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Onzième bulletin de l'armée d'Espagne.

S. M., dans la journée du 19, avait fait partir le maréchal duc de Montebello avec des instructions pour les mouvemens de la gauche dont elle lui donna le commandement.

Le duc de Montebello et le duc de Conegliano se concertèrent le 20, à Lodosa, pour l'exécution des ordres de S. M.

Le 21, la division du général Lagrange, avec la brigade de cavalerie légère du général Colbert et la brigade de dragons du général Dijon, partirent de Logrogno par la droite de l'Ebre.

Au même moment, les quatre divisions composant le corps d'armée du duc de Conegliano, passèrent le fleuve à Lodosa, abandonnant tout le pays entre l'Ebre et Pampelune.

Le 22, à la pointe du jour, l'armée française se mit en marche. Elle se dirigea sur Calahora, où était la veille le quartier-général de Castanos; elle trouva cette ville évacuée. Elle marcha ensuite sur Alfaro; l'ennemi s'était également retiré.

Le 23, à la pointe du jour, le général de division Lefebvre, à la tête de la cavalerie et appuyé par la division du général Morlot, faisant l'avant-garde, rencontra l'ennemi. Il en donna sur-le-champ avis au duc de Montebello, qui trouva l'armée ennemie forte de sept divisions, formant quarante-cinq mille hommes présens sous les armes, la droite en avant de Tudela, et la gauche occupant une ligne d'une lieue et demie, disposition absolament vicieuse. Les Aragonais étaient à la droite, les troupes de Valence et de la nouvelle Castille étaient au centre, et les trois divisions d'Andalousie, que commandait plus spécialement le général Castanos, formaient la gauche. Quarante pièces de canon couvraient la ligne

eunemie.

A neuf heures du matin, les colonnes de l'armée française commencèrent à se déployer avec cet ordre, cette régularité, ce sang-froid qui caractérisent de vieilles troupes. On choisissait les emplacemens pour établir en batterie une soixantaine de canons; mais l'impétuosité des troupes et l'inquiétude de l'ennemi n'en donnèrent pas le temps; l'armée espagnole était déjà vaincue par l'ordre et par les mouvemens de l'armée française.

Le duc de Montebello fit enfoncer le centre par la division du général Maurice Mathieu.

Le général de division Lefebvre, avec sa cavalerie, passa aussitôt au trot par cette trouée, et enveloppa, par un quart de conversion à gauche, toute la droite de l'ennemi.

Le moment où la moitié de la ligne ennemie se trouva ainsi tournée et culbutée, fut celui où le général Lagrange attaqua la ville de Cascante, où était placée la ligne de Castanos, qui ne fit pas meilleure contenance que la droite, et abandonna le champ de bataille, en laissant son artillerie et un grand nombre de prisonniers. La cavalerie poursuivit les débris de l'armée ennemie jusqu'à Tarraçone, dans la direction d'Agreda. Sept drapeaux, trente pièces de canon avec leurs attelages et leurs caissons, douze colonels, trois cents officiers et trois mille hommes ont été pris; quatre mille Espagnols sont restés sur le champ de bataille, ou ont été jetés dans ́ l'Ebre. Notre perte a été légère; nous avons eu soixante hommes tués et quatre cents blessés; parmi ces derniers se trouve le général de division Lagrange, qui a été atteint d'une balle au bras.

Nos troupes ont trouvé à Tudela beaucoup de magasins. Le maréchal duc de Conegliano s'est mis en marche sur Sarragosse.

Pendant qu'une partie des fuyards se retirait sur cette place, la gauche qui avait été coupée, fuyait en désordre sur Tarracone et Agreda.

Le duc d'Elchingen, qui était le 22 à Soria, devait être le 23 à Agreda; pas un homme n'aurait échappé, mais ce corps d'armée se trouvant trop fatigué, séjourna le 23 et le 24 à Soria; il arriva le 24 à Agreda assez à temps pour s'emparer encore d'une grande quantité de magasins.

Un nommé Palafox, ancien garde-du-corps, homme sans talens et sans courage, espèce de mannequin d'un moine, véritable chef de parti, qui lui avait fait donner le titre de général, a eté le premier à prendre la fuitę. Au reste, ce n'est pas la première fois qu'il agit de la sorte; il a fait de même dans toutes les occasions.

Cette armée de quarante-cinq mille hommes a été ainsi battue et défaite, sans que nous en ayons eu plus de six mille engagés.

Le combat de Burgos avait frappé le centre de l'ennemi, la bataille d'Espinosa la droite, et la bataille de Tudela la gauche. La victoire a ainsi foudroyé et dispersé toute la ligne ennemie.

Aranda de Duero, 28 novembre 1808.

Douzième bulletin de l'armée d'Espagne.

A la bataille de Tudela, le général de division Lagrange, chargé de l'attaque de Cascante, fit marcher sa division par échelons, et se mit à la tête du premier échelon, composé du vingt-cinquième régiment d'infanterie légère, qui aborda l'ennemi avec une telle décision, que deux cents Espagnols furent percés dans la première charge par les baïonnettes. Les autres échelons ne purent donner. Cette singulière intrépidité avait jeté la consternation et le désordre dans les troupes de Castanos. C'est dans cette circonstance que le général Lagrange, qui était à la tête de son premier échelon, a reçu une balle qui l'a blessé assez dangereusement.

Le 26, le duc d'Elchingen s'est porté par Tarraçonne, sur Borja. Les ennemis avait mis le feu à un parc d'artillerie de soixante caissons qu'ils avaient à Tarraçonne.

Le général Maurice Mathieu est arrivé le 25 à Borja, poursuivant l'ennemi et ramassant à chaque instant de nouveaux prisonniers dont le nombre est déjà de cinq mille; ils appartiennent tous aux troupes de ligne; le soldat n'a pardonné à aucun paysan armé. Le nombre des pièces de canon prises est de trente-sept.

Le désordre et le délire se sont emparés des meneurs. Pour première mesure, ils ont fait un manifeste violent par lequel ils déclarent la guerre à la France; ils lui imputent tous les désordres de leur cour, l'abâtardissement de la race qui régnait, et la lâcheté des grands, qui, pendaut tant d'années, se sont prosternés de la manière la plus abjecte aux pieds de l'idole qu'ils accablent de toute leur rage, aujourd'hui qu'elle est tombée.

A

On se ferait en Allemagne, en Italie, en France, une bien fausse idée des moines espagnols, si on les comparait aux moines qui ont existé dans ces contrées. On trouvait parmi les bénédictins, les bernardins, etc., etc., de France, d'Italie, une foule d'hommes remarquables dans les sciences et les lettres; ils se distinguaient et par leur éducation et par la classe honorable et utile d'où ils étaient sortis; les moines espagnols, au contraire, sont tirés de la lie du peuple, ils sont ignares et crapuleux; on ne saurait leur trouver de ressemblance qu'avec des artisans employés dans les boucheries; ils en ont l'ignorance, le ton et la tournure. Ce n'est que sur le bas peuple qu'ils exercent leur influence. Une maison bourgeoise se serait crue déshonorée en admettant un moine à sa table.

Quant aux malheureux paysans espagnols, on ne peut les comparer qu'aux fellahs d'Egypte; ils n'ont aucune propriété; tout appartient soit aux moines, soit à quelque maison

puissante. La faculté de tenir une auberge est un droit féodal; et dans un pays aussi favorisé de la nature, on ne trouve ni postes, ni hôtelleries. Les impositions même ont été aliénées et appartiennent aux seigneurs. Les grands ont tellement dégénéré, qu'il sont sans énergie, sans mérite et même sans influence.

On trouve tous les jours à Valladolid et au-delà, des magasins d'armes considérables. Les Anglais ont bien exécuté cette partie de leurs engagemens; ils avaient promis des fusils, des poignards, des libelles, et ils en ont envoyé avec profusion. Leur esprit inventif s'est signalé, et ils ont poussé fort loin l'art de répandre des libelles, comme dans ces derniers temps ils s'étaient distingués par leurs fusées incendiaires. Tous les maux, tous les fléaux qui peuvent affliger les hommes, viennent de Londres.

Saint-Martin près Madrid, 2 décembre 1808.

Treizième bulletin de l'armée d'Espagne.

Le 29, le quartier-général de l'empereur a été porté au village de Bozeguillas; le 30, à la pointe du jour, le duc de Bellune s'est présenté au pied du Somo-Sierra; une division de treize mille hommes de l'armée de réserve espagnole, défendait le passage de cette montagne. L'ennemi se croyait inexpugnable dans cette position. Il avait retranché le col que les Espagnols appellent Puerto, et y avait placé seize pièces de canon. Le neuvième d'infanterie légère couronna la droite; le quatre-vingt-seizième marcha sur la chaussée, et le vingt-quatrième suivit à mi-côte les hauteurs de gauche. Le général Senarmont avec six pièces d'artillerie avança par la chaussée.

La fusillade et la canonnade s'engagèrent. Une charge que fit le général Montbrun, à la tête des chevau-légers polonais

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