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Les fluctuations dans les mesures se sont vues partout dans les temps modernes, de ville en ville, jusqu'à ce qu'on fût arrivé, avec beaucoup de peine et non sans prendre des mesures rigoureuses, à établir une unité de mesure dans le même pays.

Jusqu'ici nous avons laissé de côté l'autre système de mesures linéaires, retrouvé par M. Smith sur une tablette de Senkereh conservée au Musée Britannique (voir North British Review, 1870, p. 332). Malheureusement ce document est très-fruste, et il s'y trouve une lacune qui rendra la démonstration toujours quelque peu incomplète; mais, tel qu'il est, il est d'une très-grande importance. On sait que les poids assyriens présentent deux séries différentes de mesures, qui sont dans la proportion de un à deux. Le même rapport se montre au sujet du us (stade) et du kaśbu. Nous examinerons maintenant ce curieux document, que M. Smith a bien voulu nous communiquer.

(La suite à un prochain numéro.)

UNE STÈLE DU TEMPLE D'HÉRODE,

PAR M. J. DERENBOURG '.

La curieuse et importante découverte faite par M. Clermont-Ganneau a fourni à la science une pierre vraie, authentique, du fameux temple d'Hérode. Dans le mémoire qu'il a consacré à cette heureuse trouvaille, M. Ganneau montre les qualités solides d'un archéologue déjà exercé 2. M. Ganneau interroge la pierre, et lui arrache des réponses sur mainte question controversée concernant le temple. Les dimensions et la qualité de la pierre, l'inscription qu'elle porte, sont examinées avec soin et habileté.

On peut bien s'imaginer que les solutions proposées par M. Ganneau ne seront pas agréées de

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1 Lu à l'Académie des inscriptions et belles-lettres, le 15 mars. 2 Ce mémoire, lu à la séance de l'Académie du 1 mars, a été imprimé depuis dans la Revue archéologique, année 1872, no de juin. Le S V, composé et ajouté après coup par M. Clermont-Ganneau, bien que je n'y sois pas nommé, est entièrement consacré à la réfutation de la thèse que j'ai soutenue dans ma communication à l'Académie. Après l'audition d'une lecture faite avec difficulté, en l'absence de l'auteur, par M. de Longpérier, je ne puis juger si les autres paragraphes ont également subi quelques retouches. En tout cas, je me suis astreint à donner mon petit mémoire tel que je l'ai lu; les notes seules sont une addition nouvelle.

prime abord par tout le monde ; je veux aujourd'hui m'attacher exclusivement à la dernière partie de l'inscription gravée sur la stèle découverte, et qui a besoin d'être examinée de nouveau. Les mots ds δ' ἂν ληφθῇ ἑαυτῷ αἴτιος ἔσται διὰ τὸ ἐξακολουθεῖν Jávatov 1 ont été traduits par M. Ganneau : « Celui (l'étranger) qui scrait pris, serait cause que la mort s'ensuivrait pour lui, » ce qui, selon M. Ganneau, veut dire : «< il serait puni de mort, aurait légalement et juridiquement mérité la peine capitale. » Nous ne - pensons pas que le grec permette cette version; si ἐξακολουθεῖν θάνατον dépendait grammaticalement de αἴτιοs, on n'aurait pas dit διὰ τό, mais τοῦ ἐ. Εt alors encore ce serait exprimer d'une manière bien obscure et bien embarrassée ce que la Septante exprime clairement et simplement par Javáry Daνατοῦσθω, οι θανάτῳ τελευτάτω. Μ. Ganneau cherche, il est vrai, une intention dans cette tournure singulière; il y voit une ruse orientale, qui veut rejeter la condamnation sur la tête de celui qui ne s'est pas laissé avertir. Mais la construction indique suffisamment qu'il faut chercher dans la phrase grecque un autre sens que celui que lui prête M. Ganneau. Et ici il se présente en premier lieu une question

1 L'inscription commence par les mots : Μήθενα ἀλλογενῆ εἰσπου ρεύεσθαι ἐντὸς τοῦ περὶ τὸ ἱερὸν τρυφάκτου καὶ περιβόλου. L'orthographe de τρυφάκτου pour δρυφάκτου est d'autant plus étonnante que les lettres grecs ne manquaient pas à la cour d'Hérode, et que le mot se rencontre exactement transcrit "pn77, avec une simple transposition du taw et du kouf, dans le sens d'enceinte, Talmud de Babylone, traité de Sanhedrin, 99o.

importante: Y a-t-il un texte biblique ou rabbinique qui reconnaisse une pénalité aussi sévère envers le païen assez téméraire pour franchir l'espace du temple qui lui est assigné, savoir, la cour des Gentils? Dans le temple de Salomon, l'accès de la maison de Dieu était permis au païen. La prière attribuée au roi pour l'époque de l'inauguration, et qui dans tous les cas n'est pas postérieure au roi Josias, renferme le passage suivant: «L'étranger aussi, qui n'appartient pas à ton peuple d'Israël, quand il arrive d'un pays lointain à cause de ton nom, parce qu'on a entendu parler de ton grand nom, de ta main forte et de ton bras étendu, et qu'il entre pour prier dans cette maison, tu l'exauceras dans le ciel où ton siége est établi, et tu accorderas à l'étranger ce qu'il te demande, afin que tous les peuples de la terre apprennent ton nom, te craignent comme ton peuple d'Israël, et sachent que cette maison que j'ai construite est dédiée à ton nom. » (I Rois, viii, 41-43.) C'est, comme on le voit, une invitation plutôt qu'une défense. L'exclusion de la communauté de Dieu (kehal yehowa) qui est prononcée à tout jamais contre les Ammonites et les Moabites, et jusqu'à la troisième génération contre les Édomites et les Égyptiens, n'a rien de commun avec notre sujet, et si M. Ganneau ne l'avait pas mentionnée, je n'en aurais pas parlé. La loi du Deutéronome (XXIII, 4-9) traite des païens établis dans la Terre sainte, et dont les uns pouvaient plus facilement que les autres être accueillis comme prosé

lytes dans l'alliance du Dieu d'Israël. La législation ne doit pas avoir été la même à toutes les époques de l'histoire du peuple hébreu, et a certainement varié selon les circonstances et selon la politique qu'on avait à suivre envers les Ammonites, les Moabites, les Édomites et les Égyptiens. Une saine critique explique ainsi les contradictions entre les différents passages qui se rapportent à ce sujet1.

Le besoin d'une séparation plus rigoureuse en toute chose d'avec les païens ne se fait sentir parmi les Juifs qu'après le retour de l'exil, et grandit avec la faiblesse politique de la nation. Plus les païens deviennent puissants, et plus les Juifs cherchent à garantir leur indépendance religieuse et morale, en évitant, dans la mesure du possible, tout mélange, tout commerce avec leurs dominateurs 2. Le païen fut, par rapport au temple, assimilé au Juif qui s'est rendu impur par l'attouchement d'un mort. Parmi les dix degrés de sainteté dont parle la Mischna (Kelim, 1, 5), et dont les deux extrêmes sont, d'une part, le sol de la Terre sainte, et, d'autre part, le Saint des Saints, sont nommés aux 3o, 4° et 5° rangs, - d'abord l'intérieur de Jérusalem après qu'on eut franchi le mur de la ville, où peuvent être consommés les sacrifices dits légers et le produit de la seconde dîme; puis la montagne du temple (ce qui équivaut à la cour des Gentils), où l'entrée est interdite aux hommes et aux femmes atteints de gonorrhée, aux femmes 1 Voyez M. Geiger, Urschrift, passim, et surtout p. 88 et suiv. 2 Voyez mon Essai sur l'histoire de la Palestine, p. 274 et suiv.

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