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rale, au moins en ces articles essentiels. Alexandre, du moment qu'il était entré en composition et qu'il ne s'agissait plus que de simples querelles de limites, avait hâte d'en finir'. Sauf les détails d'exécution, les principes suivants furent fixés au courant de février le roi de Saxe, rétabli sur son trône héréditaire, renonce au duché de Varsovie, et cède une partie de son royaume à la Prusse; l'Autriche reprend les districts de la Gallicie orientale cédés au duché de Varsovie en 1809; elle renonce à la Gallicie occidentale, qu'elle avait possédée de 1795 à 1809. La Prusse renonce à reprendre les parties de la Pologne qui avaient, en 1807, servi à constituer le duché de Varsovie, sauf les territoires qui, sous le nom de grand-duché de Posen, lui serviront à rétablir les communications entre la vieille Prusse et la Silésie. Elle complète sa reconstitution par la Poméranie suédoise 2, une partie de la Saxe, des territoires sur la rive droite du Rhin, débris du royaume de Wesphalie, et, sous le nom de Province rhénane, Cologne, Bonn et Trèves, sur la rive gauche du Rhin. La Prusse et l'Autriche reconnaissent la constitution d'un royaume de Pologne dont l'empereur de Russie sera roi et qui jouira d'une administration distincte. Cracovie formera une ville libre neutre. Ces arrangements furent l'objet de traités séparés entre l'Autriche et la Russie; la Russie et la Prusse; la Prusse, l'Autriche et la Russie; la Saxe et la Prusse 3.

Ces arrangements étaient loin de contenter les Prussiens. Au lieu de faire de la Prusse, comme ils le désiraient, la plus cohérente et la plus allemande des puissances de l'Allemagne, de lui donner Leipzig et Dresde, on la laissait en l'air, coupée

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« M.de Talleyrand a rencontré bien des obstacles, mais la prudence consommée avec laquelle il a soutenu la cause confiée à ses talents a amené un résultat qui, dans les circonstances données, doit, à mon avis, être regardé comme très heureux. Pozzo à Jaucourt, 7 février 1815. POLOVSTOF.

Traité de Kiel, 14 février 1814 le Danemark cède la Norvège à la Suède et reçoit la Pomeranie suédoise et Rügen; Traité du 4 juin 1815 : la Prusse prend la Pomeranie suédoise et Rügen, cède au Danemark le Lauenbourg, et lui paie 2,600,000 écus.

33, 18, 22 mai 1815. Acte final du Congrès, 9 juin 1815 articles 1 à 26.

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en deux morceaux disparates, séparés par des États rivaux, méfiants, vraisemblablement hostiles, en cas de guerre, le Hanovre par exemple; enfin, on l'exposait en pointe du côté de la France, la première à recevoir les coups, sans avoir le temps d'accourir, et menacée surtout de subir la conquête le jour où la carte pourrait être remaniée au profit de la France. Au lieu de la Saxe luthérienne et, encore que fort anti-prussienne, assimilable avec le temps, grâce à la communauté des mœurs et des intérêts, on donnait aux Prussiens des Rhénans catholiques, plus imaginatifs, plus mobiles, qui avaient tâté de l'administration française, qui tenaient au Code civil, chez lesquels la France avait laissé de grands et vifs souvenirs. Ces Rhénans étaient d'autant plus portés vers la France que le nouveau gouvernement, conservant le Code civil, garantissant les acquéreurs des biens nationaux, favorisait l'Église catholique et pratiquait la politique de paix. Il leur offrait ainsi les avantages qui, depuis le Consulat, les avaient gagnés à la France, et il les affranchissait des charges qui les en détachaient à la fin de l'empire.

C'est un côté des choses que l'on ne considérait point en France. On ne voulait voir qu'une Prusse hostile et agressive, placée là, en avant-garde de la coalition, par les Anglais, pour veiller sur l'Allemagne et sur les Pays-Bas. On a beaucoup reproché à Talleyrand de n'avoir pas appuyé la proposition qui aurait porté le roi de Saxe sur le Rhin. Mais outre l'abandon du principe qui était toute la force et toute la politique de Louis XVIII, outre l'inconvénient de concentrer la Prusse en Allemagne, on oublie qu'établissant le roi de Saxe sur le Rhin, la France aurait dû renoncer, à jamais, à toute prétention sur ces territoires. Elle se serait trouvée avec ce prince, son client, dans la position où elle s'est trouvée avec la Bavière. Elle ne pouvait à la fois pratiquer, en Allemagne, la politique de protection des États secondaires, et garder, sur le Rhin, l'arrière-pensée de dépouiller ces mêmes États. Enfin le roi de Saxe, catholique, eùt rencontré à l'assimilation des Rhénans autant de facilités que la Prusse Y rencontrait d'obstacles. La

France menaçait infiniment plus la Prusse dans ces pays que la Prusse n'y menaçait la France. « Rien, disait Talleyrand quand on le pressait sur cet article, ne serait plus simple, plus naturel que de reprendre à la Prusse celles des provinces qui lui étaient cédées, tandis que si elles eussent été données au roi de Saxe en dédommagement de ses anciens États, il serait difficile et par trop dur de l'en dépouiller. »

VII

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« L'affaire de Naples, écrivait Pozzo, va maintenant être poursuivie avec chaleur. Elle se dénoua par la force des choses, par le caractère même du prince qui avait reçu ce royaume des mains de Napoléon et qui prétendait survivre à l'empire dont les convenances avaient été sa seule raison d'être en Europe. « Votre Majesté, écrivait Talleyrand le 28 décembre 1814, a vu par les pièces que je lui ai envoyées que je ne perds pas de vue l'affaire de Naples. Je n'oublie pas non plus le Delenda Carthago, mais ce n'est pas par là qu'il est possible de commencer. » Talleyrand avait justement prévu que, les Français chassés d'Italie, l'œuvre de restauration s'accomplissant partout, l'Autriche aurait intérêt à supprimer un foyer de révolution comme le serait Naples sous Murat, et à substituer à cet allié, toujours douteux, le Bourbon, qui serait toujours docile et ne demanderait qu'à être protégé.

Mais, en cette trahison à double fond, Metternich ressentait quelque embarras devant Talleyrand. Il se serait par trop exposé à l'ironie de son collègue, en avouant son secret. Faute de n'avoir pu vendre Murat à l'ambassadeur de Louis XVIII, il essaya de se faire auprès de ce roi un mérite. d'abandonner son allié d'occasion. Ce fut l'objet d'une négo

1 A Jaucourt 14 février 1815. - Sur les péripéties de cette affaire, BIANCHI, et les rapports de Consalvi, RINIERI.

ciation, assez obscure, qui s'engagea à Paris, auprès du roi, entre Bombelles, envoyé de Metternich; Blacas, confident de Louis XVIII, et Wellington, qui poursuivait dans Murat le dernier lieutenant de Napoléon et désirait gagner à l'Angleterre, avec les Bourbons de Naples, une station navale dans la Méditerranée. Wellington arriva à Vienne le 3 février, pour remplacer Castlereagh, qui partit le 14. Il déclara que la France serait, au besoin, en mesure de contraindre Murat à quitter Naples, et d'y rétablir Ferdinand; que l'Angleterre appuierait la France en cette affaire, à condition que la France la seconderait dans l'affaire de la traite des noirs. Sur quoi Talleyrand alla publiant que la France, soutenue par l'Espagne, se chargerait seule de l'opération, si l'Autriche avait quelque répugnance à s'en mêler. L'Autriche, par le traité de janvier 1814, s'était engagée à défendre Murat. Murat réclama l'exécution de cette promesse et demanda le passage pour les troupes qu'il destinait à marcher à la rencontre de celles de Louis XVIII'. Metternich tenait également à se soustraire à cet engagement et à éloigner les Français d'Italie. Il déclara formellement à Talleyrand que l'Autriche considérerait l'entrée des Français en Italie comme un cas de guerre 2; mais, le lendemain, il déclara à Campo-Chiaro, l'envoyé de Murat, que cette garantie devait lui suffire; que les armements de Murat n'avaient, par suite, aucune raison d'être; qu'ils agitaient inutilement l'Italie et que tout mouvement de l'armée napolitaine hors des frontières du royaume serait considéré comme une rupture de l'alliance et une attaque contre l'Autriche. Ce maître en astuce comptait bien que, la France ne désarmant pas, Murat marcherait quand même et, par ce coup de tête, délierait l'Autriche et l'amènerait à rétablir ellemême Ferdinand. Les circonstances servirent ce dessein mieux encore que Metternich ne le pouvait prévoir.

1 Note du 25 janvier 1815 remise à Vienne le 23 février. BIANCHI. Note du 25 février 1815.

3 Note du 26 février. « La perte de Murat est résolue.» Rapport de Consalvi, 25 février 1814. RINIERI.

L'alliance autrichienne pesait à Murat. Convaincu qu'il n'en tirerait aucun lambeau des États du pape, et que, dans l'Italie reconstituée à Vienne, son règne serait un non-sens, les mêmes motifs qui l'avaient conduit à trahir Napoléon l'amenèrent à rompre son pacte avec l'Autriche. Il réva de soulever l'Italie contre les Autrichiens, de s'y faire le souverain national, le libérateur; puis, instruit que Napoléon pensait à quitter l'île d'Elbe, craignant que l'empereur, pour le punir, le chassât de Naples, il voulut, d'avance, se nantir, se rendre indispensable, et il précipita l'événement. Sa correspondance avec Napoléon fut interceptée et portée à Paris, en copies. Blacas communiqua ces pièces à Wellington, qui, le 4 mars, les fit connaître à Vienne. Metternich se sentit à l'aise, et Murat fut décidément condamné. Le lendemain il était perdu.

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