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'La première fois que le roi de Prusse a dîné chez l'empereur Napoléon, S. M. a porté la santé de la reine de Prusse. Le 29, le prince Alexandre Kourakin, ambassadeur et ministre plénipotentiaire de l'empereur Alexandre, a été présenté à l'empereur Napoléon.

Le 30, la garde impériale a donné un dîner de corps à la garde impériale russe. Les choses se sont passées avec beaucoup d'ordre. Cette réunion a produit beaucoup de gaîté dans la ville.

La place de Glatz a capitulé. Le fort de Silberberg est la seule place de la Silésie qui tienne encore.

Tilsitt, le 7 juillet 1807.

La reine de Prusse est arrivée ici hier à midi. A midi es demi l'empereur Napoléon est allé lui rendre visite.

Les trois souverains ont fait chaque jour, à six heures du soir, leurs promenades accoutumées. Ils ont ensuite dîné chez l'empereur Napoléon avec la reine de Prusse, le grand-duc Constantin, le prince Henri de Prusse, le grand-duc de Berg et le prince royal de Bavière.

On a distribué à l'ordre de la grande armée la notice sui

vante :

Au quartier-général impérial à Tilsitt, le 9 juillet 1807.

Notice pour l'armée.

La paix a été conclue entre l'empereur des Français et l'empereur de Russie, hier 8 juillet, à Tilsitt, et signée par le prince de Bénévent, ministre des relations extérieures de France, et par les princes Kourakin et Labanoff de Rostow, pour l'empereur de Russie, chacun de ces plénipotentiaires étant muni de pleins-pouvoirs de leurs souverains respectifs.

A

Les ratifications ont été échangées aujourd'hui 9 juillet, ces deux souverains se trouvant encore à Tilsitt.

Tilsitt, le 9 juillet 1807.

L'échange des ratifications du traité de paix entre la France et la Russie a eu lieu aujourd'hui à neuf heures du matin. A onze heures, l'empereur Napoléon, portant le grand cordon de l'ordre de Saint-André, s'est rendu chez l'empereur Alexandre, qui l'a reçu à la tête de sa garde, et ayant la grande décoration de la légion-d'honneur.

L'empereur a demandé à voir le soldat de la garde russe qui s'était le plus distingué ; il lui a été présenté. S. M., en témoignage de son estime pour la garde impériale russe, a donné à ce brave l'aigle d'or de la légion-d'honneur.

Les empereurs sont restés ensemble pendant trois heures, et sont ensuite montés à cheval; ils se sont rendus au bord du Niémen, où l'empereur Alexandre s'est embarqué. L'empereur Napoléon est demeuré sur le rivage jusqu'à ce que l'empereur Alexandre fût arrivé à l'autre bord. Les marques d'affection que ces princes se sont données en se séparant, ont excité la plus vive émotion parmi les nombreux spectateurs qui s'étaient rassemblés pour voir les plus grands souverains du monde, offrir dans les témoignages de leur union et de leur amitié un solide garant du repos de la terre.

L'empereur Napoléon a fait remettre le grand cordon de la légion d'honneur au grand-duc Constantin, au prince Kourakin, au prince Labanoff et à M. de Budberg.

L'empereur Alexandre a donné le grand ordre de SaintAndré au prince Jérôme Napoléon, roi de Westphalie, au grand-duc de Berg et de Clèves, au prince de Neufchâtel et au prince de Bénévent.

A trois heures de l'après midi, le roi de Prusse est venu voir l'empereur Napoléon. Ces deux souverains se sont entretenus

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pendant une demi-heure. Immédiatement après, l'empereur Napoléon a rendu au roi de Prusse sa visite; il est ensuite parti pour Konigsberg.

Ainsi, les trois souverains ont séjourné pendant vingt jours à Tilsitt. Cette petite ville était le point de réunion des deux armées. Ces soldats qui naguères étaient ennemis, se donnaient des témoignages réciproques d'amitié qui n'ont pas été troublés par le plus léger désordre.

Hier, l'empereur Alexandre avait fait passer le Niémen à une dixaine de Baschirs qui ont donné à l'empereur Napoléon un concert à la manière de leur pays.

L'empereur, en témoignage de son estime pour le général Platów, hetman des cosaques, lui a fait présent de son por

trait.

Les Russes ont remarqué que le 27 juin (style russe, 9 juillet du calendrier grégorien), jour de la ratification du traité de paix, est l'anniversaire de la bataille de Pultawa, qui fut si glorieuse et qui assura tant d'avantages à l'empire de Russie; ils en tirent un augure favorable pour la durée de la paix et de l'amitié qui viennent de s'établir entre ces deux grands empires.

Koenigsberg, le 12 juillet 1807.

Quatre-vingt-septième bulletin de la grande armée.

Les empereurs de France et de Russie, après avoir séjourné pendant vingt jours à Tilsitt, où les deux maisons impériales, situées dans la même rue, étaient à peu de distance l'une de l'autre, se sont séparés le 9, à trois heures après midi, en se donnant les plus grandes marques d'amitié. Le journal de ce qui s'est passé pendant leur séjour, sera d'un véritable intérêt pour les deux peuples.

Après avoir reçu, à trois heures et demie, la visite d'adieu

'du roi de Prusse, qui est retourné à Memel, l'empereur Napoléon est parti pour Koenigsberg, où il est arrivé le 10 à quatre heures du matin.

Il a fait hier la visite du port dans un canot qui était servi par les marins de la garde. S. M. passe aujourd'hui la revue du corps du maréchal Soult, et part demain, à deux heures du matin, pour Dresde.

Le nombre des Russes tués à la bataille de Friedland s'élève à dix-sept mille cinq cents, celui des prisonniers est de quarante mille, dix-huit mille sont passés à Koenigsberg, sept mille sont restés malades dans les hôpitaux, le reste a été dirigé sur Thorn et Varsovie.

Les ordres ont été donnés pour qu'ils fussent renvoyés en Russie sans délai, sept mille sont déjà revenus à Koenigsberg, et vont être rendus.

Ceux qui sont en France seront formés en régimens provisoires. L'empereur a ordonné de les habiller et de les armer.

Les ratifications du traité de paix entre la France et la Russie avaient été échangées à Tilsitt le 9; celles du traité de paix entre la France et la Prusse l'ont été ici aujourd'hui

Les plénipotentiaires chargés de ces négociations étaient, pour la France, M. le prince de Bénévent; pour la Russie, le prince Kourakin et le prince Labanoff; pour la Prusse, le feld-maréchal Kalkreuth et le comte de Glotz.

Après de tels événemens on ne peut s'empêcher de sourire quand on entend parler de la grande expédition anglaise et de la nouvelle frénésie qui s'est emparée du roi de Suède.

On doit remarquer d'ailleurs que l'armée d'observation de l'Elbe et de l'Oder était de soixante-dix mille hommes, indépendamment de la grande armée, et non compris les divisions espagnoles qui sont en ce moment sur l'Oder.

Ainsi, il aurait fallu que l'Angleterre mit en expédition

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toute son armée, ses milices, ses volontaires, ses fencibles, pour opérer une diversion sérieuse.

Quand on considère que, dans de telles circonstances, elle a envoyé six mille hommes se faire massacrer par les Arabes, et sept mille hommes dans les Indes espagnoles, on ne peut qu'avoir pitié de l'excessive avidité qui tourmente ce cabinet.

La paix de Tilsitt met fin aux opérations de la grande armée, mais toutes les côtes, tous les ports de la Prusse n'en resteront pas moins fermés aux Anglais. Il est probable que le blocus continental ne sera pas un vain mot.

La Porte a été comprise dans le traité. La révolution qui vient de s'opérer à Constantinople est une révolution antichrétienne qui n'a rien de commun avec la politique de l'Europe. L'adjudant-commandant Guilleminot est parti pour la Bessarabie, où il va informer le grand-visir de la paix, de la liberté qu'a la Porte d'y prendre part, et des conditions qui la concernent.

Koenigsberg, le 13 juillet 1807.

L'empereur a passé hier la revue du quatrième corps d'armée. Arrivé au vingt-sixième régiment d'infanterie légère, on lui présenta le capitaine de grenadiers Roussel. Ce brave soldat, fait prisonnier à l'affaire de Aoff, avait été remis aux Prussiens. Il se trouva dans un appartement où un insolent officier se livrait à toute espèce d'invectives contre l'empereur. Roussel supporta d'abord patiemment ces injures, mais enfin il se lève fièrement en disant : « Il n'y a que des lâches qui puissent tenir de pareils propos contre l'empereur Napoléon devant un de ses soldats. Si je suis contraint d'entendre. de pareilles infamies, je suis à votre discrétion, donnez-moi la mort. » Plusieurs autres officiers prussiens qui étaient présens, ayant autant de jactance que peu de mérite et d'honneur, voulurent se porter contre ce brave militaire à des voies de

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