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Un grand exemple, qui sera le plus juste châtiment de cette ambition criminelle et insensée à laquelle il a sacrifié la population françoise et toute l'Europe, doit le condamner à une entière nullité. L'île de Corse, sa patrie, pourroit lui servir d'asile, si elle ne rejette pas de son sein avec indignation celui dont la postérité la plus reculée lui reprochera la naissance, qui est devenue pour le monde entier une source de calamités. Sinon, qu'il aille chercher un asile sur le même sol de l'Amérique, où il avoit forcé le brave et estimable général Moreau d'aller ensevelir sa destinée. D'autres rois contemporains, ceux de Suède, d'Espagne, de Hollande, lui ont appris qu'on peut descendre du trône et vivre en homme privé. La morale publique et la dignité des souverains, cruellement outragées par sa conduite et par ses succès, ont besoin d'être vengées. On lui laissera la vie, pour qu'il puisse méditer sur les crimes qui ont mis un terme à son usurpation, qu'il auroit pu légitimer et affermir par une conduite sage et modérée. Le tableau et le contraste du mal immense qu'il a fait, du bien immense qu'il auroit pu faire, en profitant des circonstances favorables, et uniques peut-être, dont il a si étrangement abusé, formeront un morceau d'histoire digne d'exercer

la plume d'un Tacite ou d'un Robertson.

XV. ANGLETERRE. C'est l'Angleterre, il faut l'avouer, qui a été le boulevard et la conservatrice de la civilisation européenne. Elle doit cet avantage à la sagesse de sa constitution, à la force de son esprit public, à l'énergie de son gouvernement et de la nation. Il importe à son honneur, à sa liberté, à son existence politique, de conserver ce noble caractère. L'Angleterre jugera digne d'elle de donner l'exemple de la modération aux puissances du continent. Elle doit être assez généreuse pour restituer une partie de leurs colonies à la Hollande, à l'Espagne, et même à la France. Une répartition proportionnelle et bien combinée des possessions coloniales entre les principales puissances de l'Europe, suivant leur influence commerciale respective, formeroit le sujet d'un vaste et utile travail, pour lequel l'auteur du présent mémoire n'a point les lumières ni les renseignemens nécessaires.

Il seroit également digne de l'Angleterre et des souverains de l'Europe de mettre à exécution le projet réparateur de la population et des finances, d'opérer une réduction proportionnelle convenue dans l'état militaire des diffé

TOME IX.

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rentes puissances du continent, véritable et nécessaire garantie de la paix.

On terminera ces considérations sur la situation et les intérêts de l'Europe par une vérité générale, adressée surtout à l'Angleterre, qui est assez éclairée pour l'apprécier, assez magnanime pour en faire l'application.

Une puissance du premier ordre, qui, par la nature des choses, est appelée à exercer une grande influence, rendra cette influence d'autant plus honorable et solide, qu'elle la fera aimer par la modération, par le désintéressement, par la sagesse. En politique, comme en morale, le mal ou le bien qu'on fait rejaillit sur son auteur. Une nation qui fera servir sa puissance au bonheur de toutes, prendra le système de conduite le plus propre à la rendre elle-même heureuse et florissante.

QUELQUES FRAGMENS

EXTRAITS DU PORTE-FEUILLE POLITIQUE

DE BUONAPARTE,

OU

MÉMOIRES

SUR LES INTÉRÊTS POLITIQUES DE L'ITALIE

ET SUR CEUX DE LA FRANCE,

Remis, à deux époques importantes, au premier consul Buonaparte, et destinés à prévenir d'immenses malheurs, si les vérités qu'ils renferment, et qui leur donnent un caractère prophétique, n'eussent pas été méconnues et repoussées.

« Tuer un homme, c'est détruire une créature raisonnable; mais, étouffer un étouffer un bon écrit, c'est tuer la raison elle-même. Beaucoup d'hommes n'ont qu'une vie purement végétative, et pèsent inutilement sur la terre; mais un écrit (inspiré par l'amour de la patrie et de l'humanité), est l'essence pure et précieuse du sentiment et de la pensée.

......

« ...... La perte de la vie, quoiqu'irréparable, peut quelquefois n'être pas un grand mal; mais, il est possible qu'une vérité qu'on aura rejetée ne se reproduise plus dans la suite des temps (ou que son apparition soit trop tardive), et que sa perte (ou le retard de sa publication) entraîne le malheur des peuples.

L'intelligence et la vérité ne sont pas des denrées propres au monopole, ni dont on doive soumettre le commerce à des règlemens particuliers......

« Otez-moi toutes les autres libertés; mais laissezmoi celle de parler et d'écrire selon ma conscience..... La liberté de publier ses pensées est la sauve-garde et le phare des gouvernemens........ La servitude intellectuelle entraine l'oppression du peuple, nécessairement suivie de l'esclavage et de la chute du prince. »

(MILTON. Discours prononcé devant le parlement d'Angleterre, en faveur de la liberté de la illimitée et sans aucune censure.)

presse,

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