Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

quartier du général Hohenlohe, qui le retint auprès de lui, et qui prit la lettre dont il était porteur.

Le camp du roi de Prusse était à deux lieues en arrière. Ce prince devait donc recevoir la lettre de l'empereur au plus tard à six heures du soir. On assure cependant qu'il ne la reçut 'que le 14, à neuf heures du matin, c'est-à-dire, lorsque déjà l'on se battait.

On rapporte aussi que le roi de Prusse dit àlors : « Si cette lettre était arrivée plus tôt, peut-être aurait-on pu ne pas se battre; mais ces jeunes gens ont la tête tellement montée, que s'il eût été question hier de la paix, je n'aurais pas ramené lé tiers de mon armée à Berlin. »

Le roi de Prusse a eu deux chevaux tués sous lui, et a reçu un coup de fusil dans la manche.

Le duc de Brunswick a eu tous les torts dans cette guerre ; 'il a mal conçu et mal dirigé les mouvemens de l'armée; il croyait l'empereur à Paris, lorsqu'il se trouvait sur ses flancs; il pensait avoir l'initiative des mouvemens, et il était déjà tourné..

Au reste, la veille de la bataille, la consternation était déjà dans les chefs; ils reconnaissaient qu'on était mal posté, et qu'on allait jouer le va-tout de la monarchie. Ils disaient tous: «Eh bien? nous paierons de notre personne ». Ce qui est, d'ordinaire, le sentiment des hommes qui conservent peu d'espérance.

La reine se trouvait toujours au quartier général à Weimar; il a bien fallu lui dire enfin que les circonstances étaient sérieuses, et que le lendemain il pouvait se passer de grands événemens pour la monarchie prussienne. Elle voulait que le roi lui dît de s'en aller ; et, en effet elle fut mise dans le cas de partir.

Lord Morpeth, envoyé par la cour de Londres pour mar chander le sang prussien, mission véritablement indigne

in homme tel que lui, arriva le 11 à Weimar, chargé de re des offres séduisantes, et de proposer des subsides conérables. L'horizon s'était déja fort obscurci, le cabinet ne ulut pas voir cet envoyé ; il lui fit dire qu'il y avait peute peu de sûreté pour sa personne, et il l'engagea à reurner à Hambourg, pour y attendre l'événement. Qu'aurait - la duchesse de Devonshire, si elle avait vu son gendre argé de souffler le feu de la guerre, de venir offrir un or poisonné, et obligé de retourner sur ses pas tristement et grande hâte ? On ne peut que s'indigner de voir l'Anglere compromettre de la sorte des agens estimables et jouer rôle aussi odieux.

On n'a point encore de nouvelles de la conclusion d'un ité entre la Prusse et la Russie, et il est certain qu'aucun asse n'a paru, jusqu'à ce jour, sur le territoire prussien. u reste, l'armée désire fort les voir; ils trouveront Austerz en Prusse.

Le prince Louis-Ferdinand de Prusse, et les autres généux qui ont succombé sous les premiers coups des Franis, sont aujourd'hui désignés comme les principaux moteurs cette incroyable frénésie. Le roi, qui en a couru toutes chances, et qui supporte tous les malheurs qui en ont été résultat, est de tous les hommes entraînés par elle, celui si y était demeuré le plus étranger.

Il y a à Leipsick une telle quantité de marchandises glaises, qu'on a déjà offert soixante millions pour les cheter.

On se demande ce que l'Angleterre gagnera à tout ceci. lle pouvait recouvrer le Hanovre, garder le cap de Bonnespérance, conserver Malte, faire une paix honorable, et endre la tranquillité au Monde. Elle a voulu exciter la russe contre la France, pousser l'empereur et la France à eh bien ! elle a conduit la Prusse à sa ruine, procuré à

out;

l'empereur une plus grande gloire, à la France une plus grande puissance; et le temps approche où l'on pourra déclarer l'Angleterre en état de blocus continental. Est-ce donc avec du sang que les Anglais ont espéré alimenter leur commerce et ranimer leur industrie? De grands malheurs peuvent fondre sur l'Angleterre; l'Europe les attribuera à la perte de ce ministre honnête homme, qui voulait gouverner par des idées grandes et libérales, et que le peuple anglais pleurera un jour avec des larmes de sang.

Les colonnes françaises sont déjà en marche sur Potsdam et Berlin. Les députés de Potsdam sont arrivés demander une sauve-garde.

pour

Le quartier impérial est aujourd'hui à Wittemberg.

Wittemberg, le 24 octobre 1806.

Seizième bulletin de la grande armée.

Le duc de Brunswick a envoyé son maréchal du palais à l'empereur. Cet officier était chargé d'une lettre par laquelle le duc recommandait ses états à S. M.

L'empereur lui a dit : Si je faisais démolir la ville de Brunswick, et si je n'y laissais pas pierre sur pierre, que dirait votre prince? La loi du talion ne me permet-elle pas de faire à Brunswick ce qu'il voulait faire dans ma capitale? Annoncer le projet de démolir des villes, cela peut être insensé, mais vouloir ôter l'honneur à toute une armée de braves gens, lui proposer de quitter l'Allemagne par journées d'étapes, à la seule sommation de l'armee prussienne, voilà ce que la postérité aura peine à croire. Le duc de Brunswick n'eût jamais dû se permettre un tel outrage; lorsqu'on a blanchi sous les armes, on doit respecter l'honneur militaire, et ce n'est pas d'ailleurs dans les plaines de Champagne que ce général a pu acquérir le droit de traiter les drapeaux

français avec un tel mépris. Une pareille sommation ne déshonorera que le militaire qui l'a pu faire. Ce n'est pas au roi de Prusse que restera ce déshonneur, c'est au chef de son conseil militaire, c'est au général à qui, dans ces circonstances difficiles, il avait remis le soin des affaires; c'est enfin le duc de Brunswick que la France et la Prusse peuvent accuser seul de la guerre. La frénésie dont ce vieux général a donné l'exemple, a autorisé une jeunesse turbulente et entraîné le roi contre sa propre pensée et son intime conviction. Toutefois, monsieur, dites aux habitans du pays de Brunswick qu'ils trouveront dans les Français des ennemis généreux que je désire adoucir à leur égard les rigueurs de la guerre, et que le mal que pourrait occasioner le passage des troupes, serait contre mon gré. Dites au général Brunswick qu'il sera traité avec tous les honneurs dus à un officier prussien; nais que je ne puis reconnaître dans un général prussien, un souverain. S'il arrive que la maison de Brunswick perde la ouveraineté de ses ancêtres, elle ne pourra s'en prendre qu'à 'auteur de deux guerres qui, dans l'une, voulut saper jusque dans ses fondemens la grande capitale ; qui, dans l'autre, prétendit déshonorer deux cent mille braves, qu'on parvienrait peut-être à vaincre, mais qu'on ne surprendra jamais nors du chemin de l'honneur et de la gloire. Beaucoup de sang ■été versé en peu de jours; de grands désastres pèsent sur a monarchie prussienne. Qu'il est digne de blâme cet homme qui d'un mot pouvait les prévenir, si, comme Nestor, élevant a parole au milieu des conseils, il avait dit :

<«< Jeunesse inconsidérée, taisez-vous; femmes, retournez à os fuseaux et rentrez dans l'intérieur de vos ménages; et vous, fire, croyez-en le compagnon du plus illustre de vos prédéesseurs : puisque l'empereur Napoléon ne veut pas la guerre, e le placez pas entre la guerre et le déshonneur; ne vous enagez pas dans une lutte dangereuse avec une armée qui s'ho

[graphic]
« ZurückWeiter »