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bilité des États confédérés. » Une diète fédérative, composée de diplomates, représentant chacun des États, et présidée par l'Autriche, était chargée des affaires de la confédération. En cas de guerre déclarée à la confédération, aucun des confédérés ne devait entrer en négociations avec l'ennemi. Les États confédérés ne devaient contracter aucun engagement contraire à la sûreté de la confédération; mais, sous cette réserve, ils pouvaient contracter des alliances. En cas de conflit entre eux, ils devaient se soumettre à la médiation de la diète. Si cette médiation ne

réussissait pas, il serait procédé à un arbitrage et la sentence serait sans appel. C'était, dans ses grandes lignes, le plan de paix perpétuelle exposé par l'abbé de SaintPierre.

On a vu la reconstitution de la Prusse'.

Les restes de l'ancien palatinat du Rhin, une partie du pays entre Rhin et Moselle, furent attribués à la Bavière; Mayence fut attribuée à la Hesse-Darmstadt et devint place forte fédérale; il en fut de même de la ville de Luxembourg, attribuée, avec le grand-duché, au roi des Pays-Bas, par une union personnelle. La Hesse-électorale, avec Cassel pour capitale, fut rétablie, et son souverain qualifié d'électeur, dernier vestige du Saint-Empire. Le Hanovre fut érigé en royaume, entre les mains du roi d'Angleterre.

Le royaume des Pays-Bas, composé de la Belgique et de la Hollande, fut donné au prince d'Orange-Nassau2; avec le grand-duché de Luxembourg, à titre personnel.

La Suisse, dans laquelle furent compris le Valais, Genève et Neuchâtel, forma une confédération de dix-neuf cantons libres, indépendants et neutres 3.

Le congrès fit une déclaration relative à la liberté des fleuves; un règlement sur les préséances entre agents diplo

1 Ci-dessus, p. 409.

Ces combinaisons, Hanovre et Pays-Bas, sont la fin du grand dessein du royaume Guelfe. Voir ci-dessus p. 98, 212, 246.

Déclaration de neutralité 27 mai, 20 novembre 1815.

matiques et une déclaration relative à l'abolition de la traite des noirs.

Toutes ces transactions furent l'objet de traités particuliers entre les puissances intéressées à chacune d'elles, et elles furent toutes, dans leurs dispositions principales, réunies en un corps de traité, signé à Vienne, le 9 juin 1815 par les huit puissances signataires du traité de Paris et qui prit le titre d'Acte final du congrès de Vienne 1.

L'empereur Alexandre et ses conseillers auraient désiré faire comprendre dans ce traité des dispositions relatives à l'empire ottoman. Par une note du mois de janvier 1815, le gouvernement russe appela l'attention des puissances sur les excès commis par les Turcs contre les chrétiens, notamment en Serbie; sur la nécessité pour les États chrétiens de protéger les chrétiens de Turquie; sur la qualité de protecteur naturel des chrétiens grecs qui appartenait à l'empereur de Russie, au même titre que la qualité de protecteur des catholiques d'Orient appartenait au roi de France : c'est en vertu du « Code auguste..., palladium de l'ordre politique 19 , que « la cause des nègres a été portée au tribunal des souverains; c'est en invoquant les mêmes principes que les chefs de la famille européenne ont le droit d'exiger de la Porte la cessation de tant d'atrocités ». Le Grec Capo d'Istria, en grande faveur près d'Alexandre, soutenait la cause de ses compatriotes et de ses coreligionnaires; avocat sincère, ardent, des Grecs, des Corfiotes, des Serbes, Alexandre proposait de déclarer comme un droit de l'Europe l'intervention permanente de la Russie en faveur des chrétiens d'Orient. C'eût été reconnaître en faveur des Grecs le protectorat russe, transformer les clauses obscures du traité de Kaïnardji en stipulations claires et générales, donner à la Russie le mandat juridique de poursuivre sa propre politique, ses propres intérêts en Orient et de faire de la suprématie russe en Turquie un article du droit public européen. On s'explique qu'Alexandre

ANGEBERG, Traités partiels et acte final.

l'ait recherché; on s'explique que les Anglais ne s'y soient point prêtés. D'autre part Talleyrand avait pour instruction de placer l'empire ottoman sous la garantie de l'Europe. Metternich considérait « cette garantie comme un point essentiel pour les intérêts de l'Autriche ». Mettre cette affaire en délibération eût été constater les dissidences profondes des puissances on l'évita. Ce ne fut donc qu'une tentative, qui se dissipa en conversations et ne donna même pas lieu à un protocole.

CHAPITRE III

WATERLOO

1815

I

Le congrès avait mis Napoléon hors le droit des gens. A la chambre des communes, un whig, Graham, le voua à l'exécration du genre humain et à la vengeance de l'Angleterre. « Le gouvernement français, c'est la guerre, ses armées vivent pour combattre et combattent pour vivre. Leur constitution a pour essence la guerre, et l'objet de cette guerre, c'est la conquête de l'Europe. Ce n'était pas une armée, c'était un gouvernement militaire qui était en marche, semblable à ces légions romaines du plus mauvais temps de Rome, l'Italique, la Rapace, troupes sans loi, sans frein, sans responsabilité devant Dieu ni devant l'homme... Il a pris possession de la plus grande partie de l'Europe et formé son plan pour conquérir la couronne d'Angleterre. L'Angleterre a fait échec à ses desseins; d'un coup de trident, elle a bouleversé son empire'. » Les Prussiens réclament la ligne des Vosges, le Néerlandais, la Flandre française; tous les Allemands, la vengeance et la purification de la moderne Babylone, par le pillage cosmopolite des Croates, pandours, cosaques et Prussiens. Il fallait humilier la France, la trainer dans la cendre, la confondre dans sa honte et la réduire, pour un demi-siècle, à l'impuissance de nuire!

C'est donc, encore une fois, pour l'existence et l'indé

1 23 mai 1815, traduction de Villemain. Cours de littérature, t. VIII. Comparez les philippiques de 1800-1803, t. VI, p. 35, 101, 166-169, 206-208, 297.

pendance que va lutter l'armée française, et il semble, à voir les Prussiens avancer par les Pays-Bas, flanqués des anglais de Wellington, les Autrichiens et les Russes arrivant par l'est à la rescousse, que l'invasion de 1792 et le déluge de 1799, les grands périls nationaux vont recommencer. Toutefois ce ne fut point par la guerre, cette fois, que la France fut préservée, ni par l'habileté de sa diplomatie : elle le fut seulement par les divisions de ses vainqueurs sur le partage de ses dépouilles, la volonté des plus puissants de rétablir une paix durable et d'en jouir, l'impossibilité d'obtenir cette paix d'un autre gouvernement que celui des Bourbons, et l'impossibilité d'obtenir de ces princes une paix qui, en abaissant leur couronne, eût rendu leur retour odieux au peuple français. La France fut perdue par le plus grand militaire qui eût commandé ses armées, et sauvée par le roi impotent qu'elle avait laissé fuir. Louis XVIII allait exercer entre l'Europe et la France cet arbitrage que les derniers conseillers de la couronne destinaient à Louis XVI et gagner la restauration de son trône par les mêmes services à l'État dont les politiques de 1791 pensaient que Louis XVI tirerait la régénération de sa monarchie'. Mais auparavant la France connut une de ses aventures les plus tragiques et endura l'une des plus cruelles invasions qu'elle ait subies.

Lorsqu'il entra en Belgique, le 15 juin 1815, Napoléon comptait frapper un coup brusque et décisif, rompre la coalition avant que les armées ennemies se fussent rejointes, séparer les Anglais des Prussiens, les battre l'un après l'autre, déconcerter les Russes, arrêter les Autrichiens, forcer la victoire et bâcler la paix. Il avait préparé son plan de guerre avec un art supérieur. Il crut tenir la victoire deux fois le 16 juin, à Ligny; le matin du 18, à Waterloo. Il perdit l'occasion le 16; le 18, il disait encore: Wellington a jeté les dés, et ils sont pour nous ». Les chances de succès disparurent une à une, la victoire s'échappa par morceaux et la

1 Cf. t. II, p. 142, 180.

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