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Bucharest, les officiers turcs paraissaient fort animês ; ils disaient à un officier français qui se trouvait dans cette ville: « Les Français verront de quoi nous sommes capables. Nous formerons la droite de l'armée de Pologne; nous nous, montrerons digne d'être loués par l'empereur Napoléon.

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Tout est en mouvement dans ce vaste empire: les scheicks et les ulliemas donnent l'impulsion, et tout le monde court aux arines pour repousser la plus injuste des agressions.

M. Italinski n'a évité jusqu'à présent d'être mis aux SeptTours, qu'en promettant qu'au retour de son courrier les Russes auraient l'ordre d'abandonner la Moldavie, et de rendre Choczim et Bender.

Les Serviens, que les Russes ne désavouent plus pour alliés, se sont emparés d'une île du Danube qui appartient à l'Autriche, et d'où ils canonnent Belgrade. Le gouvernement autrichien a ordonné de la reprendre.

pas

L'Autriche et la France sont également intéressées à ne voir la Moldavie, la Valachie, la Servie, la Grèce, la Romélie, la Natolie, devenir le jouet de l'ambition des Moscovites.

L'intérêt de l'Angleterre dans cette contestation est au moins aussi évident que celui de la France et de l'Autriche, mais le reconnaîtra-t-elle ? Imposera-t-elle silence à la haine qui dirige son cabinet? Ecoutera-t-elle les leçons de la politique et de l'expérience? Si elle ferme les yeux sur l'avenir, si elle ne vit qu'au jour le jour, si elle n'écoute que sa jalousie contre la France, elle déclarera peut-être la guerre à la Porte; elle se fera l'auxiliaire de l'insatiable ambition des Russes; elle creusera elle-même un abîme dont elle ne re connaîtra la profondeur qu'en y tombant.

Varsovie, le 14 janvier 1807.

Cinquante-unième bulletin de la grande armée.

Le 29 décembre, une dépêche du général Benigsen parvint à Koenigsberg, au roi de Prusse. Elle fut sur-le-champ publiée et placardée dans toute la ville, où elle excita les transports de la plus vive joie. Le roi reçut publiquement des complimens, mais le 31 au soir, on apprit, par des officiers prussiens et par d'autres relations du pays, le véritable état des choses. La tristesse et la consternation furent alors d'autant plus grandes, qu'on s'était plus entièrement livré à l'allégresse. On songea dès-lors à évacuer Koenigsberg, et l'on en fit sur-le-champ tous les préparatifs. Le trésor et les effets les plus précieux furent aussitôt dirigés sur Memel. La reine, qui était assez malade, s'embarqua le 3 janvier pour cette ville. Le roi partit le 6 pour s'y rendre. Les débris de la division du général Lestocq se replièrent aussi sur cette place, en laissant å Koenigsberg deux bataillons et une compagnie d'invalides.

Le ministère du roi de Prusse est composé de la manière Suivante :

M. le général de Zastrow est nommé ministre des affaires étrangères;

M. le général Ruchel, encore malade de la blessure qu'il a reçue à la bataille de Jéna, est nommé ministre de la guerre ;

M. le président de Sagebarthe est nommé ministre de l'intérieur.

Voici en quoi consistent maintenant les forces de la monarchie prussienne :

Le roi est accompagné par quinze cents hommes de troupes, tant à pied qu'à cheval.

Le général Lestocq a à-peu-près cinq mille hommes, y compris les deux bataillons laissés à Koenigsberg avec la compagnie d'invalides;

Le lieutenant-général Hamberg commande à Dantzick, où il a six mille hommes de garnison. Les habitans ont été désarmés. On leur a intimé qu'en cas d'alerte, les troupes feront feu sur tous ceux qui sortiront de leurs maisons.

Le général Gutadon commande à Colberg avec dix-huit cents hommes.

Le lieutenant-général Courbière est à Graudentz avec trois mille hommes.

Les troupes françaises sont en mouvement pour cerner et assiéger ces places.

Un certain nombre de recrues que le roi de Prusse avait fait réunir, et qui n'étaient ni habillées ni armées, ont été licenciées, parce qu'il n'y avait plus de moyen de les contenir.

Deux ou trois officiers anglais étaient à Koenigsberg, et faisaient espérer l'arrivée d'une armée anglaise.

Le prince de Pless a en Silésie douze ou quinze cents hommes enfermés dans les places de Brieg, Neisse, Schweidnitz et Kosel, que le prince Jérôme a fait investir.

Nous ne dirons rien de la ridicule dépêche du général Benigsen; nous remarquerons seulement qu'elle paraît contenir quelque chose d'inconcevable. Ce général seinble accuser son collégue le général Buxhowden; il dit qu'il était à Makow. Comment pouvait-il ignorer que le général Buxhowden était allé jusqu'à Golymin, où il avait été battu? Il prétend avoir remporté une victoire, et cependant il était en pleine retraite à dix heures du soir, et cette retraite fut si précipitée, qu'il abandonna ses blessés. Qu'il nous montre une seule pièce de canon, un seul drapeau français, un seul prisonnier, hormis douze ou quinze hommes isolés qui peuvent avoir été pris par les cosaques sur les derrières de l'armée, tandis que

nous pouvons lui montrer six mille prisonniers, deux drapeaux qu'il a perdus près de Pultusk, et trois mille blessés qu'il a abandonnés dans sa fuite. Il dit encore qu'il a eu contre lui le grand-duc de Berg et le maréchal Davoust, tandis qu'il n'a eu affaire qu'à la division Suchet, du corps du maréchal Lannes. Le dix-septième d'infanterie légère, le trente-quatrième de ligne, le soixante-quatrième et le quatrevingt-huitième, sont les seuls régimens qui se soient battus contre lui. Il faut qu'il ait bien peu réfléchi sur la position de Pultusk, pour supposer que les Français voulaient s'emparer de cette ville. Elle est dominée à portée de pistolet.

Si le général Buxhowden a fait de son côté une relation aussi véridique du combat de Golymin, il deviendra évident que l'armée française a été battue, et que, par suite de sa défaite, elle s'est emparée de cent pièces de canon et de seize cents voitures de bagages, de tous les hôpitaux de l'armée russe, de tous ses blessés, et des importantes positions de Sieroch, de Pultusk, d'Ostrolenka, et qu'elle a obligé l'ennemi à reculer de quatre-vingt lieues.

Quant à l'induction que le général Benigsen veut tirer de ce qu'il n'a pas été poursuivi, il suffira d'observer qu'on se serait bien gardé de le poursuivre, puisqu'il était débordé de deux journées, et que, sans les mauvais chemins, qui ont empêché le maréchal Soult de suivre ce mouvement, le général russe aurait trouvé les Français à Ostrolenka.

Il ne reste plus qu'à chercher quel peut être le but d'une pareille relation. Il est le même, sans doute, que celui que se proposaient les Russes dans les relations qu'ils ont faites de la bataille d'Austerlitz. Il est le même, sans doute, que celui des ukases par lesquels l'empereur Alexandre refusait la grande décoration de l'ordre de Saint-Georges, parce que, disait-il, il n'avait pas commandé à cette bataille, et acceptait la petite décoration pour les succès qu'il y avait obtenus,

quoique sous le commandement de l'empereur d'Autriche. Il y a cependant un point de vue sous lequel la relation ́du général Benigsen peut être justifiée. On a craint sans doute l'effet de la vérité dans les pays de la Pologne prussienne et de la Pologne russe, que, l'ennemi avait à traverser, si elle y` était parvenue avant qu'il eût pu mettre ses hôpitaux et ses détachemens isoles à l'abri de toute insulte.

Ces relations, aussi évidemment ridicules, peuvent avoir encore pour les Russes l'avantage de retarder de quelques jours l'élan que des récits fidèles donneraient aux Turcs, et il est des circonstances où quelques jours sont un délai d'une certaine importance. Cependant l'expérience a prouvé que toutes ces ruses vont contre leur but, et qu'en toutes choses la simplicité et la vérité sont les meilleurs moyens de politique.

Varsovie, le 19 janvier 1807.

·Cinquante-deuxième bulletin de la grande armée.

Le huitième corps de la grande armée, que commande le maréchal Mortier, a détaché un bataillon du deuxième régiment d'infanterie légère sur Wollin. Trois compagnies de ce bataillon y étaient à peine arrivées, qu'elles furent attaquées avant le jour par un détachement de mille hommes d'infanterie, avec cent cinquante chevaux et quatre pièces de canon. Ce détachement venait de Colberg, dont la garnison étend ses courses jusque-là. Les trois compagnies d'infanterie légère française ne s'étonnèrent point du nombre de leurs ennemis et lui enlevèrent un pont et ses quatre pièces de canon, et lui firent cent prisonniers ; le reste prit la fuite, en laissant beaucoup de morts dans la ville de Wollin, dont les rues sont jonchées de cadavres prussiens.

La ville de Brieg, en Silésie, s'est rendue après un siége

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