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mai-22 juin 1099). On dit aussi qu'il ne dura pas de la sorte plus de quatre vendredis, après quoi Rodhouân le rétablit tel qu'il était auparavant, c'est-à-dire au nom du calife abbasside Mostadhhir, du sultan Barkiarok, et au sien propre. D'après IbnAlathîr, qui parle seulement de quatre vendredis, Socmân et Yagui-Syân vinrent trouver Rodhouân et désapprouvèrent hautement sa conduite. En conséquence, il fit rétablir le nom des Abbassides dans la prière publique, dans cette même année 490, et envoya un message à Bagdad, afin de s'excuser de ce qu'il avait fait. Yagui-Syân retourna dans sa ville d'Antioche où, selon Ibn-Alathîr, il n'était pas rentré depuis plus de trois jours, lorsque les Francs s'approchèrent de la place et en formèrent le siége1.

A en croire Kémal-Eddîn, les dispositions de Rodhouân à l'égard de Djénah-Eddaulah changèrent après sa victoire sur Dokâk. Le second de ces princes, ayant conçu des craintes pour sa sûreté, sortit d'Alep pendant la nuit, accompagné de sa femme, mère de Rodbouân, et s'enfuit à Emèse qui lui appartenait.

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y fixa sa résidence et s'y fortifia. Lorsque YaguiSyân eut appris cet événement, aux causes duquel il n'était sans doute pas étranger, il se rendit à Alep, fit hommage à Rodhouân et se chargea de la direction des affaires. Le prince seldjoukide épousa

1 Kémal-Eddin, fol. 118 ro et v°, 119 ro; Ibn Djouzy, fol. 227 1°, 230 v°; Ibn Alathîr, p. 184; Abou’lféda, III, P. 314; Ibn Moyasser, ms. 801 A, fol. 34 v°; Elmakin, p. 292; Noveïry, ms. arabe 702 A, fol. 63 r°.

la fille de son vassal1 et résolut d'attaquer d'abord Djénah-Eddaulah dans Émèse, puis Dokâk dans Damas. Lui et Yagui-Syân étaient arrivés à Chaïzer, se dirigeant vers Emèse, lorsqu'ils recurent coup sur coup des avis qui leur annonçaient qu'une multitude de Francs étaient en marche vers Antioche. YaguiSyân dit à son gendre : « Il vaut mieux retourner à Antioche et en venir aux mains avec les Francs. » Mais Socmân ouvrit un avis différent : «Il est préférable, dit-il, que nous marchions vers le Diarbecr, que nous l'enlevions à ceux qui s'en sont emparés, et que nous nous fortifiions par la conquête de cette province, où j'établirai ma famille; après quoi nous reviendrons contre Émèse. » Ils ne purent se mettre d'accord, et Rodhouân se dirigea en toute hâte vers Alep. Il avait été accompagné, dans cette expédition, de son vizir, Abou 'nnedjm, fils de Bédi. Yagui-Syân et Socmân ayant soupçonné ce ministre de les avoir brouillés avec Rodhouân, il se retira dans la forteresse de Chaïzer et y séjourna près du prince de cette place, Ibn-Monkidh, à cause de la crainte que lui inspiraient les deux émirs. Lorsqu'ils se furent éloignés de Chaïzer pour regagner Antioche, il partit pour Alep et y rejoignit son maître 2.

1 Kémal-Eddin a déjà mentionné plus haut le mariage de Rodhouân avec la fille de Yagui-Syân, en disant que cette union fut conclue par Tutuch.

ابنة یعی وزوج ولده الملك رضوان من -fol 114 r, ligne avant-der) سخان (sic) وسيره عايدا الى دمشق

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nière).

2 Kémal-Eddin, fol. 118 v°, 119 r°; cf. Ibn-Alathîr, p. 174, et

Nous croyons que l'opinion d'après laquelle Jérusalem aurait été prise par les Égyptiens en l'année 1096 se trouve en contradiction flagrante avec l'ensemble des faits exposés dans ce récit. En effet, nous y avons vu figurer plusieurs fois le nom de Jérusalem et celui des chefs ortokides qui la possédaient à titre de fief ou de bénéfice militaire, et rien ne peut faire supposer qu'elle leur ait été enlevée pendant cette période de plus de trois années qui se termine avec le commencement du siége d'Antioche par les croisés. Loin de là, il ressort clairement de l'examen des faits que Jérusalem était encore en la possession des Ortokides au commencement de l'année 490 de l'hégire, c'est-à-dire plus de quatre mois après l'époque où, selon Ibn-Alathîr et ses copistes, Afdhal s'en serait emparé. Ce n'est là, il est vrai, qu'une preuve indirecte, mais qui, venant se joindre aux témoignages précis des annalistes égyptiens et des chroniqueurs latins de la première croisade, y ajoute une très-grande force. Nous ne pensons donc pas que l'on puisse encore hésiter à préférer la date 1098, appuyée par un tel ensemble d'autorités, à la date 1096, qui, en définitive, ne peut invoquer en sa faveur que la seule autorité d'Ibn-Alathîr et de ses copistes.

Ibn-Djouzy, qui place la brouille de Djénah-Eddaulah et de Rodhouân dans le mois de cha'bân de l'année 489 (fol, 227 ro, l. 2).

CHRONIQUE ROYALE

DU CAMBODGE,

PAR M. FRANCIS GARNIEK.

(FIN.)

Nous avons vu que le roi Prea srey thomea était monté sur le trône en 1739, grâce à l'intervention des Siamois. Il essaya de reconquérir l'importante position de Ha-tien qui, depuis 1715, était tombée entre les mains du Chinois Mac-cu’u, soutenu par les Annamites. Mac-cu'u en avait été chassé en 1716 par les Siamois; mais, après la défaite de ceux-ci, il était rentré à Ha-tien, qu'il avait solidement fortifié. A sa mori (1736), son fils Mac-ton avait recu du roi annamite Thucton l'investiture du gouvernement de cette province.

Le roi du Cambodge vint assiéger Ha-tien avec des forces considérables en 1740, mais Mac-ton dirigea avec énergie et habileté la défense de la ville et obligea les assiégeants à se retirer. Il reçut des Annamites, en récompense de sa victoire, le titre de général en chef1.

Prea srey thomea mourut en 1748 et fut remplacé par son fils Ang Snguon, qui prit le titre de Prea reamea thuphdey. Il

1

Voyez le Gia-dinh-thung-chi, p. 21, 270, 281. Il est dit ailleurs (p. 10) que Mac-ton était le frère et non le fils de Mac-cu'u. Celui-ci était du nombre des émigrants chinois qui vinrent en 1680 demander des terres au roi de Hué. Il s'établit comme fermier des jeux dans la province de Ha-tien, s'enrichit et put prendre à sa solde tous les vagabonds et tous les déclassés, Chinois, Annamites et Malais, que le commerce avait attirés de ce côté. Ce fut avec ce ramassis de gens sans aveu qu'il réussit à se rendre indépendant. La soumission de Ha-tien aux Annamites ne fut pendant longtemps que nominale.

eut à soutenir unc guerre désastreuse contre les Annamites. Ceux-ci profitèrent, pour reprendre l'offensive, de la lutte que les Siamois eurent à soutenir contre les Birmans, et qui ne se termina qu'en 1767 par la prise et la destruction de leur capitale. En 1755, le général annamite Trinh remonta le Vaico occidental et menaça Phnom-penh, tandis qu'une autre colonne, composée de Chams et commandée par le capitaine Chan, forçait le roi du Cambodge, qui se trouvait dans la province de Vinh-long, à se réfugier à Labich presque aux embouchures du fleuve. La saison des pluies suspendit les hostilités. L'année suivante, 10,000 Chams environ, qui étaient en route pour aller s'établir au Go-vap (environs de Saigon), furent battus par les Cambodgiens et ramenés en désordre jusqu'à Ba-din, près de Tay-ninh. Le général en chef annamite Thien, reconnu coupable d'avoir abandonné ses alliés, fut remplacé et dégradé, et son successeur, mettant les Chams en avant-garde, marcha sur Phnom-penh, s'en empara et mit à mort le gouverneur cambodgien So. Le roi du Cambodge fut obligé de chercher un refuge auprès du gouverneur chinois de Ha-tien, qui s'entremit pour les conditions de la paix. Ang Snguon dut céder tout le sud de la province de Saigon jusqu'au bras de My-tho, c'est-à-dire les arrondissements actuels de Tan-an et de Go-cong' (1757).

En 1758, Ang Snguon mourut; son oncle, appelé Ang Nhuan par les historiens annamites, fut nommé régent du royaume et demanda au roi de Hué, The-ton, l'investiture royale. Elle lui fut accordée moyennant la cession des provinces de Bassac et de Preatapeang (aujourd'hui Ba-tac et Tra-vinh); les Annamites devenaient maîtres ainsi de toutes les embouchures du fleuve. Ang Nhuan fut assassiné l'année même par son gendre Neac-hinh; mais Ang Ton, fils d'Ang Snguon et légitime héritier du trône, réussit à échapper aux embûches que lui tendit l'assassin, se réfugia à Ha-tien et sut intéresser à sa cause Mac-ton et le vice-roi annamite de Gia

1 Gia-dinh-thung-chi, p. 1 a 16.

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