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place celui de El-A'rych, et le confie à un général de brigade.

Le 18, l'armée continue sa marche. Le quartiergénéral part le 19 pour Salêhiëh. La division Kléber se rend à Tineh, où elle s'embarque pour Damiette. Les autres divisions de l'armée prennent la route du Caire, où elles arrivent le 26 prairial.

Les grands du Caire, le peuple et la garnison viennent au-devant de l'armée, qui se déploie dans l'ordre de parade. On est étonné de voir cette armée sortant du désert, et après quatre mois d'une campagne pénible et sanglante, se présenter dans le meilleur ordre et avoir la plus belle tenue.

A ce spectacle, succède bientôt un tableau vraiment attendrissant; c'est celui d'amis, de camarades, qui se livrent avec enthousiasme au plaisir de se revoir et de s'embrasser. La ville du Caire devient, pour les Français, une seconde patrie; ils y sont reçus par les habitans comme des compa

triotes.

Mille rapports extravagans et semés par la malveillance, avaient précédé le retour de l'armée au Caire; on la disait réduite à quelques hommes blessés et mourans. Voici l'exacte vérité.

Le corps d'armée de l'expédition de Syrie a perdu, dans quatre mois, sept cents hommes morts de la peste, et cinq cents tués dans les combats. Le nombre des blessés était, il est vrai, de dix-huit cents; mais quatre-vingt-dix seulement avaient été amputés; presque tous les autres avaient l'espoir d'être

promptement guéris, et devaient rentrer dans leurs

corps.

etait surtout les ravages de la peste que la malignité s'était plue à exagérer. A l'arrivée de l'armée en Syrie, les villes étaient infectées de cette maladie, que la barbarie et l'ignorance rendent si funeste dans ces contrées; celui qui en est attaqué se croit mort, tout le fuit et l'abandonne, et il expire quand les secours de la médecine, quand des soins convenables auraient pu le rendre à la vie. Le fatalisme, que ces peuples professent, contribue beaucoup à leur faire négliger le secours des médecins.

Les soldats français avaient bien aussi quelques préjugés; ils prenaient la moindre fièvre pour la peste, et se croyaient atteints d'une maladie incurable et mortelle. Le citoyen Desgenettes, médecin en chef de l'armée, parcourt les hôpitaux, visite chacun des malades et calme d'abord leur imagination effrayée. Il soutient que les bubons, qu'ils prennent pour des symptômes de peste, appartiennent à une espèce de fièvre maligne dont il est très facile de guérir avec des soins et des ménagemens; il va jusqu'à s'inoculer en présence des malades la matière de ces bubons, et emploie pour se guérir les remèdes qu'il leur ordonne.

Tous les genres d'héroïsme devaient éclater dans cette brave armée, et le dévouement du citoyen Desgenettes n'a pas été le moins généreux ni le moins utile. Après avoir rendu au soldat cette tranquillité d'esprit si nécessaire à la guérison, il achève par

ses talens, ses soins assidus, ce qu'il a si heureusement entrepris, et le plus grand nombre recouvre la santé.

Un si bel exemple ne pouvait être perdu pour les autres officiers de santé. On ne peut donner trop d'éloges à la conduite du citoyen Larrey, chirurgien en chef de l'armée, pour le zèle et l'activité qu'il n'a cessé de déployer. On le voyait, lui et ses dignes confrères, sous le feu de l'ennemi, au pied de la brèche, panser les malheureux blessés. Plusieurs ont reçu des blessures à ce poste honorable; l'un d'eux a même été tué, mais rien ne pouvait arrêter leur ardeur et leur dévouement.

EXPÉDITION DANS LA HAUTE-ÉGYPTE.

PENDANT qu'au nord Bonaparte battait dans la Syrie les armées qu'Ibrahim-Bey et Djezzar se disposaient à conduire contre lui, le général Desaix, au midi, chassait dans la Haute-Égypte, MouradBey qui s'y était réfugié après la bataille des Py

ramides.

Un mois après la prise du Caire, le général Desaix avait reçu l'ordre de marcher à la poursuite de Mouråd-Bey. Il s'était embarqué le 8 fructidor an vi, à la pointe du jour, avec deux bataillons de la 88 de ligne, deux bataillons de la 2o légère, deux bataillons de la 61 de ligne et l'artillerie attachée à sa

division. Le convoi était escorté d'un chebeck, d'un aviso et de deux demi-galères armées en guerre.

er

Le 12, la division se trouve réunie à Al-Fieldi; arrivée le 13 à Bené, elle prend position en avant de la ville, appuyant sa gauche et sa droite au Nil, de manière à ce qu'elles soient protégées par les bâtimens de guerre; elle conserve cette position les 14, 15, 16 et 17 fructidor; et le 18, le général Desaix ayant pourvu à ses moyens de subsistance, elle part pour se rendre à Aba-Girgé, où elle arrive à sept heures du soir. Le général Desaix est informé que cent cinquante mameloucks, et beaucoup de djermes chargées de bagages, vivres et munitions, sont à Richnesé. Il se met en marche le 20 à la pointe du jour, avec le 1" bataillon de la 21o légère pour reconnaître leur position. L'inondation du Nil était déjà très étendue les troupes éprouvaient les plus grandes difficultés. Elles traversent huit canaux et parviennent au lac Barthin, qu'elles passent à gué ayant de l'eau jusque sous les bras. Après avoir marché pendant quatre heures continuellement dans l'eau, elles arrivent au village de Chéboubié. Mourad - Bey était descendu jusqu'au Faïoum; il avait laissé trois beys à Behnésé, avec cent cinquante mameloucks et beaucoup d'Arabes. Le général Desaix s'avance sur ce village; malgré les difficultés que lui oppose dans sa marche une digue qu'il est obligé de suivre, il fait tant de diligence, qu'il arrive au moment où les équipages de l'ennemi passaient le canal de Joseph. Les ma

:

meloucks et les Arabes étaient sur la rive gauche, et protégeaient douze djermes qui s'échappaient en remontant le Nil.

Les carabiniers de la 21° s'élancent sur la rive; ils font un feu très vif qui éloigne les mameloucks et disperse les Arabes. Les douze djermes sont arrêtées; onze étaient chargées de munitions, de vivres, et surtout d'une grande quantité de blé : la 12° portait sept pièces de canon.

Le général Desaix rentre le 21 à Aba-Girgé où il rejoint sa division; il appareille et arrive le 26 à la hauteur de Tarout'-Elcheriff'; le 27, il prend position à l'entrée du canal de Joseph. Informé que l'ennemi occupait Siout avec le reste de ses bâtimens de guerre, il part dans l'après-midi avec deux demigalères, deux bataillons de la 61 et deux de la 88°. Il marche vers Siout, après avoir ordonné à un aviso d'escorter la 21 qui doit le suivre; il laisse un détachement de cette demi-brigade et une chaloupe canonnière pour occuper Tarout'-Elcheriff et protéger la navigation avec le Caire.

Le 28, il arrive à Siout; mais l'ennemi s'était enfui à son approche, et avait remonté jusqu'à Girgé ses djermes et ses bâtimens de guerre.

Trois kiachefs de Soliman-Bey, et environ trois cents mameloucks et quelques Arabes, étaient à Benhadi, à six lieues de Siout, avec leurs femmes et beaucoup d'équipages. Le général Desaix, dans l'espoir de les atteindre, part le premier jour complémentaire. Il longe les montagnes et arrive le lendemain

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