varier.

L'épée du Grand Frédéric.—On espère que le Lion s'endormira.-Nouvelles tracasseries du Gouverneur ; il m'enlève mon domestique, etc.-Notre sort enviable dans nos misères.-Bonheur de l'avoir approché.

13.-Le matin, chez l'Empereur et dans un moment de non occupation, je considérais la grosse montre du Grand-Frédéric, accrochée près de la cheminée, ce qui a conduit l'Empereur à dire : "J'ai eu dans mes mains d'illustres et précieux monu

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mens; j'ai possédé l'épée du Grand-Frédéric ; "les Espagnols m'ont rapporté, aux Tuileries, "l'épée de François Ier; l'hommage était grand, "il a dû leur coûter; et les Turcs, les Persans, "n'ont-ils pas prétendu me faire présent d'armes "qui auraient appartenues à Gengiskan, à Ta"merlan, à Scha-Nadir, ou autres, je ne sais; car "je crois bien que ce n'est que dans leur dé"marche et leur intention qu'il faut prendre la " vérité."

Et comme à la suite de tout cela je terminais par mon grand étonnement qu'il n'eût pas fait des efforts pour conserver l'épée du Grand-Frédéric. "Mais j'avais la mienne," a-t-il repris avec une douceur de voix et un souris tout particuliers, et

me serrant légèrement l'oreille. Et au fait il avait raison, je lui disais là une grosse bêtise.

Plus tard, il revenait sur ce qu'il avait voulu et ce qu'il eût dû, disait-il, en se remariant, épouser une Française. "C'était éminemment national,"

disait-il, la France était assez grande, son mo

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narque assez puissant, pour pouvoir négliger "toute considération étrangère. D'ailleurs, l'alli"ance du sang entre souverains ne tient pas contre "les intérêts de la politique, et, sous ce rapport "même, ne prépare que trop souvent des scan"dales en morale aux yeux des peuples. Puis "c'est admettre une étrangère aux secrets de "l'État: elle peut en abuser; et si l'on compte. "soi-même sur les siens au-dehors, on peut se "trouver n'avoir posé le pied que sur un abîme "recouvert de fleurs. En tout, c'est une chimère que de croire que ces alliances garantissent ou "assurent jamais rien."

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Quoiqu'il en soit, la mesure d'un nouveau mariage transporta d'aise les citoyens sages qui cherchaient un avenir. Napoléon, peu de jours après cette détermination, dit à un de ses ministres (le Duc de Decrès), dans un moment de gaîté: "On "est donc bien joyeux de mon mariage. Oui, Sire, beaucoup.-J'entends, c'est qu'on suppose

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que le lion s'endormira. Mais Sire, pour dire "le vrai, nous y comptons un peu.-Eh bien ! "dit Napoléon, après quelques instans de silence :"l'on se trompe, et ce n'est pas aux vices du lion

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"qu'il faudra s'en prendre. Le sommeil lui serait "aussi doux peut-être qu'à tout autre. Mais ne voyez-vous pas qu'avec l'air d'attaquer sans cesse, je ne suis pourtant jamais occupé qu'à mè défendre." Cette assertion a pu laisser des doutes tant qu'a duré la lutte terrible; mais la joie et les indiscrétions de la victoire sont venues depuis consacrer la vérité. On a vu les uns se vanter qu'ils auraient continué la guerre jusqu'à ce qu'ils eussent abattu leur ennemi; qu'ils n'avaient jamais eu d'autre pensée. D'autres n'ont pas craint de publier que c'était sous le masque des alliances et de l'amitié même qu'ils avaient ourdi le complot de sa chute!!!...

Aujourd'hui et les deux jours suivans ont été pour moi remplis par une tracasserie qui m'était personnelle, et qui a trop influé sur mes destinées pour que je ne la mentionne pas ici. Depuis mon séjour à Longwood, j'avais pour domestique un jeune habitant de l'île, mulâtre libre, dont j'avais lieu d'être fort content; tout à coup il prit fantaisie à Sir Hudson Lowe de m'en priver.

Poussé par son occupation ingénieuse à nous tourmenter, ou comme beaucoup d'autres se sont obstinés à le penser, par suite d'un plan perfidement combiné, il me dépêcha l'officier de garde Anglais, pour m'annoncer qu'ayant conçu quelques inquiétudes sur ce que mon domestique était

*Observateur Autrichien, 1817 ou 1818.

natif de l'île, il allait me le retirer, et le remplacerait par un autre de son choix. Ma réponse fut simple et positive: "Le Gouverneur, disais-je, "pouvait m'enlever mon domestique si cela lui "plaisait; mais il devait s'épargner le peine de le "remplacer par un autre de son choix. J'appre"nais chaque jour, à me détacher des jouissances "de la vie. Je saurais, au besoin, me servir de "mes propres mains: cette privation de plus se"rait peu de chose au milieu des souffrances dont "il nous entourait."

Alors commencèrent à ce sujet une foule de messages et de notes. Sir Hudson Lowe écrivait jusqu'à 3 ou 4 fois par jour à l'officier de garde chargé de me donner autant de communications. Sir Hudson Lowe ne comprenait pas mes difficultés, disait-il, et n'imaginait pas quelle objection je pouvais avoir contre un domestique donné de sa main.... Celui qu'il aurait choisi en vaudrait bien un autre..... Son offre de le choisir lui-même n'était qu'une attention de sa part, etc. etc....

Je souffrais des allées et venues du pauvre officier, et j'en étais fatigué pour mon compte. Je le priai donc, pour épargner ses pas, d'assurer le Gouverneur que ma réponse demeurerait toujours la même; savoir: qu'il pouvait bien m'enlever mon domestique; mais qu'il ne devait pas songer à m'en faire accepter un de son choix; qu'il pouvait bien mettre garnison chez moi par la force, mais non jamais de mon propre consentement.

Cependant, durant tous ces colloques on avait fait venir mon domestique, on l'avait questionné, on l'avait retiré une première fois de mon service, puis rendų; et enfin retiré tout à fait.

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Je rendis compte du tout à l'Empereur, qui m'approuva fort de n'avoir pas voulu laisser introduire un espion, disait-il, au milieu de nous. "Mais comme votre privation, ajouta-t-il, d'une "manière charmante, est dans l'intérêt de tous, il "n'est pas juste que vous en souffriez seul; faites "venir Gentilini, mon valet de pied, qu'il prenne "son service auprès de vous; il sera enchanté de gagner quelques Napoléons de plus: vous lui "direz d'ailleurs que c'est par mon ordre." Gentilini s'y rendit d'abord avec gaîté; mais le soir même le pauvre garçon vint me dire qu'on lui avait fait observer qu'il n'était pas convenable qu'un domestique de l'Empereur servît un particulier!!!... Et l'Empereur poussa la bonté jusqu'à faire venir Gentilini pour lui en donner l'ordre de sa propre bouche.

C'était ainsi que ce Gouverneur continuait à nous persécuter journellement et sous toutes les formes, bien que je n'en dise plus rien; non que je m'y accoutumasse, mais parce que dans la masse de nos peines, celles qui ne nous venaient que de sa mauvaise humeur n'étaient plus que de légers. accessoires. Et en effet, qu'auraient-elles pu être auprès de nos grandes misères ?....

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