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est donné, et s'exécute au bruit d'un roulement de tambours. Les représentans sortent en criant vive la république ! »>

La cour du palais, où ce sénat avili venait de tenir sa séance, était devenue à son tour une salle de délibération; mais on n'y agitait plus les intérêts de la république et ceux de la représentation nationale.

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Le président (Lucien Buonaparte) adressait le discours suivant aux membres du conseil, aux soldats, aux citoyens qui se pressaient autour de lui.

Citoyens, le président du conseil des cinq cents vous déclare, que l'immense majorité de ce conseil est dans ce moment sous la terreur de quelques représentans à stylets qui assiégent la tribune, présentent la mort à leurs collègues, et enlèvent les délibérations les plus affreuses.

» Je vous déclare que ces audacieux brigands, sans doute soldés par l'Angleterre, se sont mis en rebellion contre le conseil des anciens, et ont osé parler de mettre hors la loi le genéral chargé de l'exécution de son décret, comme si nous étions encore à ce temps affreux de leur règne, où ces mots de hors la loi, suffisaient pour faire tomber les têtes les plus chères à la patrie.

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>> Je vous déclare que ce petit nombre de furieux se sont mis eux-mêmes hors la loi par leurs attentats contre la liberté de ce conseil. Au nom de ce peuple

qui, depuis tant d'années, est le véritable jouet de ces misérables enfans de la terreur, je confie aux guerriers le soin de délivrer la majorité de leurs représentans, afin que, délivrée des stylets par les baïonnettes, elle puisse délibérer sur le sort de la république.

» Général, et vous soldats, et vous tous, citoyens, vous ne reconnaîtrez pour législateurs de la France, que ceux qui vont se rendre auprès de moi : quant à ceux qui resteraient dans l'orangerie, que la force les expulse!.... Des brigands ne sont plus les représentans du peuple, mais les représentans du poignard....... Que ce titre leur reste; qu'il les suive. par-tout.... ; et lorsqu'ils oseront se montrer au peuple, que tous les doigts les désignent sous ce nom mérité de représentans du poignard..... Vive la république ! »>

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Ce discours du président, et plus encore peut-être la terreur des baïonnettes qui avaient si bien vengé l'injure faite au général, rappellent plusieurs membres dans la salle des séances.

A neuf heures du soir, Lucien Buonaparte reprend la présidence, et invite le conseil à reprendre le cours de ses délibérations.

Le premier acte de cette assemblée, composée à la hâte, est une déclaration portant que le général Buonaparte, et tous ceux qui l'ont secondé, ont bien mérité de la patrie, pour avoir sauvé la majorité du

corps législatif, et la république attaquée par une minorité composée d'assassins.

Plusieurs discours préparés d'avance sont adressés aux représentans du peuple, pour leur faire sentir le besoin de changer la forme du gouvernement. Une commission, dont on ne connaissait pas même les membres, fait sur-le-champ un rapport dont les initiés savaient d'avance l'objet; et on arrête la déclaration suivante :

« Art. 1o. Il n'y a plus de directoire, et ne sont plus membres de la représentation nationale, pour les excès et les attentats auxquels ils se sont constamment portés, et notamment le plus grand nombre d'entr'eux, dans la séance de ce matin, les individus ci-après nommés, Joubert, Jouenne, Talot, etc. ( au nombre de 62. )

>> Art. 2. Le corps législatif, crée provisoirement une commission consulaire exécutive, composée des citoyens Sieyes, Roger-Ducos, ex-directeurs, et Buonaparte, général. Ils porteront le nom de consuls de la république française.

>> Article 3. Ces changemens ne peuvent avoir pour but que de consolider, garantir et consacrer inviolablement la souveraineté du peuple français, la république française une et indivisible, le système représentatif, la division des pouvoirs, la liberté, l'égalité, la sûreté et la propriété. »

Dans une séance aussi féconde en grands événe

mens, une adresse au peuple ne dut

pas

être ou

bliée.

Le conseil des cinq cents, désormais le corps législatif, en arrête une, dans laquelle il annonce, que la république vient encore une fois d'échapper aux fureurs des factieux; que la liberté et l'égalité cesseront d'être de vains noms. On y parle de la nomination des consuls, comme d'un gouvernement

provisoire.

Il n'a jamais été bien démontré que le conseil des anciens ait approuvé la résolution prise par le conseil des cinq cents. Plusieurs de ses membres s'étaient plaints avec force de ce que la représentation nationale avait été violée dans la séance de l'autre conseil, par l'appareil de la force armée dont on avait fait usage pour disperser les représentans du peuple.

Quoi qu'il en soit, Buonaparte, impatient de connaître son sort, se présente avec ses deux collégues, dans la salle du conseil des anciens, avant le dépouil lement du scrutin; et le président leur donne aussitôt lecture de la loi qui les nomme.

Les nouveaux consuls prêtent individuellement un serment ainsi conçu: « Je jure fidélité à la république une et indivisible, à la liberté, à l'égalité, et au système représentatif. »

Dès le lendemain, les consuls s'installent dans leurs fonctions, adressent une proclamation au peu

ple, et font plusieurs changemens dans les minis

tères.

Une commission législative, choisie dans les deux conseils, se réunit aux trois consuls provisoires, pour rédiger une constitution, qu'on acceptera avec empressement, à laquelle on jurera d'être fidèle, et qu'on violera bientôt comme la constitution de l'an 3 et celles qui l'avaient précédée.

C'est à cette époque, et par la constitution du 22 frimaire an 8, qu'ont été établis le sénat, le conseil d'état, le corps législatif et le tribunat.

Par l'article 59, la constitution nomme premier consul, le citoyen Buonaparte, ex-consul provisoire.

La manière dont le sénat doit se composer est sur-tout remarquable : « Les citoyens Sieyes et Roger-Ducos, consuls sortans (porte l'article 24) sont nommés membres du sénat conservateur : ils se réuniront avec le second et le troisième consuls nommés par la présente constitution. Ces quatre citoyens nomment la majorité du sénat, qui se complète ensuite lui-même, et procède aux élections qui lui sont confiées. >>

L'histoire ne pourra récuser les matériaux que nous avons recueillis, pour présenter le tableau de la révolution mémorable du 18 brumaire: nous nous sommes abstenus à dessein de rapporter tout ce qui

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