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Le peuple de Vienne, selon l'expression de la députation de ses faubourgs, délaissé, abandonné, veuf, sera l'objet de vos égards. J'en prends les habitans sous ma spéciale protection: quant aux hommes turbulens et méchans, j'en ferai une justice exemplaire.

Soldats! soyons bons pour les pauvres paysans, pour ce bon peuple qui a tant de droits à notre estime : ne conservons aucun orgueil de tous noss succès; voyons-y une preuve de cette justice divine qui punit l'ingrat et le parjure.

NAPOLÉON.

Schoenbrunn, 13 mai 1809.

Circulaire aux archevêques et évêques, et aux présidens des consistoires.

Monsieur l'évêque de . . . . . . la divine providence ayant voulu nous donner une nouvelle preuve de sa spéciale protection en permettant notre entrée dans la capitale de notre ennemi, le même jour où, un mois auparavant, il avait violé la paix, et manifester ainsi d'une manière éclatante, qu'elle punit l'ingrat et le parjure, il est dans notre intention que vous réunissiez nos peuples dans les églises pour chanter un Te Deum en actions de grâce et toutes autres prières que vous jugerez convenable d'ordonner. Cette lettre n'étant à autre fin, monsieur l'évêque de . . . . . nous prions Dieu qu'il vous ait en sa sainte garde!

Vienne, 16 mai 1809.

Huitième bulletin de la grande armée.

Les habitans de Vienne se louent de l'archiduc Rainier. Il était gouverneur de Vienne, et lorsqu'il eut connaissance des mesures révolutionnaires ordonnées par l'empereur Fran

çois 11, il refusa de conserver le gouvernement. L'archiduc Maximilien fut envoyé à sa place. Ce jeune prince ayant toute l'inconséquence de son âge, déclara qu'il s'enterrerait sous les ruines de la capitale. Il fit appeler les hommes turbulens et sans aveu, qui sont toujours nombreux dans une grande ville, les arma de piques, et leur distribua toutes les armes qui étaient dans les arsenaux. En vain les habitans lui représentèrent qu'une grande ville, parvenue à un si haut degré de splendeur, au prix de tant de travaux et de trésors, ne devait pas être exposée aux désastres que la guerre entraîne avec elle. Ces représentations exaltèrent sa colère, et sa fureur était portée à un tel point, qu'il ne répondait qu'en ordonnant de jeter sur les faubourgs des bombes et des obus, qui ne devaient tuer que des Viennois, les Français trouvant un abri dans leurs tranchées, et leur sécurité dans l'habitude de la guerre.

Les Viennois éprouvaient des frayeurs mortelles, et la ville se croyait perdue, lorsque l'empereur Napoléon, pour épargner à la capitale les désastres d'une défense prolongée, en la rendant promptement inutile, fit passer le bras du Danube et occuper le Prater.

A huit heures, un officier vint annoncer à l'archiduc qu'un pont se construisait, qu'un grand nombre de Français avait passé la rivière à la nage, et qu'ils étaient déjà sur l'autre rive. Cette nouvelle fit pâlir ce prince furibond, et porta la crainte dans ses esprits. Il traversa le Prater en toute hate; il renvoya au-delà des ponts chaque bataillon qu'il rencontrait, et il se sauva sans faire aucune disposition, et sans donner à personne le commandement qu'il abandonnait. C'était cependant le même homme qui, une heure auparavant, protestait de s'ensevelir sous les ruines de la capitale.

La catastrophe de la maison de Lorraine était prévue par les hommes sensés des opinions les plus opposées. Manfre

d'affûts, beaucoup de fusils, de poudre et de munitions confectionnées, et une grande quantité de boulets et de fer coulé.

Il n'y a eu que dix maisons brûlées pendant le bombardement. Les Viennois ont remarqué que ce malheur est tombé sur les partisans les plus ardens de la guerre; aussi disaient-ils que le général Andréossy dirigeait les batteries. La nomination de ce général au gouvernement de Vienne, a été agréable à tous les habitans; il avait laissé dans la capitale des souvenirs agréables, et il jouit de l'estime universelle.

Quelques jours de repos ont fait beaucoup de bien à l'armée; et le temps est si beau que nous n'avons presque pas de malades. Le vin que l'on distribue aux troupes est abondant et de bonne qualité.

La monarchie autrichienne avait fait pour cette guerre des efforts prodigieux : on calcule que ses préparatifs lui ont coûté au-delà de trois cents millions en papier. La masse des billets en circulation excède quinze cents millions. La cour de Vienne a emporté les planches de cette espèce d'assignats, hypothéqués sur une partie des mines de la monarchie, c'està-dire, sur des propriétés presque chimériques, et qui ne sont pas disponibles. Pendant qu'on prodiguait ainsi un papier-monnaie que le public ne pouvait pas réaliser, et qui perdait chaque jour davantage, la cour faisait acheter par les banquiers de Vienne tout l'or qu'elle pouvait se procurer, et l'envoyait en pays étranger. Il y a à peine quelques mois des caisses de ducats d'or, scellés du sceau impérial, ont été expédiées pour la Hollande, par le nord de l'Allemagne,

que

Vienne, 19 mai 1809.

Neuvième bulletin de la grande armée.

Pendant que l'armée prenait quelque repos dans Vienne, que ses corps se ralliaient, que l'empereur passait des revues, pour accorder des récompenses aux braves qui s'étaient distingués, et pour nommer aux emplois vacans, on préparait tout ce qui était nécessaire pour l'importante opération du passage du Danube.

Le prince Charles, après la bataille d'Eckmülh, jeté sur l'autre rive du Danube, n'eût d'autre refuge que les montagnes de la Bohême.

En suivant les débris de l'armée du prince Charles dans l'intérieur de la Bohème, l'empereur lui aurait enlevé son artillerie et ses bagages; mais cet vantage ne valait pas l'inconvénient de promener son armée, pendant quinze jours, dans des pays pauvres, montagneux et dévastés.

L'empereur n'adopta aucun plan qui pût retarder d'un jour son entrée à Vienne, se doutant bien que, dans l'état d'irritation qu'on avait excité, on songerait à défendre cette ville, qui a une excellente enceinte Lastionnée, et à opposer quelque obstacle. D'un autre côté, son armée d'Italie attirait son attention, et l'idée que les Autrichiens occupaient ses belles provinces du Frioul et de la Piave, ne lui laissait point de

repos.

Le maréchal duc d'Auerstaedt resta en position en avant de Ratisbonne, pendant le temps que mit le prince Charles à déboucher en Bohême, et immédiatement après, il se dirigea sur Passau et Lintz, sur la rive ganche du Danube, gagnant quatre marches sur ce prince. Le corps du prince de Ponte-Corvo fut dirigé dans le même système. D'abord il fit un mouvement sur Egra, ce qui obligea le prince Charles à y

détacher le corps du général Bellegarde; mais par une contremarche, il se porta brusquement sur Lintz, où il arriva avant le général Bellegarde, qui, ayant appris cette contremarche, se dirigea aussi sur le Danube.

Ces manœuvres habiles, faites jour par jour, selon les circonstances, ont dégagé l'Italie, livré sans défense les barriè-. res de l'Inn, de la Salza, de la Traun et tous les magasins ennemis, soumis Vienne, désorganisé les milices et la landwerh, terminé la défaite des corps de l'archiduc Louis et du général Hiller, et achevé de perdre la réputation du général ennemi, Celui-ci, voyant la marche de l'empereur, devait penser à se porter sur Lintz, passer le pont, et s'y réunir aux corps de l'archiduc Louis et du genéral Hiller; mais l'armée française était réunie plusieurs jours avant qu'il pût y arriver. Il aurait pu espérer de faire sa jonction à Krems; vains calculs ! il était encore en retard de quatre jours, et le général Hiller, en repassant le Danube, fut obligé de brûler le beau pont de Krems. Il espérait enfin se réunir devant Vienne; il était encore en retard de plusieurs jours.

y

L'empereur a fait jeter un pont sur le Danube, vis-à-vis le village d'Ebersdorf, à deux lieues au-dessous de Vienne. Le fleuve divisé en cet endroit en plusieurs bras, a quatre cents toises de largeur. L'opération a commencé hier 18, à quatre heures après midi. La division Molitor a été jetée sur la rive gauche, et a culbuté les faibles détachemens qui voulaient lui disputer le terrain et couvrir le dernier bras du fleuve.

Les généraux Bertrand et Pernetti ont fait travailler aux deux ponts, l'un de plus de deux cent quarante, l'autre de plus de cent trente toises, communiquant entre eux par une île. On espère que les travaux seront finis demain.

Tous les renseignemens qu'on a recueillis portent à penser que l'empereur d'Autriche est à Znaïm.

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