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marches qu'elle eût faites depuis son départ de Paris. Mais il est des momens à la guerre où aucune considération ne doit balancer l'avantage de prévenir l'ennemi et de l'attaquer le premier. L'empereur fit ranger sur le plateau qu'occupait l'avant-garde, que l'ennemi paraissait avoir négligé, et vis-àvis duquel il était en position, tout le corps du maréchal Lannes; ce corps d'armée fut rangé par les soins du général Victor, chaque division formant une aile. Le maréchal Lefebvre fit ranger au sommet la garde impériale en bataillon carré. L'empereur bivouaqua au milieu de ses braves. La nuit offrait un spectacle digne d'observation, celui de deux armées dont l'une déployait son front sur six lieues d'étendue, et embrasait de ses feux l'atmosphère, l'autre dont les feux apparens étaient concentrés sur un petit point; et dans l'une et l'autre armée, de l'activité et du mouvement; les feux des deux armées étaient à une demi-portée de canon; les sentinelles se touchaient presque, et il ne se faisait pas un mouvement qui ne fût entendu.

Les corps des maréchaux Ney et Soult passaient la nuit en marche. A la pointe du jour, toute l'armée prit les armes. La division Gazan était rangée sur trois lignes, sur la gauche du plateau. La division Suchet formait la droite; la garde impériale occupait le sommet du monticule; chacun de ces corps ayant ses canons dans les intervalles. De la ville et des vallées voisines on avait pratiqué des débouchés qui permettaient le déploiement le plus facile aux troupes qui n'avaient pu être placées sur le plateau; car c'était peut-être la première fois qu'une armée devait passer par un si petit débouché.

Un brouillard épais obscurcissait le jour. L'empereur passa devant plusieurs lignes. Il recommanda aux soldats de se tenir en garde contre cette cavalerie prussienne qu'on peignait comme si redoutable. Il les fit souvenir qu'il y avait un an qu'à la même époque ils avaient pris Ulm ; que l'armée prus

enne, comme l'armée autrichienne, était aujourd'hui cere, ayant perdu sa ligne d'opérations, ses magasins; qu'elle se battait plus dans ce moment pour la gloire, mais pour retraite; que cherchant à faire une trouée sur différens ints, les corps d'armée qui la laisseraient passer, seraient rdus d'honneur et de réputation. A ce discours animé, le Idat répondit par des cris de marchons. Les tirailleurs engèrent l'action, la fusillade devint vive. Quelque bonne e fût la position que l'ennemi occupait, il en fut débusé, et l'armée française, débouchant dans la plaine, comença à prendre son ordre de bataille.

De son côté, le gros de l'armée ennemie, qui n'avait eu le ojet d'attaquer que lorsque le brouillard serait dissipé, prit sarmes. Un corps de cinquante mille hommes de la gauche, se osta pour couvrir les défilés de Naumbourg et s'emparer des bouchés de Koesen; mais il avait déjà été prévenu par le machal Davoust. Les deux autres corps formant une force de 0,000 hommes, se portèrent en avant de l'armée française ai débouchait du plateau de Jéna. Le brouillard couvrit les eux armées pendant deux heures, mais enfin il fut dissipé ar un beau soleil d'automne. Les deux armées s'aperçurent petite portée de canon. La gauche de l'armée française, apyée sur un village et des bois, était commandée par le ma chal Augereau. La garde impériale la séparait du centre 'occupait le maréchal Lannes. La droite était formée par corps du maréchal Soult; le maréchal Ney n'avait qu'un mple corps de trois mille hommes, seules troupes qui fussent rivées de son corps d'armée.

L'armée ennemie était nombreuse et montrait une belle avalerie. Ses manoeuvres étaient exécutées avec précision et apidité. L'empereur eût désiré retarder de deux heures d'en enir aux mains, afin d'attendre dans la position qu'il venait e prendre après l'attaque du matin, les troupes qui devaient

le joindre, et surtout sa cavalerie; mais l'ardeur française l'emporta. Plusieurs bataillons s'étant engagés, au village de Hollstedt, il vit l'ennemi s'ébranler pour les en déposter. Le maréchal Lannes reçut ordre sur-le-champ de marcher en échelons pour soutenir ce village. Le maréchal Soult avait attaqué un bois sur la droite; l'ennemi ayant fait un mouvement de sa droite sur notre gauche, le maréchal Augereau fut chargé de le repousser; en moins d'une heure, l'action devint générale ; deux cent cinquante ou trois cent mille hom→ mes avec sept ou huit cents pièces de canon, semaient partout la mort, et offraient un de ces spectacles rares dans l'histoire. De part et d'autre, on manœuvra constamment comme à une parade. Parmi nos troupes, il n'y eut jamais le moindre désor dre, la victoire ne fut pas un moment incertaine. L'empereur eut toujours auprès de lui, indépendamment de la garde impériale, un bon nombre de troupes de réserve pour pouvoir parer à tout accident imprévu.

Le maréchal Soult ayant enlevé le bois qu'il attaquait depuis deux heures, fit un mouvement en avant. Dans cet instant, on prévint l'empereur que la division de cavalerie française de réserve commençait à se placer, et que deux divisions du corps du maréchal Ney se plaçaient en arrière sur le champ de bataille. On fit alors avancer toutes les troupes qui étaient en réserve sur la première ligne, et qui, se trouvant ainsi appuyées, culbutèrent l'ennemi dans un clin-d'œil, et le mirent en pleine retraite. Il la fit en ordre pendant la première heure; mais elle devint un affreux désordre du moment que nos divisions de dragons et nos cuirassiers, ayant le grand-duc de Berg à leur tête, purent prendre part à l'affaire. Ces braves cavaliers, frémissant de voir la victoire décidée sans eux, se précipitèrent partout où ils rencontrèrent l'ennemi. La cavalerie, l'infanterie prussienne ne purent soutenir leur choc. Eu vain l'infanterie ennemie se forma en bataillons carrés,

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de ces bataillons furent enfoncés; artillerie, cavalerie, anterie, tout fut culbuté et pris. Les Français arrivèrent à eimar en même temps que l'ennemi, qui fut ainsi poursuivi ndant l'espace de six lieues.

A notre droite, le corps du maréchal Davoust faisait des odiges. Non-seulement il contint, mais mena battant pennt plus de trois lieues, le gros des troupes ennemies qui deit déboucher du côté de Koesen. Ce maréchal a déployé une avoure distinguée et de la fermeté de caractère, première alité d'un homme de guerre. Il a été secondé par les généux Gudin, Friant, Morand, Daultanne, chef de l'étatajor, et par la rare intrépidité de son brave corps d'armée. Les résultats de la bataille sont trente à quarante mille prionniers; il en arrive à chaque moment; vingt-cinq à trente dratrois cents pièces de canon, des magasins immenses de absistances.Parmi les prisonniers, se trouvent plus de vingt gééraux, dont plusieurs lieutenants-généraux, entr'autres le lieuenant-général Schmettau. Le nombre des morts est immense ans l'armée prussienne. On compte qu'il y a plus de vingt mille ués ou blessés; le feld-maréchal Mollendorff a été blessé; le duc He Brunswick a été tué; le général Rüchela été tué; le prince Heuri de Prusse grièvement blessé. Au dire des déserteurs, des prisonniers et des parlementaires, le désordre et la consternation sont extrêmes dans les débris de l'armée ennemie.

eaux,

De notre côté, nous n'avons à regretter parmi les généraux que la perte du général de brigade de Billy, excellent soldat; parmi les blessés, le général de brigade Conroux. Parmi les colonels morts, les colonels Vergès, du douzième régiment d'infanterie de ligne; Lamotte, du trente-sixième; Barbenegre, du neuvième de hussards; Marigny, du vingtième de chasseurs; Harispe, du seizième d'infanterie légère; Dulembourg, du premier de dragons; Nicolas, du soixante-unième

de ligne; Viala, du quatre-vingt-unième; Higonet, du centhuitième.

Les hussards et les chasseurs ont montré dans cette journée une audace digne des plus grands éloges. La cavalerie prussienne n'a jamais tenu devant eux ; et toutes les charges qu'ils ont faites devant l'infanterie, ont été heureuses.

Nous ne parlons pas de l'infanterie française; est reconnu depuis long-temps que c'est la meilleure infanterie du monde. L'empereur a déclaré que la cavalerie française, après l'expérience des deux campagnes et de cette dernière bataillé, n'avait pas d'égale.

L'armée prussienne a dans cette bataille perdu toute retraite et toute sa ligne d'opérations. Sa gauche, poursuivie par le maréchal Davoust, opéra sa retraite sur Weimar, dans le temps que sa droite et son centre se retiraient de Weimar sur Naumbourg. La confusion fut donc extrême. Le roi a dû se retirer à travers les champs, à la tête de son régiment de cavalerie.

Notre perte est évaluée à mille ou douze cents tués et à trois mille blessés. Le grand-duc de Berg investit en ce moment la place d'Erfurth, où se trouve un corps d'ennemis que commandent le maréchal de Mollendorff et le prince d'Orange.

L'état-major s'occupe d'une relation officielle, qui fera connaître dans tous ses détails cette bataille et les services rendus par les différens corps d'armée et régimens. Si cela peut ajouter quelque chose aux titres qu'a l'armée à l'estime et à la considération de la nation, rien ne pourra ajouter au sentiment d'attendrissement qu'ont éprouvé ceux qui ont été témoins de l'enthousiasme et de l'amour qu'elle témoignait à l'empereur au plus fort du combat. S'il y avait un moment d'hésitation, le seul cri de vive l'empereur! ranimait les conrages et retrempait toutes les ames. Au fort de la mêlée, l'em

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