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lait s'adresser pour vérifier les sujets de plaintes de la Russie: ce sont les registres des croiseurs, ce sont ceux des capitaines de ports qu'il faut consulter. C'est une étrange manière de chercher à persuader qu'on n'a point de torts, que de chercher les preuves de ces torts où elles ne sont pas.

7 Le sophisme et l'hypocrisie ajoutent encore au sentiment de dégoût qu'on éprouve en lisant de telles absurdités. Quelque horrible que soit le principe de la guerre perpétuelle, il serait moins honteux de l'avouer : il y a une sorte de grandeur à proclamer hautement la scélératesse; l'Angleterre dit qu'elle n'a pas refusé la médiation offerte par l'empereur de Russie, et le même jour où parut sa note en réponse à cette offre, ses troupes entrèrent à Copenhague, déclarant ainsi la guerre, non-seulement à la Russie, mais à l'Autriche, mais à tout le continent. Sa réponse au cabinet de Saint-Pétersbourg a été lue à la lueur de l'incendie de Copenhague. Que disait cette réponse? Que l'Angleterre voulait connaître les bases de la négociation; ressource misérable lorsqu'il s'agit de si grands intérêts. Lord Yarmouth, ford Lauderdale connaissent ces bases: qu'on leur demande s'ils pensent que la France voulait la paix? La base la plus désirable se trouvait énoncée dans les notes de la Russie, puisqu'elle offrait sa médiation pour une paix juste et honorable. L'Angleterre demandait une garantie, et l'empereur de Russie offrait la sienne. Etaitil sur la terre une garantie plus puissante et plus auguste? Quant à la communication des articles secrets vous concernant, qu'aviez-vous donc à demander, puisqu'ils n'existaient pas? et que vouliez-vous réellement? refuser la médiation? Vous l'avez refusée, et la main qui a signé ce refus dégouttait du sang des Danois, le plus cher et le plus ancien des alliés de la Russie.

7 L'Angleterre cherche à colorer son refus d'accepter la médiation de la Russie pour traiter avec la France.

La Pruse avait perdu tous ses états; Memel était au moment d'échapper au pouvoir du roi. Le cabinet de Londres était une des causes de cette situation malheureuse, en insinuant à la Prusse que la France voulait remettre le Hanovre au roi d'Angleterre. Est-ce avec le secours des Anglais que le roi de Prusse est sorti d'une position désespérée? C'est l'empereur de Russie qui a combattu pour lui et qui lui a fait restituer sa couronne. Voilà une étrange manière d'abandonner ses alliés. Les anciens alliés de l'Angleterre seraient bien heureux s'ils n'avaient à se plaindre que d'un abandon de cette espèce. Sans doute la France a proposé deux fois à la Prusse une paix séparée, mais il était bien entendu, lorsqu'elle n'avait pas pour elle la généreuse intervention de la Russie, que le territoire prussien n'aurait été évacué que quand les Anglais auraient eux-mêmes fait la paix.

9 Ce paragraphe ne contient que des assertions fausses. Aucune nouvelle contribution n'a été mise sur les états prussiens, mais celles qui avaient été imposées pendant la guerre doivent être acquittées. Tous les pays entre le Niémen et la Vistule, formant une population de plus d'un million, ont été évacués. Le reste ne l'est pas : il n'a pas dû l'être, parce que le traité n'a pas fixé le temps; parce que les arrangemens préalables avec le roi de Prusse ne sont pas terminés; parce que l'expédition de Copenhague est venue jeter de nouvelles incertitudes dans les affaires du Nord de l'Europe; parce que le ministre de Prusse, qui, selon l'ancienne politique de son cabinet, a si bien instruit le cabinet britannique par de fausses -confidences, est encore à Londres; parce que les vaisseaux anglais ont été reçus à Memel; parce qu'enfin dans la circonstance extraordinaire où les injustices de la Grande-Bretagne ont placé l'Europe, la Russie et la France ont à s'entendre.

3 Elle prétexte l'abandon des intérêts de la Prusse.

9 Elle allègue la conduite de la France à l'égard de la Prusse.

Quant à la mort d'individus sujets de S. M. prussienne, et à la remise de forteresses prussiennes qui n'avaient pu être réduites pendant la guerre, ces assertions sont tout à-fait inintelligibles. La France a, au contraire, rendu deux forteresses de plus à la Prusse, Cassel et Gratz. Les Français font la guerre loyalement, et assurément ils ne tuent point les sujets paisibles des pays conquis; ils ne prennent pas les propriétés des particuliers, ils les protégent. Peuples du continent, lisez le code maritime de l'Angleterre, et vous verrez quel serait son code terrestre si elle était puissante sur terre comme sur mer. Elle ne s'empare pas seulement des vaisseaux des princes avec lesquels elle est en guerre, mais aussi des vais-", ́seaux marchands qui transportent des propriétés privées. Il n'y a aucune différence, aux yeux de l'équité, entre les magasins de marchandises appartenant à des particuliers dans les provinces conquises, et les marchandises qui appartiennent à des négocians et qui naviguent sur bâtimens marchands; il n'y a point de différence, sous le rapport de l'équité, entre les vaisseaux marchands et les convois de marchandises transportées par terre de Hambourg à Berlin, ou de Trieste en Allemagne.. Et a-t-on jamais vu les armées françaises arrêter des convois? n'a-t-on pas vu lord Keith vouloir s'emparer à Gènes des vaisseaux qui étaient dans le port, et des denrées qui se trouvaient chez les marchands de cette ville? il ne faisait là qu'une application à la terre des principes du code maritime de l'Angleterre. Les Autrichiens et le prince Hohenzollern qui les commandait, furent indignés de ces vexations; ils s'y opposèrent, et la journée de Marengo amenant, quelques jours après, les Français dans Gênes, y ramena aussi la sécurité sur les propriétés privées. D'où viennent donc des procédés si différens? Les uns sont le résultat de la politique atrabilaire, injuste de l'Angleterre, les autres sont le fruit de la politique libérale et de la civilisa

tion de la France. Si, à son tour, elle dominait sur les mers, on ne la verrait attaquer que les vaisseaux armés; on la verrait protéger même les propriétés appartenant aux sujets des états avec lesquels elle serait en guerre. Si l'on veut comparer l'esprit de libéralité et la civilisation des deux nations, il faut prendre pour termes de cette comparaison le code des Français pendant la guerre de terre, et son application aux individus et aux propriétés, et le code maritime des Anglais, et son application aux individus et aux propriétés qui se trouvent sur les mers.

Mais quel est le motif qui a porté les ministres de Londres à faire mention de la Prusse dans ce manifeste ? est-ce l'intérêt de la Prusse? Mais si l'intérêt de la Prusse les avait touchés, ils auraient accepté la médiation de l'empereur de Russie. Pourquoi publier aujourd'hui ce paragraphe indiscret qui laisse voir clairement que l'esprit qui a fait faire tant de faux pas au cabinet de Berlin s'agite encore? est-ce pour être utile à la Prusse, et lui concilier l'intérêt de la France dont elle a tant besoin dans ces circonstances?

La France a évacué beaucoup de pays, et l'Angleterre n'en a pas évacué un seul, et la base préalable de toutes ses négociations est l'uti possidetis. Lorsque les Français traitent avec leurs ennemis, ou ils changent les gouvernemens coupables de s'être unis à l'Angleterre contre les intérêts du continent, ou, s'ils évacuent les pays conquis, ce n'est qu'en conséquence d'une paix solide dont toutes les stipulations sont observées et de même qu'on ne les voit pas attaquer leurs alliés sans déclaration de guerre, surprendre leurs capitales par trahison, de même on ne les voit de même on ne les voit pas abandonner une place avant que les négociations aient décidé de son sort. Les Anglais attaquent pour dépouiller, et se retirent après le pillage et l'incendie. Cette guerre leur convient, car c'est celle des pirates. Puisqu'ils étaient entrés à Copenhague, il

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fallait qu'ils y demeurassent jusqu'à la paix. Ils ont joint a la honte d'une entreprise atroce, le déshonneur d'une fuite honteuse.

Mais s'il était vrai que les Français fussent exigeans envers leurs ennemis, il faut le dire, comment ne le seraient-ils point? Ils ont huit cent mille hommes sur pied, et ils sont prêts à tous les sacrifices pour doubler encore leurs forces si cela était nécessaire : non que les armes soient leur métier naturel, et que tant de bras arrachés à la culture d'un sol si fertile, ne soient pas pour eux un sensible sacrifice. Possesseurs d'un beau pays, ils voudraient se livrer aux conquêtes du commerce et de l'industrie; mais votre tyrannie les en empêche. C'est un géant que vous avez excité et que vous irritez sans cesse. Depuis quinze ans vos injustices n'ont fait qu'ajouter à son énergie et à sa puissance que votre persévérance dans la tyrannie doit accroître encore. Non-seulement il ne posera pas les armes, mais il augmentera ses forces jusqu'à ce qu'il ait conquis la liberté des mers qui est son premier droit et le patrimoine de toutes les nations. Si les suites afffigeantes de la guerre se prolongent, si le séjour des troupes françaises est à charge aux pays qu'elles occupent, c'est à vou z qu'il faut s'en prendre tous les maux qui ont tourmenté l'Europe sont venus de vous seuls. Les lieux communs diplomatiques ne résolvent pas de si grandes questions. Quand vous voudrez la paix, la France sera prête à la faire ; vous ne pouvez l'ignorer, vous ne l'ignorez point. On peut citer à ce sujet une anecdote qui est généralement connue. Lorsque la garde impériale partit pour Jéna, et que l'on sut que peu de jours après l'empereur devait partir pour l'armée, lord Lauderdale demanda à M. de Champagny si, dans le cas où l'Angleterre ferait la paix, l'empereur Napoléon consentirait à s'arrêter et à contremander la marche de ses troupes contre la Prusse l'empereur fit répondre. affirmativement. D'un

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