Troisièmement, la coudée assyrienne est plusTM grande que la coudée égyptienne.

Ce point est facile à établir: 12,380 coudées assyriennes équivalent à 6,790 mètres, donc la coudée est égale à 0,54847, ou à 548 millimètres et deini. Le pied assyrien sera donc à 0,32908, 329 millimètres et un dixième. Nous admettons par conséquent : Pour la coudée assyrienne.. 0,5485. Pour le pied assyrien. . . . 0,3291.

Les valeurs ainsi obtenues se vérifient par les mesures données par Botta et M. Place dans leurs ouvrages. La preuve la plus concluante de l'exactitude de notre évaluation se trouve dans les mesures afférentes à l'enceinte du palais de Khorsabad. Celle-ci forme une figure rectangulaire de huit côtés symétriquement disposés. L'octogone s'obtient par la juxtaposition de deux rectangles à côtés différents et peut être comparé de loin à celui que forment le Louvre et les Tuileries réunis. En mesurant les côtés du plan de M. Place, on obtient pour la façade du côté extérieur 237 mètres, pour la profondeur des deux côtés 151 mètres, la largeur se développe ensuite des deux côtés à 39", 5o. La profondeur de ce corps de bâtiment plus large est, de chaque côté, de 191 mètres, et le mur du derrière donnant sur la ville est de 316 mètres. Le pourtour est de 1,316 mètres, et M. Place, qui accuse dans son texte 344 mètres de profondeur sur 314 mètres de plus grande largeur, arrive au même résultat 2 × 344 + 2 × 31 4 = 1,316).

Or, 1,316 mètres font exactement 2,400 coudées ou 4,000 pieds, à o", 329. A o",3291 on aura 1,316. 4. De plus 237 mètres sont à 39m, 50 comme 6 est à 1, et 237 mètres à 316 comme 3 à 4.

On a donc pour les parties du mur du palais :

Comme b, c, d entrent deux fois, il y a pour le

Or, que représente cette somme de 2,400 coudées ou de 4,000 pieds? Exactement 6 stades, ou 3 doubles stades ou diaules. Nous retrouvons donc la proportion qui a été prise pour base, puis modifiée quand il s'est agi de construire l'enceinte urbaine.

Il faut encore faire observer que tous les chiffres de coudées sont divisibles par 1 2, et tous les nombres de pieds par 20; c'est donc par doubles cannes qu'on pourrait évaluer la longueur du pourtour et la su

perficie. Les valeurs sont 36, 23, 6, 29 et 48 doubles cannes. La superficie du palais était de 319,680 coudées carrées, de 888,000 pieds carrés ou de 2,220 doubles cannes carrées. La surface exprimée en hectares est de 35", 787 pour la petite, de 60,356 pour la grande partie, donc en tout 96,143. M. Place l'a évaluée en chiffres ronds à 100 hectares, ce qui est un peu trop.

On ne saurait demander une exactitude plus minutieuse sans encourir le reproche mérité de puérilité; même cette évaluation à un demi-millimètre pourrait paraître une rigueur inutile. Je me rappelle en quels termes Biot parlait des mesures et des observations des anciens : «Il ne faut pas, disait-il, exiger des hommes plus qu'ils ne peuvent raisonnablement accomplir. » Les anciens ne pouvaient pas arriver à la précision à laquelle nous nous sommes habitués, parce que nous disposons d'instruments dont ils ignoraient absolument l'existence et dont ils ne comprenaient pas la nécessité.

La coudée formant l'unité fondamentale du système assyro-perse, il convient de prouver que cette unité fut la même chez les deux grands peuples dominateurs de l'Asie occidentale. En donnant la preuve que cette unité avait la même valeur, nous avons en même temps démontré que l'étalon déterminé par nous survécut au fondateur de Khorsabad.

Nous avons vu que, dans deux évaluations à peu près égales des carrés, il faut regarder la moins grande comme expression d'un nombre exact d'unités

la

mensuraires. La pensée qu'il fallait voir une mesure simple dans un élément de construction tel que brique nous a guidé dans la découverte du système babylonien; ainsi, dans nos mesurages des bâtiments nous avons toujours un nombre exact et même un nombre rond de mesures. Cette même idée mère, nous la transportons à Persépolis pour en déduire les mesures des Perses. Nous en dounerons les résultats d'abord partiels, puis généraux. On remarquera sans doute que quelquefois l'écart est relativement assez considérable; mais il ne faut pas oublier que le moindre changement dans quelques centimètres peut modifier de beaucoup la troisième décimale. Ainsi, en évaluant les 14a, 99 du palais n° 6 à 28 coudées, nous obtiendrons une unité moindre de 13 millimètres. Une erreur de 26 centimètres sur 15 mètres suffit pour produire cette différence; celle-ci d'ailleurs se trouve amoindrie dans une autre équivalence où nous devons compter 28 coudées dans 15", 15. Nous avons choisi les mesurages les plus apparents au point de vue de l'intention, laquelle, dans les dimensions moindres, nous est souvent inconnue; car nous devrions, pour révéler toute l'économie de l'architecture, connaître les subdivisions de la coudée et du pied jusque dans leurs moindres détails.

Quant à la moyenne tirée sur un nombre assez considérable de données, il est évident qu'elle doit déjà approcher de la réalité. Les fautes faites de part et d'autre, en moins et en plus, se seront alors

compensées, et les petites fluctuations amenées par d'autres équivalences ne pourront pas sensiblement modifier le résultat général.

Voici les valeurs en partie déjà citées plus haut :

68m, 66 font 125 coudées à o", 5493.

Le résultat moyen serait :

331, 34 font 606 coudées à oTM, 5467.

Cette moyenne nous donnerait 2 millimètres de moins pour la coudée perse, ce qui serait très-possible. Mais n'oublions pas que nous raisonnons sur des travaux d'architecture, et qu'on ne peut jamais être aussi sûr des mesures prises avec le plus grand soin à une pareille limite d'erreur près. De plus, comme nous l'avons dit, une étendue linéaire quelque peu considérable, mesurée par les Perses avec un peu trop de largesse, peut modifier cette moyenne, n'ayant, avant tout, qu'une valeur approximative.

Le point essentiel est de prouver que l'étalon perse est essentiellement identique à l'étalon assyrien.