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par le panégyriste de Charles Miron, était une arme que le chapitre voyait toujours suspendue sur sa tête. A la fin du siècle dernier, on discutait encore pour établir que Saint-Maurice avait toujours été le siège de l'épiscopat (1); et la science était alors moins exclusivement intéressée dans cette discussion qu'elle ne le serait aujourd'hui pour une génération qui sait à peine où s'élevaient les églises rivales de Saint-Maurice. Malgré l'erreur de Ménard sur ce point, malgré les critiques soulevées par lui, lorsqu'il fait de saint Hilaire un Angevin, et voit dans une sépulture de l'église de Saint Maurille, sa paroisse, le tombeau de saint Jacques le Majeur, il n'en a pas moins été considéré par ses contemporains comme l'un des érudits les plus distingués d'un siècle qui les comptait en si grand nombre.

Besly, excellent juge en cette matière, le proclame dans son Histoire des comtes de Poitou. Le P. Lecointe enchérit encore sur les éloges donnés à notre Claude Ménard :

« C'est, dit-il, dans une lettre adressée à M. de Ruffi, imprimée » en tête de la seconde édition de l'histoire de Marseille, en 1696, un » des plus savants hommes de notre siècle, en ce qui concerne >> l'histoire, comme vous avez pu voir par les écrits et par les éloges » que lui ont donnés MM. de Sainte-Marthe, Duchesne, Besly et >> toutes les mille plumes de notre temps. Il est prêt de mettre sous » presse l'Histoire d'Anjou en quatre volumes. »>

Gilles Ménage, l'auteur de la vie de Pierre Ayrault et de cette docte histoire de Sablé, à propos de laquelle il a pu dire, sans trop de prétention, en la dédiant à son frère : « Je suis auteur de plusieurs » livres, mais je suis créateur de celui-cy, et je l'ai formé de rien...; » j'ay fait d'un rien une grande histoire », témoigne aussi du mérite de Claude Ménard, dont les travaux imprimés et manuscrits ont été son meilleur guide. Après vingt ans d'absence, lorsqu'il s'arrache aux applaudissements des beaux esprits de la capitale, pour revoir, comme Joachim du Bellay, de son petit village, fumer la cheminée, il redemande en vain au Loyre Gaulois, ceux qu'il a connus, ceux qu'il a aimés comme les plus dignes représentants de la doulceur angevine. « Où donc êtes-vous, s'écrie-t-il, en essuyant ses larmes, » vous que j'ai tant honorés et chéris : du Pineau, Riperaye, et toi » surtout Ménard, le père de l'histoire d'Anjou (2)! »

Tel est en effet le titre qui convient le mieux à notre Claude Ménard. C'est à lui que l'on doit d'avoir débrouillé le chaos de notre

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chronologie. Quoique du même âge que Bourdigné, il y a entr'eux une grande distance à cet égard. Il y a même loin de lui à Hiret, bien que ce dernier ait été son contemporain : Hiret et Bourdigné adoptent toutes les fables; le sage et judicieux Ménard ne voit dans les faits que ce qui y est. Il se donne la peine de lire et d'observer avant d'écrire, et ses recherches, ses observations sont généralement justes. Le premier de tous, il devine l'importance des trésors encore enfouis dans les bibliothèques; il va chercher l'histoire à des sources jusque-là inconnues ou négligées, et s'applique à travailler sur les originaux. Une partie de sa vie se consume en recherches dans les archives. Aucun soin ne lui coûte pour se les faire ouvrir. Nous avons vu qu'il eut recours au roi lui-même pour pénétrer dans celles de Saint-Maurice; entr'autres établissements, l'Université et l'abbaye de Saint-Serge lui ouvrirent les leurs. Des titres, remontant à plusieurs siècles, furent ainsi tirés des layettes poudreuses dans lesquelles ils dormaient. On peut regretter seulement qu'il n'ait pas cité, en marge de son texte, les chartes dans lesquelles il a puisé ses renseignements.

Ménard aimait passionnément l'antiquité, dont il avait vu les splendides vestiges à Bordeaux, à Toulouse et dans le midi de la France. I ramassa à grands frais tout ce qu'il put trouver sur l'Anjou, et s'occupa avec zèle de l'investigation de nos monuments. Il fit exécuter des fouilles à l'amphithéâtre de Grohan, sur l'emplacement duquel ne s'élevaient pas encore les édifices du couvent de la Fidélité; il en leva le plan, le décrivit, et y recueillit une foule de médailles. Malheureusement, sa collection, qui était très riche, et dont il prit plaisir à décrire, pour l'instruction de son fils, la principale partie, a été dispersée commme nous l'apprend Grandet. Ami des beaux-arts, collecteur de tableaux, sculptures et gravures, il dessinait lui-même d'une manière remarquable, s'il est, comme nous avons tout lieu de le croire, l'auteur des deux portraits de Lanfranc et de Bérenger placés en tête de l'histoire manuscrite de ce dernier. Enfin, au rapport du P. Louis Jacob (1), il avait une célèbre bibliothèque qu'il s'était formée avec le plus grand soin. En dehors de ses nombreux travaux, Ménard trouvait encore le loisir de copier et d'adresser aux savants illustres, avec lesquels il correspondait, les documents dont ils lui faisaient la demande. Ainsi il envoya à Bollandus la Vie de saint Girard, moine de Saint-Aubin d'Angers, avec l'indice des Vies des Saints qu'il avait en douze volumes, ce qui est constaté par la lettre LXXIX du P. Pétau à Bol

(1) Traité des plus belles bibliothèques. Paris, 1644.

landus. C'est aussi à lui que Baluze (1) dut la Requête adressée par l'évêque Ulger au pape Innocent III, en faveur des chanoines de la Roë, contre les moines de la Trinité de Vendôme, qu'il copia dans le Cartulaire Noir de Saint-Maurice, no ccxXVIII, fol. 129 à 133.

Savant infatigable, il poursuivait de front plusieurs ouvrages, et trouvait le moyen de suffire à tout. On pourra se faire une idée de son activité, en examinant les dates de ceux qu'il a fait imprimer. Aussi, pouvons-nous dire avec Bruneau, sieur de Tarlifume: « Les » doctes et curieux escritz, sortis de la main dudit sieur Ménard, le » recommandent plus qu'aucun autre ne le sçauroit recomman» der (2). »

Voici la liste de tous ceux de ses ouvrages (3) dont nous avons pu retrouver quelque trace.

IMPRIMÉS.

I. Recherche et advis sur le corps de saint Jacques le Majeur, à l'occasion d'un oratoire très antien du même saint, qui est en l'église de Saint-Maurille d'Angers. 1 vol. in-8° de 14 feuillets et 124 pages, avec frontispice. Angers, Hernaut, 1610.

Dans cet ouvrage, dédié à l'évêque Charles Miron, Ménard prétend que le corps du saint repose en l'église de Saint-Maurille. Le livre, envoyé à saint Jacques de Compostelle, y fut brûlé par la main du bourreau. De même qu'il est le seul à dire saint Hilaire Angevin, il est aussi le seul à soutenir que saint Jacques le Majeur était de notre pays. L'oraison pour ce saint, qu'on lit dans mes Heures Gothiques, le fait Espagnol. On trouve dans cet ouvrage et dans ses autres produits du savoir, mais peu de critique et un style dur et pesant.

II. Discours prononcé en présence d'Urbain de Laval, lieutenant du roi en Anjou, en 1613.

III. Réception de Louis XIII et de la reine-mère à Angers en 1614. IV. Les deux livres de saint Augustin, que Ménard dédia à M. de Marquemont, archevêque et comte de Lyon, primat des Gaules. Voici le titre de cette publication :

1° S. Aurelii Augustini, Hipponensis episcopi, contra secundam Juliani responsionem... operis imperfecti libri duo priores, nunc primum ex Mss. codicibus editi. 2o Additus est ejusdem Augustini liber de Gestis

(1) Baluze l'a imprimée dans ses Miscellanea v. 2, p. 200. V. Rangeard, Discours, p. XXXIV. (2) Philandinopolis, p. 1090.

(5) Ceux qui sont marqués d'une † existent aujourd'hui à la bibliothèque d'Angers. Les recueils bibliographiques n'en mentionnent qu'un très petit nombre.

Pelagii, ante paucos annos editus. Paris, Sébastien Chappelet, in-8°, 1617.

Le dernier volume se compose de 112 pages. Le premier contient 6 feuillets non cotés, plus 532 pages et un errata. Les notes commencent à la page 461. Ménard en trouva le manuscrit dans la bibliothèque de l'église cathédrale d'Angers, ainsi qu'on l'avait relaté à la marge du catalogue, qui a été dressé dès le 13 octobre 1472.

Cl. Ménard trouva aussi dans la bibliothèque de la cathédrale un écrit d'Eusèbe Brunon, évêque d'Angers, contre l'hérésiarque Bérenger, qu'il publia dans ses notes sur le Traité de saint Augustin contre Julien, pages 499 à 502, sans dire d'où il avait tiré ce manuscrit. Eveillon le lui reproche, page 3 de la Réponse du chapitre d'Angers à M. Miron.

+V. Sa vénération pour saint Jérôme, consignée dans la notice de Grandet, le porta à publier son Traité sur les Juifs: Sancti Hieronymi Stridionensis indiculus de hæresibus Judeorum. Paris, 1617, Séb. Chappelet, in-8° de 32 pages. Il est dédié à Charles de Bourgneuf, évêque de Nantes.

+VI.Histoire de saint Louis, par Joinville. Paris, Cramoisy, 1617, in-4°. La province d'Anjou avait, suivant Ménard, fourni l'original de l'Histoire de saint Louis, par Joinville. Le premier éditeur, Pierre de Rieux, avait défiguré le style, sous prétexte d'en corriger la diction. Ménard l'a fait imprimer, telle qu'il l'avait trouvée dans un manuscrit original, échappé à la fureur des protestants, et il l'a enrichie de notes pleines d'érudition.

Voici en quels termes le savant Capperonnier parle de l'édition de Ménard, dans la préface de celle qu'il a donnée lui-même :

« Le hasard fit rencontrer, dans la même province, un Recueil » de vieux papiers échappés des ravages que les protestants avoient >> faits dans quelques monastères de l'Anjou. M. Ménard compara ces » paperasses, il les nomme ainsi, avec l'édition d'Antoine Pierre de » Rieux; et il s'aperçut bientôt que cette première édition ne nous » présentoit pas l'ancienne manière d'écrire de Joinville, et qu'elle » étoit fort différente dans le manuscrit qu'il avoit sous les yeux. » Ménard consulta quelques amis judicieux, et, conformément à leur avis, il publia l'ouvrage du sire de Joinville. »

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+VII. Histoire de messire Bertrand du Guesclin, connestable de France, escrite l'an 1387, en prose, à la requeste de Messire J. d'Estouteville, capitaine de Vernon-sur-Seine, mise en lumière par Cl. Ménard (1).

(1) La chronique originale, composée par Cuvelier, trouvère du xive siècle, est en vers. Elle a été publiée en 1839, dans la collection des documents inédits de l'Histoire de France.

Paris, Cramoisy, 1618. 1 vol. in-4°, contenant un portrait du héros breton 12 feuillets non cotés, 543 pages, et une table alphabétique aussi non cotée.

:

Ménard a dédié ce travail à Charles du Vair, garde des sceaux de France.

VIII. L'Ame Dévote et son Chariot, dont Grandet a parlé dans sa notice. Bruneau, sieur de Tartifume, dit que ce livre a été imprimé à Paris, en 1619, chez Séb. Chappelet.

>>

+ IX. «< Quant à l'Entrée faicte à la royne-mère Marie de Médicis, à Angers, dit le même auteur (Philandinopolis, page 626), il me fau>> droit avoir une plume de cinne pour en représenter nettement les >> plus belles inventions; encore je ne les pourrois mieux compren» dre que Mre Claude Ménard, conseiller du roy, lieutenant de la » provosté d'Angers, qui en a faict un récit et véritable discours, » imprimé en ladite année. »

>>

Ce livre a été imprimé à Angers, chez Ant. Hernault, en 1619, in-4° de 106 pages. Il est intitulé : Récit et véritable discours de l'entrée de la royne-mère dans la ville d'Angers, faicte le 16 octobre 1619, avec cette épigraphe :

Comme au printemps naissent les roses,

En la paix naissent nos plaisirs.

X. L'Alliance de la Crèche avec la Croix. Composé à la prière de sa fille aînée, ce traité, dont Grandet parle dans sa notice, fut imprimé à Paris, chez Martin Collot, en 1620.

XI. En 1624, prenant fait et cause pour l'évêque d'Angers, contre son chapitre, il imprima son premier Mémoire, dans lequel il attaquait principalement le grand archidiacre.

XII. Jacques Boutreux, sieur d'Estiau, ayant, cette même année, publié son Examen des pièces imprimées par M. Miron, évêque d'Angers, contre le sieur de Garande, grand archidiacre, Ménard le réfuta immédiatement.

+ XIII. L'année suivante parut la Plainte Apologétique pour Mé l'évesque d'Angers, contre certain livret intitulé: Défense du chapitre de l'église d'Angers, par M. Claude Ménard, conseiller du roy. Elle a été publiée, sans nom d'imprimeur, à Angers, en 1625, et forme un volume in-8° de 257 pages, ayant en tète : une lettre à M. E. (Eveillon), chanoine de l'église d'Angers (1), en 7 feuillets; un errata, d'un

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(1) Monsieur, l'on fait courir paroiy nous, sous vostre nom, la défense de vostre compagnie contre Monsieur nostre évesque, etc., etc. » La défense du Chapitre avait été publiée l'année précédente, sans nom de lieu ni d'auteur : in-8o de 148 pages, non compris l'avertisse ment aux lecteurs. La réponse du même Eveillon à la Plainte apologétique parut en 1C26, à Paris, chez Pierre Durand; in-8o de 709 pages, sans compter la préface.

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