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L'armée se porta sur Lodi; mais Beaulieu était en bataille derrière l'Adda, trente pièces de position défendaient les approches du fleuve ; il fallait emporter un pont étroit, prolongé, que les Autrichiens couvraient de feu et de mitraille. Nos colonnes néanmoins ne se laissent pas arrêter par les difficultés de l'entreprise; elles s'élancent, culbutent tout ce qu'elles trouvent sur leur passage, et arrivent à l'entrée de ce long espace sur lequel éclatent, se pressent les projectiles. La grandeur du péril leur impose; elles balancent, elles hésitent, elles peuvent céder à l'effroi; Berthier accourt réveiller leur courage. Masséna arrive sur ses pas; Cervoni, Dallemagne, Lannes, Dupas, se joignent à eux, les troupes s'ébranlent et le pont est emporté.

L'intrépidité dont le chef d'état-major avait fait preuve dans cette occasion difficile, lui valut les éloges de l'armée et ceux de son chef, qui manda au Directoire qu'il avait été dans cette journée canonnier, cavalier, grenadier. Ses services habituels, quoique moins éclatans, étaient peut-être plus méritoires encore. Chargé de transmettre les ordres,

de surveiller des détails immenses, de suivre une correspondance étendue, il fallait encore qu'il ajoutât à ces fonctions déjà si vastes, celles des officiers qui lui manquaient. Dépourvu d'ingénieurs-géographes, privé d'hommes capables de faire un croquis, de lever un terrain, il était obligé de diriger luimême les reconnaissances, d'explorer de sa personne le pays où l'on devait en venir aux mains. Cette tâche à laquelle tout autre eût succombé, ne fut qu'un jeu pour lui. Ordres de mouvemens, instructions, rapports, il trouva le moyen de faire face à tout. Ses soins et la victoire réorganisèrent peu à peu les services. Les hommes capables accoururent, les armes savantes furent mieux conduites, l'armée put se livrer à son élan, et l'ennemi, défait toutes les fois qu'il osa nous attendre, fut enfin obligé de souscrire à la paix. Chargé d'en présenter les conditions, au Directoire, Berthier reçut dans cette occasion solennelle un hommage auquel il dut être sensible. « Le général Berthier, portait la lettre d'envoi qu'écrivit Bonaparte, le général Berthier, dont les talens distingués égalent le courage et le patriotisme, est une des colonnes de la répu

blique comme un des plus zélés défenseurs de la liberté. Il n'est pas une victoire de l'armée d'Italie à laquelle il n'ait contribué. Je ne craindrais pas que l'amitié me rendît partial en retraçant les services que ce brave général a rendus à la patrie, mais l'histoire prendra ce soin, et l'opinion de toute l'armée fondera ce témoignage de l'histoire. »

Berthier ne tarda pas à repasser les monts, et fut chargé du commandement de l'armée qu'abandonnait Bonaparte pour se rendre à Rastadt. Il s'appliqua à maintenir les relations d'amitié qui existaient entre les républiques que le traité de Campo - Formio avait créées et les anciens états de la Péninsule. Ses efforts ne furent pas heureux, le gouvernement papal répudia la modération dont il lui donnait l'exemple, et Duphot fut massacré. Chargé de venger cet attentat, Berthier marcha sur Rome, l'occupa, revint à Milan, d'où il se rendit à Paris, et partit bientôt après pour l'Égypte. Nous reproduisons le récit qu'il a donné de cette expédition.

MÉMOIRES

DU MARÉCHAL BERTHIER,

SUR LES CAMPAGNES

DES FRANÇAIS EN ÉGYPTE.

EXPÉDITION D'ÉGYPTE.

DÉBARQUEMENT DES FRANÇAIS EN ÉGYPTE. PRISE
D'ALEXANDRIE.

HUIT jours avaient suffi à Bonaparte pour prendre possession de l'île de Malte, y organiser un gouvernement provisoire, se ravitailler, faire de l'eau, et régler toutes les dispositions militaires et administratives. Il avait paru devant cette île le 22 prairial;

il la quitta le 1er messidor, après en avoir laissé le commandement au général Vaubois.

Les vents de nord-ouest soufflaient grand frais. Le 7 messidor, la flotte est à la vue de l'île de Candie; le 11, elle est sur les côtes d'Afrique; le 12 au matin, elle découvre la tour des Arabes; le soir, elle est devant Alexandrie.

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