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roi d'An-nam que les soldats siamois étaient venus s'emparer de son royaume et que l'Obbojureach était

avec eux.

Le roi d'An-nam lui fit répondre qu'il lui porterait secours. Il envoya un mandarin avec de l'or, de l'argent et 5,000 ligatures pour en faire cadeau au roi du Cambodge. Ceci se passait au mois Srap.

Le 9 du mois Photrobot, l'obbojureach et son plus jeune frère se rendirent à Bankok. Ils laissèrent des mandarins siamois et cambodgiens pour garder Phnom-penh.

Dans le mois Asoch, le roi d'An-nam envoya l'Ong Tacun 2, qui était général d'un ordre élevé, de Hué à Saïgon, avec ordre de construire des jonques et des bateaux de guerre en grand nombre, et de rassembler des soldats annamites et cambodgiens pour ramener le roi du Cambodge dans son royaume.

En 1734 (1812 A. D.), le 5 du mois Meac-aser, le nommé Muc de Pursat prit un éléphant mâle blanc et le conduisit à Siam.

Le 15 de ce mois, le roi de Siam écrivit une lettre au roi d'An-nam au sujet des affaires du Cambodge.

1 Une ligature annamite se compose de 600 pièces en zinc, trouées au milieu et réunies sur une corde, de façon à former une sorte de chapelet. Elle vaut à peu près un franc de notre monnaie.

'Le véritable nom de ce fonctionnaire est Le-van-duyet. Le mot Tacun est la transcription cambodgienne du titre Ta-quan sous lequel on désignait généralement cet ennuque, qui jouissait de la plus grande faveur auprès du roi Gia-long. C'était lui qui avait complétement dompté la rébellion des Tay-so'n, et son nom est encore aujourd'hui très-populaire dans les six provinces

Le 9 du mois Chet, le roi d'Annam ordonna à l'Ong Tacun de se disposer à ramener le roi du Cambodge dans son royaume et de lui offrir 357 néns1, 20,000 thang2 de riz, et 5,000 ligatures pour les hommes qui l'accompagnaient.

En 1735 (1813 A. D.), au mois Chit, l'Ong Tacun avait préparé la rentrée du roi. Il envoya Tuon pha et l'Ong Thung tan pour prendre à Banh-nge «Saïgon » 2,000 soldats cambodgiens et annamites destinés à former l'avant-garde.

Le 14 de la lune décroissante, les mandarins de quatre provinces, avec 20,000 soldats cambodgiens et annamites, s'embarquèrent sur une quantité innombrable de jonques de guerre et de barques de toutes dimensions et accompagnèrent le roi à son retour au Cambodge.

Les mandarins cambodgiens qui n'avaient pas accompagné le roi en Cochinchine vinrent demander pardon et rendre hommage.

Les mandarins annamites qui avaient accompagné le roi prirent congé de lui et retournèrent dans leur pays. Ils achetèrent beaucoup d'éléphants mâles et femelles pour les offrir au roi d'An-nam 3.

1 Barre d'argent du poids de 378 grammes et d'une valeur de 100 francs environ.

2 Mesure de capacité : il en faut-2 et demi pour faire un picul ou 61 kilogrammes de riz.

3 Entre autres, 180 éléphants qui appartenaient à l'obbojureach, à qui l'on envoya en retour 300 néns, c'est-à-dire le quart à peine de leur valeur. (L.) Cette restauration de Ang Chan se fit sans résistance les Siamois lui restituèrent intégralement les approvisionnements qu'ils avaient trouvés dans sa ville royale, et envoyèrent à

En 1737 (1815 A. D.), le roi d'An-nam envoya POng Jeam thanh et fOng Vinh tanh hanh, 1Ong Pha, 4,000 soldats annamites et 1,000 soldats cambodgiens pour élever une forteresse le long du Peam mot Chruc, pour creuser ce canal sur une longueur de 1,325 sens1 et faire un autre canal de Chau-doc au fleuve de l'est sur une longueur de 6,852 brasses. Pour ces travaux, on se servit aussi des peuples cambodgiens qui habitaient le pays.

Le roi du Cambodge envoya à Hué l'Oknha maha tep avec un picul de cire, un picul de cardamome, un de cacao, un de laque, un de gomme-gutte, deux paires de défenses d'éléphants. Ce mandarin devait offrir ces cadeaux au roi d'An-nam à l'occasion du couronnement de son fils.

Le roi d'An-nam envoya le gouverneur de Vinhlong porter des vêtements, de la soie et des chapeaux pour tous les mandarins du Cambodge.

Le roi du Cambodge descendit à Saïgon pour voir le grand mandarin de ce pays, et revint ensuite.

Le 14 du mois Meac aser, il envoya l'Oknha reach dechu et l'Oknha phi muc vongsa porter une lettre et des présents au Prea chau Veang luong «premier roi de Siam» et assister aux fêtes du Prea chau Veang na « second roi. »

Le Prea chau Veang luong envoya en retour de la

soie et des étoffes.

sa rencontre des généraux pour le féliciter. On voit quel était l'ascendant acquis par Gia-long sur les pays voisins.

1 Le sen vaut environ 40 mètres.

C'est ici que s'arrête le second livre de la Chronique royale. Je vais le compléter rapidement en résumant l'histoire du Cambodge pendant ces dernières années.

Après la restauration d'Ang Chan, son frère Ang Snguon se retira à Bankok, où il mourut en 1823. Malgré l'apparente modération dont les Siamois avaient fait preuve en remettant intacts au roi du Cambodge tous les trésors et tous les approvisionnements de la ville d'Oudong, ils n'en oublièrent pas moins cependant de restituer à Ang Chan les provinces de Battambang et d'Angcor, qui auraient dû faire retour à la couronne en 1812, époque de la mort de Bien, et les provinces de Tonly Repou et de Mulu Prey, qui leur avaient été livrées par une véritable trahison. Gia-long, de son côté, avait assuré et complété la conquête de tout le delta du fleuve. Ha-tien, qui avait été rendu à l'un des fils du Chinois Mac-lon, avait été annexé aux territoires annamites, après la mort de ce gouverneur, survenue en 1800. En définitive, le Cambodge se trouvait réduit à la région comprise entre Phnom Penh et le grand Lac, plus la vallée du fleuve jusqu'à Stung Treng. Dans ce misérable état, comptant à peine six ou sept cent mille habitants, il continuait à exciter les convoitises de Siam et des prétendants au trône, qui ont toujours été si nombreux dans le malheureux pays des Khmers.

En 1818, un bonze nommé Ke, se disant inspiré, souleva la province de Ba Phnom; cette rébellion fut comprimée avec l'aide des Annamites. L'influence de ceux-ci resta pendant plusieurs années prépondérante, et procura à un pays qui avait été agité par les discordes civiles un repos relativement long. En 1830, le gouverneur de Pursat se révolta à son tour et réclama l'aide des Siamois. Ceux-ci se hâtèrent de profiter d'une occasion qui pouvait leur procurer la conquête des provinces de Pursat et de Compong Soai, devenues, après celles de Battambang et d'Angcor, l'objet de leur ambition. Le fameux général siamois connu sous le nom de Bodin, célèbre déjà par sa répression de l'insurrection

laotienne et la prise et la destruction de Vien Chan en 1828, envahit le Cambodge en 1831, et vainquit l'armée royale. Ang Chan fut obligé de se réfugier à Vinh-long. Ses deux frères, Ang Em et Ang Duong, passèrent naturellement du côté des Siamois. Ceux-ci essayèrent de descendre le fleuve pour achever l'entière conquête du royaume; mais, sur ce terrain naval, les Annamites firent sentir au Bodin leur écrasante supériorité. Les Siamois durent se retirer devant le retour offensif ordonné par Minh-mang, qui avait succédé en 1820 à son père Gia-long, et Ang Chan fut de nouveau replacé sur le trône. Il mourut au commencement de l'année suivante (1832). Les Annamites donnèrent la couronne à sa seconde fille, Ang Mey, et le Cambodge fut effectivement gouverné par un grand fonctionnaire annamite, nommé Tru'ong-minh-giang, qui résida à Phnom Penh.

Cette domination étrangère, exercée sans ménagements et avec une dureté toujours croissante, ne tarda pas à irriter profondément les populations, dont on changeait brusquement tous les usages, et auxquelles on imposait sans transition le système administratif annamite. La construction par corvées d'une route destinée à relier Phnom Penh à Ponteay Meas combla la mesure du mécontentement. La province de Compong Som se souleva à l'instigation de deux frères, l'okhna Chey et l'okhna Chu (1834), et les Siamois en profitèrent pour faire une incursion dans le Cambodge, d'où ils ramenèrent un assez grand nombre de prisonniers annamites. Cette révolte était à peine comprimée, que la province de Compong Soai se souleva à son tour (1837). Le roi de Siam avait préposé Ang Em au gouvernement de la province de Battambang' et Ang Duong à celui d'Angcorborey, et ces deux princes n'attendaient qu'une occasion favorable pour rentrer au Cambodge. Tru'ong-minh-giang, dont l'activité et l'énergie grandissaient avec les circonstances, fit proposer

Cette précaution de mettre un prince cambodgien à la tête de la province de Battambang prouve que le roi de Siam n'osait point encore en prendre ouvertement possession et s'en déclarer le souverain légitime.

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