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d'hui de déterminer presque à coup sûr les diverses époques de la construction du mur d'enceinte, de faire par conséquent la part de ce qui appartient à Salomon, à Hérode ou aux temps intermédiaires. Il paraît désormais très-probable que le temple de Salomon avec ses parvis était au centre de l'enceinte actuelle, que le hiéron reconstruit par Hérode fut à la fois agrandi au nord et au sud et est représenté très-exactement par l'ensemble du Haram tel qu'il existe aujourd'hui. Le capitaine Warren, s'appuyant surtout sur des considérations techniques, a démontré très-ingénieusement que l'ancien palais de Salomon avait été englobé dans cet agrandissement, et qu'il forme justement l'angle sud-est de l'enceinte, sur lequel on a tant disputé. A la face orientale de cet angle, on a découvert sur des blocs appartenant aux dernières assises, à plus de 80 pieds de profondeur, des caractères sémitiques peints et gravés, qui paraissent plutôt araméens que phéniciens.

Le capitaine Warren a aussi exploré la plupart des nombreuses citernes, dont quelques-unes gigantesques, creusées dans le roc à l'intérieur du Haram. Ces recherches ont fourni de précieuses indications dont il m'est malheureusement difficile d'indiquer la valeur dans cette brève notice. Un point surtout paraît devoir être d'un intérêt tout particulier; c'est une sorte de crypte moitié construite, moitié taillée dans le roc, que le capitaine Warren a trouvée dans la région nord du Haram, et où M. Fergusson, conformément à sa théorie bien connue et tant con

testée, inclinerait à placer l'église de la Résurrection élevée par Constantin sur le tombeau du Christ.

Au sud du Haram le capitaine Warren a retrouvé sous terre l'ancien rempart de Jérusalem qui enveloppait la colline d'Ophel, et à la fontaine de la Vierge, ou source de Rogel, un curieux passage creusé dans le roc, qui, en temps de guerre, permettait aux habitants d'aller puiser de l'eau à couvert, au dehors des murs.

Dans la vallée de Cédron on a déblayé un long aqueduc creusé dans le roc, dont la destination est encore un mystère, mais dont le percement représente un travail énorme.

Des fouilles à la piscine dite de Béthesda ont démontré l'existence d'une vallée qui coupe obliquement l'esplanade du Haram du côté nord-est et va déboucher dans la vallée du Cédron dont elle est peut-être la véritable origine.

Des excavations ont été aussi tentées à l'intérieur même de Jérusalem, notamment à l'emplacement présumé de la porte Gennath, point capital dans la controverse sur la question de l'authenticité du Saint-Sépulcre. Elles ont amené un résultat négatif pour l'hypothèse assez populaire qui, à l'endroit fouillé, voulait voir cette porte point de départ du second mur d'enceinte.

Je n'ai pas le temps d'entrer dans le détail de tous ces travaux qui ont été si féconds pour la topographie. Je voudrais seulement dire quelques mots au sujet des découvertes archéologiques qu'ils ont

amenées. Ces résultats ne sont certainement pas comparables aux résultats topographiques, et quelques personnes s'en étonnent, mais bien à tort. Jérusalem a été de tout temps pour l'archéologie un des sols les plus ingrats. Tandis que la Grèce, l'Italie, l'Asie Mineure, la Phénicie nous livrent par milliers des textes et des objets antiques, Jérusalem est sous ce rapport tout à fait déshéritée. Cependant la civilisation hébraïque, encore qu'elle tienne dans l'histoire générale de l'humanité une fort petite place et qu'elle fasse assez pauvre figure auprès des mondes assyrien et égyptien, a dû avoir un certain développement, et aurait dû nous laisser des traces appréciables. Malheureusement Jérusalem est placée, au point de vue archéologique, dans des conditions tout à fait défavorables, qui peuvent expliquer en partie ce mutisme singulier. L'exhaussement progressif du sol nous met à une grande distance du niveau antique, qui est bien rarement atteint par les fouilles accidentelles des particuliers, amenant souvent, partout ailleurs, les plus grandes découvertes. En outre, Jérusalem a subi le sort des villes qui ont toujours vécu d'une vie continue et ininterrompue: elle s'est dévorée elle-même. Tous les débris antiques ont été successivement, pendant cette longue succession de siècles, utilisés comme matériaux dans la construction des maisons, superposées les unes aux autres. Il ne faut pas oublier d'ailleurs que les excavations anglaises avaient pour objet presque unique des observations topographiques; que la sur

face antique explorée est bien minime si l'on additionne tous les puits et galeries creusés pour atteindre des points déterminés, et qu'enfin il fallait une véritable chance pour qu'un de ces puits vînt tomber juste, verticalement, sur un objet antique ou une inscription importante.

Toutefois ces fouilles, quoique peu productives, n'ont pas été entièrement nulles pour l'archéologie. Nous rappellerons les caractères constatés dans les fondations de l'angle sud-est; le cachet de Aggée, fils de Chebaniah, en caractères hébreux phéniciens, trouvé à l'angle sud-ouest; six anses de vases en terre cuite découverts sur le roc, à l'angle sud-est, à 79 pieds au-dessous du sol actuel, et portant des estampilles en caractères phéniciens semblables à ceux de la pierre de Dhiban: le melek zeph, pi et le melek chat, ne shph; un poids en pierre avec une inscription hébraïque; plusieurs lampes en terre cuite portant des inscriptions grecques chrétiennes; quelques lampes en verre, vases ou plats en terre cuite, objets divers en bronze, fragments d'architecture de différentes époques, etc.

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C'est peu certainement, si, faisant abstraction des résultats topographiques, l'on ne considère que ces trouvailles archéologiques et qu'on les compare aux sommes considérables dépensées pour les excava

tions.

Cependant on est en droit d'espérer que le sol de Jérusalem rompra enfin ce long silence et nous livrera, comme celui des autres contrées, de ces

pierres parlantes qui jettent tant de lumière dans le passé. Les résultats partiels obtenus par le Palestine Exploration Fund, quelques découvertes faites récemment sur le terrain hébreu, celles de la stèle de Mésa, de la stèle du temple d'Hérode, des inscriptions hébraïques en caractères phéniciens de Siloân, nous montrent bien qu'en cherchant avec méthode et patience on peut découvrir, en terre biblique, une série de textes d'autant plus précieux qu'ils sont plus rares et qu'ils ont d'ailleurs, tant cette histoire juive est compacte et continue, des chances infinies de coïncider avec des événements relatés dans les sources écrites, et de fournir ainsi à la science critique des éléments inattendus de contrôle et de vérification pour un des documents les plus intéressants des archives humaines.

On peut être convaincu que, si l'on entreprend des explorations suivies dans un but exclusivement archéologique, si l'on y applique les moyens suffisants, si l'on s'attaque à certains points déterminés par des considérations historiques et topographiques, on exhumera quelque jour un monument capital, une page originale des annales d'Israël ou de Juda. Le Palestine Exploration Fund semble l'avoir compris et vouloir diriger ses efforts dans ce sens. Souhaitons-lui cette bonne fortune qu'il a bien méritée par sa persévérance, et qui viendra dignement couronner des travaux dont l'intérêt scientifique ne le cède pas à l'intérêt religieux.

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