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L'ÉTALON DES MESURES ASSYRIENNES

FIXÉ PAR LES TEXTES CUNÉIFORMES.

PAR M. J. OPPERT.

En 1853, livré aux travaux de relèvement trigonométrique des ruines de Babylone, je fus amené à étudier les mesures des Chaldéens. L'examen de plusieurs centaines de briques babyloniennes et d'une grande quantité de dalles en pierre me conduisit à différents résultats nouveaux, qui peuvent se résumer en ces termes :

1o La brique est originairement le pied carré babylonien;

2o Le pied formait les trois cinquièmes de la coudée, et non pas les deux tiers, comme chez les Grecs;

3o Cette coudée est essentiellement la même que la coudée royale égyptienne, et plus petite que la coudée de Ninive et de Perse;

4o Le stade se compose donc de 360 coudées et de 600 pieds, tandis qu'en Grèce il était de 400 coudées;

5o Le pied babylonien avait oTM,315 (315 millimètres), et la coudée, o",525.

Mon illustre maître M. Boeckh fit à l'Académie de Berlin un mémoire sur ces résultats, et j'eus la grande satisfaction de les voir entièrement approuvés. Ils ont depuis formé la base des recherches sur les mesures de cette partie de l'Asie.

Quelques savants ont voulu contester ces résultats; mais les études ultérieures les ont maintenus et viennent encore de les consacrer par une éclatante confirmation.

Cette corroboration du système émis il y a près de vingt ans dérive du déchiffrement des textes cunéiformes, contrôlé par les mesures prises à Khorsabad par Botta et Flandin. Avant tout, il convient de dire déjà, bien que cela résulte de notre développement, que leurs recherches ont été exécutées avec une admirable exactitude.

La comparaison de ces deux éléments nous a fourni le moyen de fixer exactement, jusqu'au dixième de millimètre près, l'étalon métrique en usage du temps de Sargon. Ces mesures doivent s'être perpé

1 Mon savant ami M. Vasquez Queipo a d'abord admis mes opinions, puis il a fait valoir quelques réserves et a finalement remplacé le système assyro-perse par le système arabe. J'ai la certitude que l'explication des textes assyriens eux-mêmes le feront revenir à son ancienne opinion. (Voir Vasquez Queipo, Essai sur les systèmes métriques de l'antiquité, p. 286 et p. 578.) Le vice de l'argumentation de M. Queipo réside surtout dans l'assimilation de la coudée antique au bras (dzera') arabe; elle admet donc une coudée de deux pieds qui ne se trouve pas ailleurs dans l'antiquité asiatique. M. Queipo insistait avec raison sur le défaut de l'assimilation d'un certain nombre de coudées avec une valeur exprimée en mesures connues; cette objection est écartée par l'équivalence fournie par les mesures de Khorsabad.

tuées plus tard, et ont aussi existé antérieurement à la fin du viie siècle avant l'ère chrétiennc.

Nous avions fixé la coudée assyrienne comme étant provisoirement identique à celle qu'on appelle philétérienne, évaluée à 54 centimètres. Nous démontrerons que la coudée assyrienne avait un soixantehuitième en plus, et qu'elle était un peu plus forte que celle qui, plus tard, dut former l'étalon de Persépolis.

Avant d'aborder ce sujet, il convient de toucher un sujet en apparence différent, mais en réalité connexe à notre développement.

Nous savons par les auteurs grecs que les Chaldéens comptaient le temps par sosses de 60, par ners de 600 et par sars de 3,600 ans. J'avais cru voir, séduit par des assonances philologiques, dans les sosses l'hébreu sa'at «heure, » dans les ners le sémitique nahar «jour, » et dans le sar le mot sahr << mois. >> J'avais done eru devoir modifier les évaluations du soss et du ner, et maintenir celle du sar.

Je suis en état aujourd'hui de rectifier cette erreur, et en même temps de généraliser et de corriger les idées que la plupart des savants ont émises au sujet des sosses, des ners et des sars.

Les expressions en question ne sont pas des valeurs exclusivement temporaires. Le ner, par exemple, ne veut pas dire seulement 600 ans; cet intervalle est égal à un ner d'années. Elles sont tout simplement des valeurs numériques, en un mot, des coefficients arithmétiques.

Le soss signifie le nombre de 60;

Le ner signifie le nombre de 600;

Le sar1 signifie le nombre de 3,600.

Ces expressions ne s'employaient que pour les chiffres élevés, et ne s'ajoutaient qu'à une certaine valeur dans chaque ordre d'idées. L'unité était : Pour les valeurs temporaires, l'année;

Pour les valeurs itinéraires, la canne de 6 coudées; Pour les valeurs agraires, probablement le carré de 60 coudées, le plèthre;

Pour les valeurs cubiques, le talent.

Les signes par lesquels ces valeurs de sosses, de ners et de sars sont déterminées sont :

Le soss, us; . prononcez susu;

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1 M. Brandis (Das Münz-, Mass- und Gewichtsystem) a également émis cette idée, et il cite à propos les passages d'Hésychius et de Suidas : σάρος· ἀριθμός τις παρὰ Βαβυλωνίοις. Seulement il a laissé de côté le ner, qui entre bien dans tout le système de numération chaldéenne.

2 Cela résulte de la comparaison de B. M. III, 38, 16; Dour-Sarkayan, p. 7, 1. 81, 90; p. 19, l. 65. Il convient de dire que M. Smith, dans son Assurbanipal, a bien traduit le passage allégué par 2 ners, 7 sosses et 15 ans.

M. Rawlinsona, il y a longtemps, vu dans ce signe le ner; il est expliqué nīru dans les syllabaires (B. M. II, 2, 658; III, 70, 196200). Dans les textes d'Asurbanhabal, il se met au lieu de nīr «le joug» et de nir « au-dessous » (B. M. III, 23, 101; 26, 12; 35, 8 et passim). Il existe aussi l'étoile du nir, qui se lève au mois d'Eloul (ib. 53, 61), et qui, en surveillant et en regardant la planète de Vénus, a pour conséquence la perte du pavs et la victoire du rebelle

Le sar

((?),

pro

noncez sāru.

Appliquons maintenant ces coefficients aux unités différentes.

Nous n'avons rien à ajouter au sujet des multiples connus de l'année.

Quant aux mesures linéaires ou du premier degré, nous aurons, dans l'un des différents systèmes, pour l'unité, la canne ou brasse, 6 coudées ou 10 pieds; Pour le soss, le stade, 360 coudées ou 600 pieds, Pour le ner, le mille, 3,600 coudées ou 6,000 pieds;

Pour le sar, le schane de 60 stades, 21,600 coudées ou 36,000 pieds.

, us,

J'ai déjà évalué, en 1856, le itinéraire l'ammatgagar, à 360 coudées 2 ou au stade, et j'ai également reconnu la valeur du mille et du schone. J'ai approprié l'expression schone à l'aslagaqqar (écrit kasbuqaqqar) par suite de l'étude de l'inscription d'Assurbanhabal, en 1865. En effet, il est dit dans le prisme de ce roi que Ninive était distante du désert arabe de 100 asliqaqqar (kaśbaqaqqar3) : ce terme, devant être un multiple du stade, ne pouvait

(ib. 57, 28). Cela peut être Canope. Ce signe compliqué est formé du sar, précédé de su, indiquant la sixième partie.

Nous reviendrons sur un autre système qui a été retrouvé par M. George Smith sur une tablette de Senkereh.

M. Hincks a d'abord contesté, puis accepté mon opinion. Je reviendrai sur ce point et sur les observations auxquelles il donne lieu. B. M. III, 24, 79; 35, 84. Le mot se trouve dans un passage

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