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L'armée ennemie a été poursuivie pendant les journées du 15 et du 16; elle a passé le Danube sur le pont de Comorn. La ville de Raab a été investie. On espère être maître sous peu de jours de cette place importante. On a trouvé dans les faubourgs des magasins assez considérables.

On a pris le superbe camp retranché de Raab, qui pouvait contenir cent mille hommes. La colonne destinée à le défendre n'a pu s'y introduire; elle a été coupée.

Un courrier venant de Bude, a été intercepté. Les dépêches écrites en latin, dont il était porteur, font connaître l'effet qu'a produit la bataille de Raab.

L'ennemi inonde le pays de faux bruits; cela tient au système adopté pour remuer les dernières classes du peuple.

M. de Metternich est parti le 18 de Vienne. Il sera échangé entre Comorn et Bude, avec M. Dodun et les autres personnes de la légation française.

M. d'Epinay, officier d'ordonnance de S. M., est arrivé à Pétersbourg. Il a passé au quartier-général de l'armée russe. Le prince Serge-Galitzin est entré en Galicie le 3 de ce mois, sur trois colonnes; savoir, celle du général Levis Drohyezim; celle du prince Gortszakoff par Therespold, et celle du prince Suwarow par Wlodzimirz.

par

Vienne, 22 juin 1809

Vingt-unième bulletin de la grande armée.

Un aide-de-camp du prince Joseph Poniatowski est arrivé du quartier-général de l'armée du grand-duché. Le 10 de ce mois le prince Serge-Galitzin devait être à Lublin et son avant-garde à Sandomir.

L'ennemi se complaît à repandre des bulletins éphémères, où il rapporte tous les jours une victoire : selon lui, il a pris vingt mille fusils et deux mille cuirasses à la bataille d'Esling.

Il dit que le 21 et le 22 il était maître du champ de bataille. Il a même fait imprimer et répandre une gravure de cette bataille, où on le voit enjambant de l'une à l'autre rive, et seș batteries traversant les îles et le champ de bataille dans tous les sens. Il imagine aussi une bataille, qu'il appelle la bataille de Kitsée, dans laquelle un nombre immense de Français auraient été pris ou tués. Ces puérilités, colportées par de petites colonnes de landwehrs comme celle de Schill, sont une tactique employée pour inquiéter et soulever le pays.

Le général Maziani qui a été fait prisonnier à la bataille de Raab, est arrivé au quartier-général. Il dit que, depuis la bataille de la Piave, l'archiduc Jean avait perdu les deux tiers de son monde ; qu'il a ensuite reçu des recrues qui ont à peu près rempli les cadres, mais qui ne savent pas faire usage de leurs fusils. Il porte à douze mille hommes la perte de l'archiduc Jean et du Palatin à la bataille de Raab. Selon le rapport des prisonniers hongrois, l'archiduc Palatin a été le premier dans cette journée à prendre la fuite.

Quelques personnes ont voulu mettre en opposition la force de l'armée autrichienne à Esling, estimée à quatrevingt-dix mille hommes, avec les quatre-vingt mille hommes qui ont été faits prisonniers depuis l'ouverture de la campagne; elles ont montré peu de réflexion. L'armée autrichienne est entrée en campagne avec neuf corps d'armée de quarante mille hommes chacun, et il y avait dans l'intérieur des corps de recrues et de landwehrs; de sorte que l'Autriche avait réellement plus de quatre cent mille hommes sous les armes. Depuis la bataille d'Ebensberg jusqu'à la prise de Vienne, y compris l'Italie et la Pologne, on peut avoir fait cent mille prisonniers à l'ennemi, et il a perdu cent mille hommes tués, déserteurs ou égarés. Il devait donc lui rester encore deux cent mille hommes distribués comme il suit : l'archiduc Jean avait à la bataille de Raab cinquante millet

hommes, la principale armée autrichienne avait, avant la bataille d'Esling quatre-vingt-dix mille hommes ; il restait donc vingt-cinq mille hommes à l'archiduc Ferdinand à Varsovie, et vingt-cinq mille hommes étaient disséminés dans le Tyrol, dans la Croatie et répandus en partisans sur les confins de la Bohême.

L'armée autrichienne à Esling était composée du premier corps commandé par le général Bellegarde, le seul qui n'eût pas donné et qui fût encore entier, et des débris du deuxième, du troisième, du quatrième, du cinquième et du sixième corps qui → vaient été écrasés dans les batailles précédentes. Si ces corps n'avaient rien perdu et eussent été réunis tels qu'ils étaient au commencement de la campagne, ils auraient formé deux cent quarante mille hommes. L'ennemi n'avait pas plus de quatre-vingt-dix mille hommes, ainsi l'on voit combien sont énormes les pertes qu'il avait éprouvées.

Lorque l'archiduc Jean est entré en campagne, son armée était composée des huitième et neuvième corps, formant quatre-vingt mille hommes. A Raab elle se trouvait de cinquante mille hommes. Sa perte aurait donc été de trente mille hommes. Mais dans ces cinquante mille hommes étaient compris quinze mille Hongrois de l'insurrection. Sa perte était donc réellement de quarante cinq mille hommes.

L'archiduc Ferdinand était entré à Varsovie avec le septième corps formant quarante mille hommes. Il est réduit à vingt-cinq mille. Sa perte est donc de quinze mille hommes. On voit comment ces différens calculs se vérifient.

Le vice-roi a battu à Raab cinquante mille hommes avec trente mille Français.

A Esling quatre-vingt-dix mille hommes ont été battus et contenus par trente mille Français qui les auraient mis dans une complète déroute et détruits, sans l'événement des ponts qui a produit le défaut de munitions.

Les grands efforts de l'Autriche ont été le résultat du papier-monnaie, et de la résolution que le gouvernement autrichien a prise de jouer le tout pour le tout. Dans le péril d'une banqueroute qui aurait pu amener une révolution, il a préféré ajouter cinq cents millions à la masse de son papier-monnaie, et tenter un dernier effort pour le faire escompter par l'Allemagne, l'Italie et la Pologne. Il est fort probable que cette raison ait influé plus que toute autre, sur ses déterminations. Pas un seul régiment français n'a été tiré d'Espagne, si ce n'est la garde impériale.

Le général comte Lauriston continue le siége de Raab avec la plus grande activité. La ville brûle déjà depuis vingt-quatre heures, et cette armée qui a remporté à Esling une si grande victoire, qu'elle s'est emparée de vingt mille fusils et de deux mille cuirasses; cette armée qui, à la bataille de Kitsée, a tué tant de monde et fait tant de prisonniers; cette armée qui, selon ses bulletins apocryphes, a obtenu de si grands avantages à la bataille de Raab, voit tranquillement assiéger et brûler ses principales places et inonder la Hongrie de partis, et fait sauver son impératrice, ses dicastères, tous les effets précieux de son gouvernement, jusqu'aux frontières de la Turquie et aux extrémités les plus reculées de l'Europe.

Un major autrichien a eu la fantaisie de passer le Danube sur deux bateaux à l'embouchure de la Marsch. Le général Gilly-Vieux s'est porté à sa rencontre avec quelques compagnies, l'a jeté dans l'eau et lui a fait quarante prisonniers.

Vienne, 24 juin 1809.

Vingt-deuxième bulletin de la grande armée.

La place de Raab a capitulé. Cette ville est une excellente position au centre de la Hongrie. Son enceinte est bastionnée, ses fossés sont pleins d'eau, et une inondation en couvre une

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partie. Elle est située au confluent de trois rivières; elle est comme le réduit du grand camp retranché où l'ennemi espérait réunir et exercer toute l'insurrection hongroise, et où il avait fait d'immenses travaux. Sa garnison, forte de dix-huit cents hommes, était insuffisante. L'ennemi comptait y laisser cinq mille hommes, mais par la bataille de Raab, son armée a été séparée d'avec la place. Cette ville a souffert huit jours d'un bombardement qui a détruit les plus beaux édifices. Tout ce qu'on pouvait dire sur l'inutilité de sa défense était sans effet; elle s'était bercée de la chimère d'être secourue.

Le comte de Metternich, après être resté trois jours aux avant-postes, est retourné à Vienne. Le secrétaire d'ambassade Dodun et les personnes des légations alliées qui ne s'étaient pas encore retirées avant la prise de Vienne, ont été évacués sur les confins de la Hongrie, lorsqu'on a appris à Bude la perte de la bataille de Raab.

Deux bataillons de landwehrs, deux escadrons de houllans et un bataillon de troupes de ligne, formant ensemble deux mille cinq cents hommes, sont entrés à Bareuth. Ils ont comme à l'ordinaire répandu des proclamations et cherché à exciter des soulèvemens. Au même moment, le général Am-Ende est entré à Dresde avec trois bataillons de ligne, trois bataillons de landwehrs, un ramassis d'hommes levés par le duc de Brunswick, et quelques escadrons de cavalerie tirés de différens corps, tout cela formant sept à huit mille hommes.

Le roi de Westphalie a réuni le dixième corps et s'est mis en marche. Le duc de Valmy a mis en mouvement de Hanau, l'avant-garde de l'armée de réserve qu'il commande.

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