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à la boutonnière un aigle renversé percé de deux flèches, avec cette inscription: au vainqueur de la France. A cette ridicule fanfaronnade, on reconnaît les compatriotes de Don Quichotte. Le fait est qu'il est impossible de trouver de plus mauvaises troupes, soit dans les montagnes soit dans la plaine. Ignorance crasse, folle présomption, cruauté contre le faible, souplesse et làcheté avec le fort, voilà le spectacle que nous avons sous les yeux. Les moines et l'inquisition ont abruti cette nation.

Dix mille hommes de cavalerie légère et de dragons, avec vingt-quatre pièces d'artillerie légère, s'étaient mis en marche le 11 pour courir sur les derrières de la division anglaise que l'on disait être à Valladolid. Ces braves ont fait trente-quatre lieues en deux jours, mais notre espérance a été déçue. Nous sommes entrés à Palencia, à Valladolid: on a poussé six lieues plus loin; point d'Anglais, mais bien des promesses et des

assurances.

Il paraît certain qu'une division de leurs troupes a débarqué à la Corogne, et qu'une autre division est entrée à Badajoz au commencement du mois. Le jour où nous les trouverons sera un jour de fête pour l'armée française. Puissentils rougir de leur sang ce continent qu'ils dévastent par leurs intrigues, leur monopole et leur épouvantable égoïsme! Puissent-ils, au lieu de vingt mille, être quatre-vingt ou cent mille hommes, afin que les mères de famille anglaises apprennent ce que c'est que les maux de la guerre, et que le gouvernement britannique cesse de se jouer de la vie et du sang des peuples du continent. Les mensonges les plus grossiers, les moyens les plus vils sont mis en œuvre par le machiavélisme anglais pour égarer la nation espagnole. Mais la masse est bonne : la Biscaye, la Navarre, la Vieille-Castille, la plus grande partie de l'Aragon même, sont animées d'un bon esprit. La généralité de la nation voit avec une profonde dou

leur l'abîme où on la jette, et ne tardera pas à maudire les auteurs de tant de maux.

Florida Blanca, qui est à la tête de l'insurrection espagnole, est le même qui a été ministre sous Charles 111. Il a toujours été ennemi décidé de la France, et partisan zélé de l'Angleterre. Il faut espérer qu'à sa dernière heure, il reconnaîtra les erreurs de la politique de sa vie. C'est un vieillard qui réunit à l'anglomanie la plus aveugle, la dévotion la plus superstitieuse. Ses confidens et ses amis sont les moines les plus fanatiques et les plus ignares.

L'ordre est rétabli dans Burgos et dans les environs. A cel premier moment de terreur a succédé la confiance. Les paysans sont retournés dans leurs villages et à leur labour.

Burgos, le 16 novembre 1808.

Cinquième bulletin de l'armée d'Espagne.

Les destinées de l'armée d'Estramadure se sont terminécs dans les plaines de Burgos. L'armée de Galice, battue aux combats de Durango, de Guénès, de Valmaseda, a péri ou a été dispersée à la bataille d'Espinosa. Cette armée était composée de l'infanterie de l'ancienne armée espagnole qui était en Portugal et en Galice, et qui a quitté Porto à la fin de juin; des milices de la Galice, des Asturies et de la VieilleCastille;

De cinq mille prisonniers espagnols que les Anglais avaient habillés et armés à leurs frais et débarqués à Saint Ander;

Des volontaires de levées extraordinaires de la Galice, de la Vieille-Castille et des Asturies;

Des régimens d'artillerie, des garnisons de marine, et des matelots des départemens de la Corogne et du Ferrol; Enfin des corps que le traître la Romana avait amenés du Nord et débarqués à Saint-Ander.

Dans sa folle présomption, cette armée manœuvrait sur le flanc droit de l'armée française, et voulait couper la communication par la Biscaye. Pendant l'espace de dix jours, elle a été menée battant de gorge en gorge, de mamelon en mamelon. Enfin, le ro novembre, arrivée à Espinosa, elle voulut couvrir sa retraite, ses parcs, ses hôpitaux et ses magasins.

Elle se rangea en bataille et se crut dans une position inattaquable.

Le maréchal duc de Bellune culbuta son arrière-garde, et se trouva à trois heures après midi devant son front de bataille. Le général Pacthod, ave les quatre-vingt-quatorzième et quatre-vingt-quinzième régimens de ligne, eut ordre d'enlever un mamelon situé en avant de la ligne de bataille qu'occupait la troupe du traître la Romana. La position était belle; les soldats qui la défendaient, les meilleurs du pays et soutenus par toute la ligne ennemie. Le général Pacthod gravit, l'arme au bras, ces montagnes escarpées, et fondit sur ces régimens qui avaient abusé de notre loyauté et faussé leurs sermens. Dans un clin d'œil ils furent rompus et jetés dans les précipices. Le régiment de la Princesse a été détruit.

La ligne ennemie se porta alors en avant et combina des attaques pour reprendre le plateau. Toutes les colonnes qui avancèrent disparurent et trouvèrent la mort. La nuit obscure surprit les deux armées dans cette position.

Pendant ce temps, le maréchal duc de Dalmatie filait sur Reynosa, seule retraite de l'ennemi.

A la pointe du jour, le duc de Bellune fit déborder par le général de brigade Maison, à la tête du seizième régiment d'infanterie légère, la gauche de l'ennemi; de son côté le duc de Dantzick accourut au feu et déborda sa droite.

Le général Maison, avec les braves du seizième, gravit sur des montagnes escarpées à tout autre inaccessibles, et culbuta

l'ennemi. Le duc de Bellune fit alors avancer le centre; et l'ennemi coupé et tourné, fuit à la débandade, jetant ses armes, ses drapeaux et abandonnant ses canons.

La division Sébastiani poursuivit les fuyards dans la direction de Villarcayo, attaqua, tua, prit ou dispersa une division et lui enleva ses canons.

Le duc de Dalmatie enleva à Reynosa tous les parcs, magasins, bagages, et fit quelques prisonniers.

Le colonel Tascher, envoyé à la poursuite de l'ennemi à la tête d'un régiment de chasseurs, a ramené un grand nombre de prisonniers.

Cependant l'ennemi qui nous menaçait avec tant d'ignorance et une si aveugle présomption, était non-seulement tourné par Reynosa, mais encore par Palencia, par la cavalerie qui déjà occupait les débouchés des montagnes dans la plaine à vingt lieues de ses derrières.

Soixante pièces de canon, vingt mille hommes tués ou pris, le reste dispersé; douze généraux espagnols tués; tous les secours en armes, habillemens, munitions, que les Anglais avaient débarqués, tombés en notre pouvoir, sont le résultat de cette affaire. La terreur est dans l'ame du soldat espagnol. Il jette sa veste rouge au chiffre du roi Georges, son fusil anglais, et cherche à se cacher dans des cavernes, dans des hameaux sous l'habit de paysan. Blake se sauve errant dans les montagnes des Asturies; la Romana, avec quelques milliers d'hommes, s'est jeté sur la marine de SaintAnder.

Cependant notre perte est de peu de conséquence. Aux combats de Durango, de Guenès, de Valmaseda, d'Espinosa, nous n'avons perdu que quatre-vingts hommes tués et trois cents blessés, aucun homme de marque. On a brisé trente mille fusils et on en a pris en magasin à Reynosa.

S. M. a nommé le général de brigade Pacthod général de di

vision, et a accordé dix décorations de la légion d'honneur aux quatre-vingt-quatorzième et quatre-vingt-quinzième régimens d'infanterie de ligne et au seizième d'infanterie légère.

Burgos, le 18 novembre 1808

Sixième bulletin de l'armée d'Espagne.

Des quarante-cinq mille hommes qui composaient l'armée de Galice, partie a été tuée et prise, le reste a été éparpillé. Les débris en tombent de tous côtés dans nos postes. Le général de division Debelle a fait cinq cents prisonniers du côté de Vasconcellos.

Le colonel Tascher, commandant le premier régiment provisoire de chasseurs, a donné sur l'escorte du général espagnol Acebedo; l'escorte ayant fait résistance, tout a été tué.

Le général Bonnet est tombé avec sa division sur la tête d'une colonne de fuyards de deux mille hommes; partie a été prise et l'autre partie détruite.

Le maréchal duc d'Istrie, commandant la cavalerie de l'armée, est entré à Aranda, le 16 à midi. Nos partis de cavalerie vont sur la gauche jusqu'à Soria et Madrid, et sur la droite jusqu'à Léon et Zamora.

L'ennemi a évacué Aranda avec la plus grande précipitation. Il y a laissé quatre pièces de canon. On a trouvé dans cette ville un magasin considérable de biscuit, quarante mille quintaux de blé, et une grande quantité d'effets d'habillement.

A Reynosa on a trouvé beaucoup d'objets anglais, et des approvisionnemens de toute espèce.

Les habitans de Montana, de toute la plaine de la Castille jusqu'au Portugal, de la province de Soria, maudissent hautement les auteurs de cette guerre, et demandent à grands cris le repos et la paix.

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