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gens de 18 ans, appelés conscrits. On avait fait une levée de 200,000 hommes, qui paraissait s'effectuer.

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Le congrès de Rastadt en était toujours au même point; on y parlait beaucoup sans avancer à rien. Pour activer les négociations, on avait envoyé Jourdan commander l'armée du Rhin, Joubert celle d'Italie.

Pléville le Peley était parti pour Corfou, afin de réunir le reste de la marine. La place était bloquée par une escadre russe. Les habitans s'étaient réunis à la garnison forte de 4,000 hommes. Le blocus n'avait pas empêché la frégate la Brune d'y entrer le 30 brumaire.

Descorches était parti pour Constantinople, le 24 vendémiaire, comme ambassadeur extraordinaire. L'ambassadeur turc à Paris faisait toujours ses promenades comme à l'ordinaire. PasswanOglou avait entièrement détruit l'armée du capitan-pacha, et était maître d'Andrinople.

Les dignes alliés de la République, les Espagnols, avec 24 vaisseaux, se laissaient bloquer à Cadix par 16 voiles anglaises.

L'Angleterre avait déclaré la guerre à toutes les républiques italiennes.

Le général Humbert avait eu la bonté de doubler l'Écosse et de débarquer en Irlande avec un corps de 1,500 à 2,000 hommes et l'adjudant-général Sarrazin. Après avoir eu quelques avantages, il s'était laissé investir et avait été fait prisonnier. Bonaparte regrettait de voir le brave 3o. de chasseurs dans une opération aussi ridicule.

Les Anglais bloquaient Malte; mais plusieurs bâtimens chargés de vivres y étaient entrés. L'escadre de Brest était très-belle.

On était très-indisposé à Paris contre le roi de Naples.

De tous côtés on armait en Europe, cependant on ne faisait encore que se regarder.

La situation de la France et de l'Europe jusqu'au 20 brumaire paraissait à Bonaparte assez satisfaisante '.

Quoiqu'il crût qu'on était en paix avec Naples et l'empereur, il chargea Marmont de retarder, sous différens prétextes, le départ des bâtimens napolitains, impériaux et livournais, en attendant qu'on acquît des renseignemens plus certains 2.

Ces nouvelles étaient les premières, les seules que Bonaparte eût reçues depuis sept à huit mois; encore n'y en avait-il pas du gouvernement. Comment se faisait-il qu'aucun bâtiment ne fût parvenu en Égypte, tandis que ceux qui étaient expédiés d'Àlexandrie arrivaient en France, malgré les croisières anglaises? Était-ce insouciance du Directoire, inhabileté de ses agens? L'armée française, sur laquelle se portaient tous les regards de* l'Orient, était-elle donc oubliée dans sa patrie? En annonçant au Directoire l'arrivée de Hamelin et de Livron, Bonaparte lui écrivit :

<< Il est nécessaire que vous nous fassiez passer des armes, et que vos opérations militaires et

Lettres de Bonaparte à Kléber, à Marmont et à Desaix, 17, 21 et 22 pluviôse (5, 9 et 10 février).

des

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Lettre du 21 pluviûse.

diplomatiques soient combinées de manière à ce que nous recevions des secours; les événemens naturels font mourir du monde.

Nous avons eu bien des ennemis à combattre dans cette expédition : déserts, habitans du pays, Arabes, Mamlouks, Russes, Turcs, Anglais,

Si dans le courant de mars, le rapport du citoyen Hamelin m'était confirmé, et que la France fût en guerre contre les rois, je passerais en

France.

Je ne me permets, dans cette lettre, aucune réflexion sur les affaire de la République, puisque depuis dix mois je n'ai plus aucune nouvelle.

Nous avons tous une entière confiance dans la sagesse et la vigueur des déterminations que vous prendrez '. >>

On voit par la fin de cette lettre, que Bonaparte, ne regardant l'expédition d'Égypte que comme un objet secondaire, ne perdait pas de vue la situation de l'Europe, bien plus importante à ses yeux; qu'en cas de guerre, il croyait sa présence nécessaire en France, et prenait luimême ouvertement l'initiative de son retour; ce qui ne permet pas de douter qu'il n'y eût été autorisé par le Directoire.

C'était chez lui une pensée toujours dominante, comme on l'a vu ci-dessus; il avait déjà écrit au Directoire :

« Nous attendons des nouvelles de France et d'Europe. C'est un besoin vif pour nos àmes;

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car si la gloire nationale avait besoin de nous, nous serions inconsolables de n'y pas être 1».

Bonaparte mettait une grande exactitude à instruire le Directoire et la France de ses progrès et de sa situation. Beaucoup de ses courriers et de ses dépêches y parvinrent malgré les croisières ennemies. Ainsi tous les principaux événemens qui s'étaient passés en Égypte, furent publiés par le Directoire. Malgré leur éclat, ils n'excitaient pas tout l'intérêt dont ils étaient dignes. L'attention publique se portait de préférence sur les armées continentales, que la guerre, de nouveau rallumée, faisait rentrer de toutes parts en campagne.

Le brick le Rivoli arriva en France au mois de ventôse. Le Directoire fit publier en ces termes les nouvelles qu'il avait apportées d'Égypte :

«La fortune continue de seconder le génie et la valeur. Tout ce que Bonaparte entreprend, lui réussit au-delà même de son espérance. L'Égypte Haute et Basse, cette vaste et fertile contrée, est non-seulement toute entière soumise aux armes de la République, mais encore défendue sur tous les points par des fortifications élevées avec la même célérité qui signale nos victoires. Les Grecs, bénissant les libérateurs qui les ont affranchis du joug des Mamlouks, s'enrôlent en foule, et se distinguent sous les drapeaux tricolors. Les Turcs, forcés de reconnaître la justice d'un gouvernement qui protége, châtie, récompense avec la même

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27 frimaire.

Les Grecs étaient tout au plus 200; les Cophtes, très-nombreux, ne voulaient pas du service militaire; les Druses ne firent rien pour les Français.

impartialité, se montrent amis des vainqueurs. Les Druses, peuples qui habitent le Mont-Liban, sont en guerre ouverte avec Djezzar-Pacha, et n'attendent que les Français pour se joindre à eux. Pour la gloire de nos républicains, quelques misérables essayent encore de leur résister; et ceux-là sont, ou des Arabes accoutumés à vivre de pillages et d'assassinats, ou le reste impuissant des beys tyrans de l'Égypte. C'est parmi ce rebut de l'humanité, que l'Angleterre à cherché et trouvé de dignes alliés.

Notre brillante position en Égypte est le fruit de vingt victoires successives de l'armée qui a repoussé le peu de Mamlouks, qui n'a pas péri, au-dessus des cataractes du Nil, ou dans les rochers de la Syrie, et qui ne nous ont coûté que deux ou trois cents braves. Aussi voit-on là ce que l'on n'a jamais vu ailleurs, une armée dont le nombre a doublé par les combats, dont la santé s'est fortifiée au milieu des fatigues des camps, et dont les armes et l'équipement, en temps de guerre, annoncent l'abondance de la paix.

Cette armée, forte de soixante mille hommes d'infanterie, de dix mille de cavalerie, montés sur des chevaux arabes, et d'une escadre de plusieurs vaisseaux, frégates et chaloupes canonnières, se fait tellement estimer par sa bravoure et sa bonne conduite, des habitans du pays, qu'un des principaux d'entre eux disait, en style oriental, à un général français : Sultan, tu ne devrais

'L'armée comptait alors 20,000 hommes d'infanterie et 2,000 de cavalerie.

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