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d'un des faits les plus importants accomplis sous le court règne du neuvième de ces princes. Le premier de ces auteurs est l'Égyptien Noveïry, mort vers l'année 1332 de notre ère, à l'âge de cinquante-trois ans1. Voici la traduction de son récit :

<< Mention de la prise de Jérusalem par l'émireldjoyouch.

er

« Dans le mois de cha'bân de l'année 491 (4 juillet-1 août 1098), Elafdhal, émir-eldjoyouch (commandant des armées)2, se mit en marche avec ses troupes vers la Syrie et campa devant Jérusalem, qui

1 On peut voir sur cet auteur l'Histoire des Mongols depuis Tchinguiz-Khan jusqu'à Timour-bey ou Tamerlan, par M. le baron C. d'Ohsson, La Haye, 1834, in-8°, t. I, p. LVIII et suiv., et sur son père, l'Hist. des sultans mamlouks de l'Égypte, par Makrizy, trad. de M. Quatremère, t. II, 2a partie, p. 173, 174, note. Dans le passage de M. d'Obsson qui vient d'être cité, il faut lire Teïmy au lieu de Tihiyen, et collége appelé Ménázil aľ’izz, au lieu de collége Marounah. Sur ce collége, on peut consulter un intéressant article de Makrîzy, Description de l'Égypte, édition de Boulak, t. II, p. 364. Cf. ibidem, t. I, p. 485, 1. 3.

2 On voit, d'après ce passage de Noveïry, ainsi que d'après d'autres d'Ibn-Alathîr (t. X, p. 193, 299, 416), qu'Afdhal porta comme son père le titre d'émir-eldjoyouch, et que ce n'est point par mégarde qu'Ibn-Khaldoun le lui a donné, comme l'a supposé notre savant confrère et ami M. de Slane, dans une note de sa belle traduction des Prolégomènes, t. I, p. 367, n. 2. On verra d'ailleurs plus loin que Guillaume de Tyr a désigné Afdhal par le nom d'Emireius, altération d'Émir-Eldjoyouch. Au lieu d'Emircius, Reiske a supposé qu'il fallait lire Emircius (Abulfedæ Ann. musl., t. III, p. 709, n. 223). Enfin, Makrîzy atteste que l'on donnait le nom de Almesdjid aldjoyouchy à une mosquée qu'Afdhal avait entrepris de construire. Voy. les Notices des Mss. t. VII, p. 41, 1. 4 à 6; et les Mélanges asiatiques tirés du Bulletin de l'Académie de Saint-Pétersbourg, t. VI, p. 561 (article de M. Mehren).

se trouvait en la possession des deux émirs Socmân et Ilghazy, tous deux fils d'Ortok, de plusieurs de leurs proches et d'un nombreux corps de Turcs. Il envoya un messager aux deux premiers, leur demandant de lui remettre la ville sans combat ni effusion de sang; mais ils n'y voulurent pas consentir. Alors il fit dresser des mangonneaux, ruina une portion de la ville et l'assaillit vigoureusement, ce qui contraignit les deux frères à la lui livrer. Il leur octroya des habits d'honneur, les renvoya libres et retourna en Egypte 1. »

L'autre chroniqueur égyptien qui donne la date de l'année 491, est Mohammed Ibn-Moyasser, dont le récit a été transcrit textuellement par le savant polygraphe Makrîzy, dans sa grande description de l'Égypte et du Caire. Voici la traduction des paroles de Makrîzy « Ce qui suit est emprunté à l'excellent

1

ذکر استيلاء امير الجيوش على البيت المقدس وفي شعبان الافضل امير الجيوش بعساكره الى الشام ونزل خرج سنة ۴۹۱ على البيت المقدس وهو فى يد الاميرين سقمان وایلغازی ابنی ارتق وجماعة من اقاربهما وخلق كثير من الاتراك فراسلهما يلتمس منهما تسليم البيت المقدس من غير حرب ولا سفك فلم يجيباه لذلك فنصب الجانيق وهدم منه قطعة وقاتل فاضظرا لتسليمه فسلّماه له فخلع عليهما واطلقهما وعاد الافضل الى مصر

(Ms. de la Bibliothèque de l'Université de Leyde, no 2 l, fol. 58 ro.) Je dois le texte de ce passage à l'obligeance de mon savant ami M. Reinhart Dozy, correspondant de l'Académie des inscriptions. Le ms. 702 A de la Bibliothèque nationale, contenant des fragments de l'ouvrage de Noveïry, donne le même récit, fol. 63 ro, mais d'une manière moins correcte.

Mohammed, fils d'Aly, fils de Youçouf, fils de Moyasser. Dans le mois de cha'bân de l'année 491, Elafdhal, fils d'émir-eldjoyouch, se mit en marche vers Jérusalem, accompagné d'une armée nombreuse. Dans cette ville se trouvaient les deux fils d'Ortok, Socmân et lighâzy, avec plusieurs de leurs proches, de leurs partisans et un fort détachement de troupes turques. Elafdhal leur envoya un message pour les inviter à lui livrer Jérusalem sans coup férir; mais ils s'y refusèrent. Alors il attaqua la place, dressa contre elle des mangonneaux et en ruina tout un côté. Les fils d'Ortok ne virent pas de moyen d'éviter de se soumettre, et lui livrèrent la ville. Il les fit revêtir d'habits d'honneur et les relâcha; après quoi il s'en retourna avec son armée 1. »

L'opinion d'Ibn-Djouzy, d'Ibn-Alathîr et de son copiste Abou 'lféda est contredite encore plus formellement par Abou 'lfaradj, qui s'exprime ainsi : « Dans l'année 492 (28 novembre 1098-16 novembre 1099), lorsque les Égyptiens virent la faiblesse des Turcs, ils se mirent en marche vers Jérusalem et assiégèrent cette place où se trouvaient

1 Édition précitée, t. I, p. 427, article intitulé: Almechhed Alhoçainy. A la seconde ligne de cet article, il faut lire Socmântu au lieu de Socân. (Cf. Ibn-Moyasser, ms. arabe de la Bibliothèque nationale, n° 801 A, fol. 33 ro.) Makrizy a encore mentionné ailleurs la prise de Jérusalem par Afdhal, en la plaçant également dans l'année 491. (Voy. t. I, p. 356, 7° et 6o lignes à partir de la fin. Dans ce dernier endroit il faut lire, Alortokiyn a les Ortokides » au lieu de Alarmen «les Arméniens». Cette faute ridicule, jointe à plusieurs autres, prouve combien les Orientaux de nos jours sont peu versés dans l'histoire de leur pays au moyen âge.)

l'émir Socmân et Ilghâzy, tous deux fils d'Ortok le Turcoman, et leur cousin germain Sivendj 1. Ils dressèrent contre elle quarante et quelques mangonneaux et la prirent par capitulation 2. » On voit que l'historien chrétien dont nous venons de traduire les

paroles place la prise de Jérusalem par les Égyptiens dans l'intervalle qui s'écoula entre la conquête d'Antioche par les croisés et celle de la ville sainte par les mêmes guerriers occidentaux, et que, d'après lui, Jérusalem changea deux fois de maîtres dans la même année musulmane, ou pour parler plus exactement, dans les huit premiers mois de cette année. Il a seulement eu tort d'assigner à la prise de Jérusalem par Afdhal une date qui peut difficilement être admise, puisque nous savons avec certitude la ville sainte fut enlevée par les guerriers d'Occident le 22° jour de cha'bân 492 (14 juillet 1099), après un siége qui dura environ quarante jours et qui commença le 7° de juin. Il ne resterait donc pas l'espace suffisant pour placer le siége de Jérusalem par Afdhal, siége dont la durée est évaluée par Ibn-Alathîr à quarante et quelques jours, et le temps de l'occupation de cette ville par les Égyptiens. Cette considération nous porte à substituer dans le récit d'Abou 'lfaradj le chiffre 491 au

que

1 Ibn-Alathîr (loco supra laudato) mentionne en outre leur neveu Yakouty. D'Herbelot donne par erreur à Sivendj ou, comme il écrit, Sunege, le titre d'oncle de Socmân et d'Ilghazy (Bibliothèque orientale, verbo Gods).

2 Historia compendiosa dynastiarum, p. 369.

chiffre 4921, en nous appuyant sur l'autorité de Noveïry, d'Ibn-Moyasser et de Makrîzy, et sur d'autres encore, qu'il nous reste à faire connaître.

Le célèbre biographe Ibn-Khallicân, si doctement édité et traduit par notre confrère M. de Slane, donne, dans une courte notice consacrée à Ortok, la date du mois de chewâl 491 (septembre 1098) comme celle de la prise de Jérusalem sur les deux fils de ce chef turcoman 2. Dans une autre notice qui a pour sujet le calife Mosta'ly 3, il dit que le vizir de ce prince, Afdhal, reçut Jérusalem des mains de Socmân, le vendredi 25 du mois de ramadhân 491 (26 août 1098). Il est vrai qu'il mentionne aussi l'opinion d'après laquelle cet événement aurait eu lieu dans le mois de cha'bân de l'année 489. Dans sa grande histoire universelle, Ibn-Khaldoun a raconté plusieurs fois la prise de Jérusalem par Afdhal; la première fois, dans un morceau consacré spécialement aux expéditions des Francs en Syrie; la seconde, dans un chapitre où il est question de l'histoire des Seldjoukides; la troisième, dans l'histoire des califes fatimites d'Égypte. Dans le premier de ces récits, il donne la date de l'année 491";

1 Ce chiffre a été admis par d'Herbelot, loco supra laudato.

2 Vies des hommes illustres de l'islamisme, édition de M. de Slane, t. I, p. 90, l. 1.

3 Ibidem, p. 84.

♦ Ibn Khalduni narratio de expeditionibus Francorum in terras islamismo subjectas, edidit C. J. Tornberg, Upsaliæ, 1840, in-4o, p. 11. Cf. le ms. arabe 742-5, t. VI, fol. 85 vo, l. 6.

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