Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

Finckenstein, le 23 avril 1807.

Soixante-douzième bulletin de la grande armée.

Les opérations du maréchal Mortier ont réussi comme on pouvait le désirer. Les Suédois ont eu l'imprudence de passer la Peene, de déboucher sur Anklam et Demmin, et de se porter sur Passewalk. Le 16, avant le jour, le maréchal Mortier réunit ses troupes, déboucha de Passewalk sur la route d'Anklam, culbuta les positions de Belling et de Ferdinandshoff, fit quatre cents prisonniers, prit deux pièces de canon, entra pêle-mêle avec l'ennemi dans Anklam et s'empara de son pont sur la Peene.

3

[ocr errors]

La colonne du général suédois Cardell a été coupée. Elle était à Uckermünde, lorsque nous étions déjà à Anklam. Lẹ général en chef d'Armfeld a été blessé d'un coup de mitraille; tous les magasins de l'ennemi ont été pris.

La colonne coupée du général Cardell a été attaquée le 17 à Uckermünde, par le général de brigade Veau. Elle a perdu trois pièces de canon et cinq cents prisonniers; le reste s'est embarqué sur des chaloupes canonnières sur le Haff. Deux autres pièces de canon et cent hommes ont été pris du côté de Demmin.

[ocr errors]

Le baron d'Essen qui se trouve commander l'armée suédoise en l'absence du général d'Armfeld, a proposé une trève au général Mortier, en lui faisant connaître qu'il avait l'autorisation spéciale du roi pour sa conclusion. La paix et même une trève accordée à la Suède remplirait les plus chers désirs de l'empereur, qui a toujours éprouvé une véritable douleur de faire la guerre à une nation généreuse, brave, géographiquement et historiquement amie de la France. Et dans le fait, le sang suédois doit-il être versé pour la défense de l'empire ottoman ou pour sa ruine! Doit-il être versé pour maintenir

3

l'équilibré des mers ou pour leur asservissement? Qu'a à craindre la Suède de la France? Rien. Qu'a-t-elle à craindre de la Russie? Tout. Ces raisons sont trop solides pour que, dans un cabinet aussi éclairé, et chez une nation qui a des lumières et de l'opinion, la guerre actuelle n'ait promptement un terme. Immédiatement après la bataille d'Iéna, l'empereur fit connaître le désir qu'il avait de rétablir les anciennes relations de la Suède avec la France. Ces premières ouvertures furent faites au ministre de Suède à Hambourg; mais elles furent repoussées. L'instruction de l'empereur à ses généraux a toujours été de traiter les Suédois comme des amis avec lesquels la nature des choses ne tardera pas à nous remettre en paix. Ce sont-là les plus chers intérêts des deux peuples. <«< S'ils nous faisaient du mal, ils le pleureraient un jour ; et nous, nous voudrions réparer le mal que nous leur aurions fait. L'intérêt de l'état l'emporte tôt ou tard sur les brouilleries et sur les petites passions. » Ce sont les propres termes des ordres de l'empereur. C'est dans ce sentiment que l'empereur a contremandé les opérations du siége de Stralsund, en a fait revenir les mortiers et les pièces qu'on y avait envoyés de Stettin. Il écrivait dans ces termes au général Mortier: «Je regrette déjà ce qui s'est fait. Je suis fâché que le beau faubourg de Stralsund ait été brûlé. Est-ce à nous à faire du mal à la Suède ? Ceci n'est qu'un rêve: c'est à nous à la défendre, et non à lui faire du mal. Faites-lui en le moins que vous pourrez; proposez au gouverneur de Stralsund un armistice, une suspension d'armes, afin d'alléger et de rendre moins funeste une guerre que je regarde comme criminelle, parce qu'elle est impolitique. »

[ocr errors]

Une suspension d'armes a été signée le 18, entre le maréchal Mortier et le baron d'Essen.

[ocr errors]

Le siége de Dantzick se continue.

Le 16 avril, à huit heures du soir, un détachement de deux

mille hommes, et six pièces de canon de la garnison de Glatz, marcha sur la droite de la position de Franckenstein; le lendemain, 17, à la pointe du jour, une nouvelle colonne de huit cents hommes sortit de Silberberg. Ces troupes réunies marchèrent sur Franckenstein et commencèrent l'attaque à einq heures du matin pour en déloger le général Lefebvre, qui était là avec son corps d'observation.

Le prince Jérôme partit de Munsterberg au premier coup de canon, et arriva à dix heures du matin à Frankenstein.. L'ennemi a été complètement battu et poursuivi jusque sur les chemins couverts de Glatz. On lui a fait six cents prisonniers et pris trois pièces de canon. Parmi les prisonniers, se trouvent un major et huit officiers; trois cents morts sont restés sur le champ de bataille: quatre cents hommes s'étant perdus dans les bois, furent attaqués à onze heures du matin et pris. Le colonel Beckers, commandant le sixième régiment de ligne bavarois, et le colonel Scharfenstein, des troupes de Wurtemberg, ont fait des prodiges de valeur. Le premier, quoique blessé à l'épaule, ne voulut point quitter le champ de bataille; il se portait partout avec son bataillon, et partout faisait des prodiges.

L'empereur a accordé à chacun de ces officiers l'aigle de la légion-d'honneur. Le capitaine Brockfeld, commandant provisoirement les chasseurs à cheval de Wurtemberg, s'est fait remarquer. C'est lui qui a pris les pièces de canon.

Le siége de Neiss avance. La ville est déjà à demi-brûlée, et les tranchées approchent de la place.

De notre camp impérial de Finckenstein, le 5 mai 1807. Lettre de S. M. à son ministre des cultes, sur la mort de M. Meyneau-Pancemont, évêque de Vannes.

Monsieur Portalis, nous avons appris avec une profonde douleur la mort de notre bien-aimé évêque de Vannes, Mey

neau-Pancemont. A la lecturé de votre lettre, les vertus qui distinguent ce digne prélat, les services qu'il a rendus à notre sainte religion, à notre couronne, à nos peuples, la situation des églises et des consciences dans le Morbihan, au moment où il arriva à l'épiscopat; tout ce que nous devons à son zèle, à ses lumières, à cette charité évangélique qui dirigeait toutes ses actions; tous ces souvenirs se sont présentés à la fois à notre esprit. Nous voulons que vous fassiez placer sa statue en marbre dans la cathédrale de Vannes : elle excitera ses successeurs à suivre l'exemple qu'il leur a tracé; elle fera conmaître tout le cas que nous faisons des vertus évangéliques d'un véritable évêque, et couvrira de confusion ces faux pasteurs qui ont vendu leur foi aux ennemis éternels de la France et de la religion catholique, apostolique et rómaine, dont toutes les paroles appellent l'anarchie, la guerre, le désordre et la rebellion. Enfin, elle sera pour nos peuples du Morbihan une nouvelle preuve de l'intérêt que nous prenons à leur bonheur. De toutes les parties de notre empiré, c'est une de celles qui sont le plus souvent présentes à notre pensée, parce que e'est une de celles qui ont le plus souffert des malheurs des temps passés. Nous regrettons de n'avoir pu encore la visiter; mais un de nos premiers voyages que nous ferons à notre retour dans nos états, ce sera de voir par nos propres yeux cette partie si intéressante de nos peuples. Cette lettre n'étant pas à autre fin, nous prions Dieu qu'il vous ait en sa sainte garde. NAPOLEON.

Elbing, le 8 mai 1807.

Soixante-treizième bulletin de la grande armée.

L'ambassadeur persan a reçu son audience de congé. Il a apporté de très-beaux présens à l'empereur de la part de son maître, et a reçu en échange le portrait de l'empereur, en

richi de très-belles pierreries. Il retourne en Perse directement: c'est un personnage très-considérable dans son pays, et un homme d'esprit et de beaucoup de sagacité : son retour dans sa patrie était nécessaire. Il a été réglé qu'il y aurait désormais une légation nombreuse de Persans à Paris, et de Français à Téhéran.

L'empereur s'est rendu à Elbing, et a passé la revue de dix-huit à vingt mille hommes de cavalerie, cantonnés dans les environs de cette ville et dans l'île de Nogat, pays qui ressemble beaucoup à la Hollande. Le grand-duc de Berg a commandé la manoeuvre. A aucune époque, l'empereur n'avait vu sa cavalerie en meilleur état et mieux disposée.

1

Le journal du siége de Danzick fera connaître qu'on s'est logé dans le chemin couvert, que les feux de la place sont éteints, et donnera les détails de la belle opération qu'a dirigée le général Drouet, et qui a été exécutée par le colonel Aimé, le chef de bataillon Arnault, du deuxième léger, et le capitaine Avy. Cette opération a mis en notre pouvoir une île que défendaient mille Russes, et cinq redoutes garnies d'artillerie, et qui est très-importante pour le siége, puisqu'elle prend de revers la position que l'on attaque. Les Russes ont été surpris dans leurs corps-de-garde : quatre cents ont été égorgés à la baïonnette, sans avoir le temps de se défendre, et six cents ont été faits prisonniers. Cette expédition qui a eu lieu dans la nuit du 6 au 7, a été faite en grande partie par les troupes de Paris, qui se sont couvertes de gloire.

Le temps devient plus doux, les chemins sont excellens, les bourgeons paraissent sur les arbres, l'herbe commence à couvrir les campagnes ; mais il faut encore un mois pour que la cavalerie puisse trouver à vivre.

L'empereur a établi à Magdebourg,, sous les ordres du, maréchal Brune, un corps d'observation qui sera composé

« ZurückWeiter »