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Si les chaloupes canonnières que le général Bon avait dû faire armer étaient prêtes et en état de remplir une mission dans la Mer-Rouge, il était ordonné à Gantheaume de partir avec elles ; de se rendre à Cosseïr; de s'emparer de tous les bâtimens appartenant aux Mamlouks, qui sortiraient du port ainsi que du fort, qu'il ferait mettre, sur-le-champ, dans le meilleur état de défense; de tâcher de correspondre avec le général Desaix ; de laisser en croisière, devant le port de Cosseïr, une partie des chaloupes canonnières; de mener avec lui un commissaire de la marine et un officier intelligent qu'il y établirait; de faire tous les réglemens qui lui paraîtraient nécessaires pour l'établissement de la douane, la formation des magasins nationaux, la recherche de tout ce qui appartenait aux Mamlouks, et pour le commerce; d'écrire à Yambo, Gedda et Mokka, pour faire connaître que l'on pouvait venir, en toute sûreté, commercer dans le port de Suez; que toutes les mesures avaient été prises pour l'organisation duụ port, et pour pouvoir fournir aux bâtimens tous les secours dont ils auraient besoin; d'embarquer sur chacune de ses chaloupes canonnières 20 hommes, Io canonniers qu'il laisserait en garnison à Cosseïr, si on n'y en trouvait pas; de combiner sa marche de manière que, autant que les vents pourraient le permettre, il fût, de sa personne, de retour au Kaire du 15 au 20 pluviôse (du 3 au 8 février 1799).

'Lettre de Bonaparte, du 26 nivôse

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Tentatives de Bonaparte pour avoir des nouvelles de France. Berthier est sur le point de partir.-Bonaparte reçoit des nouvelles d'Europe. - Relations de Bonaparte avec Tippo-Saïb, l'iman de Mascate, le schérif de la Mekke.-Établissement d'ateliers industriels au Kaire.-Bonaparte fait explorer les vallées des lacs Natron et du Fleuve-sans-Eau.-Vie monastique en Égypte.-Expédition de Lanusse contre Aboucheir. - Murat, Rampon, Leclerc, Verdier marchent contre des Arabes insurgés. La peste se déclare à Alexandrie.-Mesures prises par Bonaparte pour en arrêter le cours.-Il fait des dotations à des généraux.-Il renvoie à la croisière les Anglais tombés en son pouvoir. Fête du Rhamaḍan.-Coup-d'œil sur le système de défense de l'Égypte.

Le général en chef autorisa Marmont à envoyer un parlementaire aux Anglais et lui écrivit : <«< Vous leur ferez dire que vous avez appris qu'ils avaient la pesté à bord, et que, dans ce cas, vous leur offrez tous les secours que l'humanité pourrait exiger. Envoyez un homme extrêmement honnête, qui soit peu parleur, et qui ait de bonnes oreilles. Si Lavalette était à Alexandrie, et que vous eussiez l'idée de l'en charger, ce n'est point mon intention. Il faut y envoyer un homme qui ait tout au plus le grade de capitaine; il pourra leur porter les gazettes d'Égypte, et tâchera d'en tirer celles d'Europe, s'ils en ont, et s'ils veulent en donner. Recommandez que l'officier seul monte à bord, de manière qu'à son retour dans la ville, il

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n'y soit pas fait de caquets, et qu'il vous confie tout ce qui se sera passé 1».

A

Le général Berthier fut sur le point de partir pour porter en France des dépêches au gouvernement, et remplir une mission. Il devait, le 10 pluviôse, se mettre en route pour Alexandrie, s'y embarquer sur la frégate la Courageuse, et emmener deux bâtimens du convoi, bon voiliers, que Bonaparte avait fait préparer. Ils étaient mis à la disposition de Berthier, afin qu'il pût envoyer en Égypte des nouvelles dès qu'il en aurait appris dans sa route. Le général en chef lui conseillait, comme la plus sûre, celle qui conduisait sur les côtes d'Italie, du côté du golfe de Tarente, du port de Crotone, et même, si le temps le permettait, de remonter le golfe Adriatique jusqu'à Ancône. S'il touchait à Malte ou à Corfou, il lui était recommandé de prendre des mesures pour qu'on envoyât des sabres, des pistolets, des fusils, de renvoyer la frégate aussitôt son arrivée, et de la diriger sur Jaffa où elle mouillerait au large et avec précaution, afin de s'assurer si l'armée y était 2; et, si elle n'y était pas, elle se dirigerait sur Damiette. Enfin, si les événemens sur le continent n'y rendaient pas sa présence nécessaire il était ordonné à Berthier de rejoindre l'armée à la prochaine mousson 3...

3

Quelle était sa mission? Quelle cause grave avait pu décider à abandonner Bonaparte un

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Lettre du 18 nivôse (7 janvier 1799).

Bonaparte méditait alors de porter la guerre en Syric.

3 Lettre de Bonaparte, du 6 pluviôse (25 janvier).

Il

homme qui semblait devoir jusqu'à la mort partager sa destinée ?Qui le croirait? C'était l'amour. y avait en Égypte une faction, celle des amoureux à grands sentimens. Leur esprit était malade; ils passaient les nuits à chercher dans la lune l'image réfléchie des idoles qu'ils avaient laissées au-delà de la mer. Berthier était à la tête de cette faction. Au moment où l'armée avait appareillé de Toulon, le cœur avait manqué au chef d'étatmajor, et il avait failli rester sur le rivage. En Égypte, il portait une espèce de culte à ses amours; à côté de sa tente, il en avait toujours une autre aussi magnifiquement soignée que le boudoir le plus élégant, et consacrée au portrait de sa maîtresse, devant lequel il brûlait des parfums. L'ennui s'empara de lui; il ne put résister aux tourmens de l'absence, et demanda la per mission de retourner aux pieds de la beauté qui l'enchaînait. Bonaparte, fort mécontenté, la lui donna. Berthier prit congé et fit ses adieux; mais honteux de sa faiblesse, et cédant aux instances de ses amis, il revint, fondant en larmes, disant qu'il ne voulait pas se déshonorer en se séparant de son général, de son ami, et ne partit pas.

Dans ce moment même, 7 pluviôse (26 janvier), des nouvelles de France et d'Europe arrivaient enfin à Alexandrie, apportées par deux Français, Hamelin et Livron, venus sur un bâtiment ragusais, chargé, pour leur compte, de draps, de vins et de vinaigre. Ils étaient sortis de Trieste le 3 bru

Las Cases, tome 1, page 261.

maire, avaient relâché le 13 à Ancône, étaient allés à Navarin et en étaient partis le 22 nivôse. Ils n'avaient point de dépêches du gouvernement ni de France; ils n'apportaient que des lettres de Gênes et de Livourne, une du consul d'Ancône à Bonaparte, annonçant pour toute nouvelle, que tout était tranquille en France et en Europe; le Journal de Lugano, depuis le 17 fructidor jusqu'au 1". brumaire; le Courrier de l'armé d'Italie, du 14 vendémiaire jusqu'au 6 brumaire, qui s'imprimait à Milan.

Toutes les troupes traversaient le désert, et Bonaparte était lui-même prêt à partir du Kaire lorsqu'il apprit l'arrivée de ce bâtiment. Il retarda son départ de quelques jours. Il interrogea Hamelin, trouva beaucoup de contradictions dans les nouvelles qu'il donna comme les ayant apprises dans sa route, et y ajouta peu de confiance. Voici cependant celles qu'il manda à divers de ses lieutenans, à Kléber et à Desaix, et parmi lesquelles la plupart étaient vraies :

En France, pour l'intérieur, les choses étaient absolument dans le même état que lorsque l'expédition en était partie. Dans l'allure du gouvernement, on ne remarquait d'autre changement que celui qu'avait pu y apporter le nouveau membre qui y était entré ( Treilhard ).

Le Corps législatif paraissait avoir pris un peu plus de dignité et de considération et avoir dans les affaires un peu plus d'influence. On avait adopté des mesures pour recruter l'armée, et fait une loi qui appelait au service tous les jeunes

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