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que,

led, de Yezid ibn-abi-Sofian et d'Abou-Obeidah, les conquérants musulmans de la Syrie. Il semble dans les premières années de l'invasion, la population chrétienne, tout en gardant ses types monétaires byzantins, fut obligée d'y ajouter les noms des vainqueurs. M. de Saulcy est le premier à reconnaître qu'il reste à tout cela, surtout en ce qui concerne le déchiffrement de la légende arabe, de grandes difficultés.

Le principal résultat que nous a communiqué cette année M. Clermont-Ganneau est son mémoire sur cette curieuse stèle du temple d'Hérode1 qu'il a retrouvée, et qui introduit dans les études critiques et même archéologiques relatives à Jérusalem un élément capital. Nous aurons l'année prochaine à vous signaler d'autres travaux sur la même inscription et sur la nuance exacte de la pénalité qui s'y trouve édictée. M. G. Colonna Ceccaldi nous a tenus au courant des découvertes archéologiques capitales que ne cesse de fournir l'île de Chypre 2; M. de Longpérier3 a traité de certaines antiquités babyloniennes trouvées à Van; la Mission de Phénicie s'est augmentée de deux nouvelles livraisons et touche à son terme; enfin, M. Guillaume Rey a

Revue archéologique, avril et mai 1872.

2 Revue archéologique, décembre 1871.

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3 Bulletin de l'Académie des sciences de Saint-Pétersbourg, t. XVI, col. 526-529.

Mission de Phénicie, Imprimerie nationale. Le texte est publié jusqu'à la page 600. Tout le reste de l'ouvrage, texte et planches, sera livré à la fois.

achevé l'impression du travail sur les Familles d'outremer de notre grand érudit Du Cange1. Je sortirais de notre cadre en vous parlant longuement d'une publication qui se rattache surtout au moyen âge latin; j'ai voulu seulement vous montrer que la vaillante école française qui depuis vingt ans a pris pour tâche l'exploration de la Syrie n'a rien perdu de son ardeur.

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M. Oppert a donné quelques observations sur les textes perses en caractères cunéiformes 2, diverses polémiques et la traduction de fragments astronomiques et astrologiques de grand intérêt, en particulier d'un fragment curieux sur ces pronostics par les monstruosités qui firent le tour du monde avec les charlatans chaldéens. Dans ses Lettres assyriologiques, M. François Lenormant a discuté les questions qui se rapportent à la monarchie des Mèdes, à ses origines, à ses rois, ainsi qu'à l'ethnographie et à l'histoire de l'Arménie avant les Achéménides; il a en outre dressé, d'après l'état actuel de l'assyriologie, un canon provisoire des rois de Babylone et de Ninive, qui servira à introduire quelque clarté dans ces études obscures 5.

1 Les Familles d'outre-mer de Du Cange. Paris, Imprimerie impériale, 1869, IV-998 pages in-4°, dans la collection des Documents inédits sur l'histoire de France. (Cf. Revue critique, 1er décembre 1871.) 2 Revue de linguistique, t. IV, 3o fascicule, p. 204 et suiv. et Journal asiatique, février-mars 1872.

3 Journal asiatique, janvier 1872.

" Journal asiatique, octobre-novembre-décembre 1871.

5 Lettres assyriologiques sur l'histoire et les antiquités de l'Asie antérieure, t. I, Paris, 1871, 250 pages in-4° autographiées.

Un service plus considérable encore rendu par M. François Lenormant aux études assyriennes est són commentaire sur les fragments cosmogoniques de Bérose1. On ne saurait être plus complet, plus analytique, plus soigneux. Le grand ouvrage de M. Lenormant ne paraîtra prolixe qu'à ceux qui ne se rendent pas compte des difficultés d'un pareil sujet. Avec un juste sentiment des doutes qui restent en ces études, M. Lenormant expose toutes les hypothèses et laisse sentir ce que de telles constructions ont de provisoire. Même quand plusieurs des résultats qu'il croit certains ne subsisteraient pas devant. des recherches ultérieures, son livre n'en gardera pas moins toute sa valeur. Les index, nombreux et bien faits, en font un excellent instrument de travail. M. Lenormant n'a étudié dans ce volume qu'une partie des fragments des Antiquités chaldaïques, ceux qui ont trait à la cosmogonie, à la religion et aux traditions sur les âges primitifs de l'humanité. Quant à ceux, en plus grand nombre, qui ont trait à l'histoire proprement dite, il se propose de les commenter à leur tour avec le même développement. Ce que nous connaissons déjà d'un mémoire du même auteur sur Sémiramis2 nous autorise à beaucoup attendre de la suite de ses recherches sur ces problèmes attachants. Quand aurons-nous une his

1 Essai de commentaire des fragments cosmogoniques de Bérose, d'après les textes cunéiformes et les monuments de l'art asiatique. Paris, 1871, Maisonneuve, 576 pages in-8°.

2 Bulletin de l'Académie royale de Belgique, 1872, p. 233-239.

toire d'Assyrie, une histoire de Babylone, aussi complètes que possible en leur cadre, où les lacunes soient cernées et clairement signalées aux investigations de l'avenir?

M. Darmesteter a entrepris un travail qui promet d'être d'un grand intérêt; c'est d'extraire des œuvres de Raschi toutes les gloses françaises que le célèbre rabbin de Troyes emploie pour suppléer à l'insuffisance de l'hébreu dont il se sert. Ces gloses fournissent environ 2,000 mots français du x1° siècle. Nous ne possédons que de bien rares monuments écrits en notre langue à une époque aussi reculée, et ces monuments appartiennent tous au dialecte normand et à l'idiome poétique. Un glossaire de 2,000 mots champenois, populaires, usuels, écrits en une orthographe qui permet de voir assez clairement leur prononciation, sera d'un grand secours pour la philologie romane. M. Darmesteter prélude à ce travail par de longues recherches dans les bibliothèques de manuscrits hébreux. Les ouvrages de Raschi ont été souvent imprimés; mais les gloses en question ont été naturellement fort maltraitées par les éditeurs. M. Darmesteter s'est imposé avec raison de les revoir sur les manuscrits pour en donner avant tout un texte critique, qui offre aux discussions de la philologie une base assurée.

M. Moïse Schwab a publié la traduction du traité Berakhoth, selon le Talmud de Jérusalem et le Tal

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Rapport dans les Archives des missions scientifiques et littéraires, 2 série, t. VII, 1e livraison, p. 87-100.

mud de Babylone1. L'auteur reconnaît lui-même les imperfections de son travail et ce qu'il a d'un peu hâtif2. Il est très-fâcheux qu'il n'existe pas une traduction du Talmud faite il y a une cinquantaine d'années. Une telle traduction, exécutée avant le vaste travail de critique que M. Geiger et son école ont appliqué à cette immense et fastidieuse compilation, serait très-imparfaite sans doute; elle serait néanmoins fort utile. Les savants non israélites la parcourraient avec fruit; on ne pourrait se fier à elle quand il s'agirait d'un passage difficile ou important; en pareil cas, on recourrait aux travaux de l'école plus récente; mais pour bien se rendre compte du contexte, pour avoir la physionomie des livres entiers, la traduction dont je parle serait extrêmement commode. Aujourd'hui une telle entreprise vient trop tôt ou trop tard; il est trop tard pour une traduction imparfaite, faite par à peu près; il est trop tôt pour une traduction vraiment critique, discutant le texte, cherchant les moyens de l'améliorer, tenant compte de toutes les discussions auxquelles chaque passage a donné lieu. Trois ou quatre personnes en Europe pourraient faire l'œuvre ainsi entendue, et certainement elles ne le feront pas. Une vie serait loin d'y suffire, et les savants dont je parle, outre qu'ils seraient sans doute d'avis d'attendre les

1 Traité des Berakhoth du Talmud de Jérusalem et du Talmud de Babylone. Paris, Imprimerie nationale, 1871, LXXVII-560 pages, grand in-8°. Chez Maisonneuve.

2 Voir Revue critique, 24 février 1872, article de M. Derenbourg,

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