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et au Kaire, soit sur les immeubles, soit sur leurs produits.

vi. Ils ne paieront aucune épice, rétribution, ni autres droits attribués aux juges dans les procès qu'ils pourront avoir en justice.

VII. Ils ne seront jamais compris dans les prohibitions d'exportation et d'achat de grains pour la subsistance de leur couvent.

VIII. Aucun patriarche, évêque, ou autre ecclésiastique supérieur, étranger à leur ordre, ne pourra exercer d'autorité sur eux ou dans leur couvent, cette autorité étant exclusivement remise à leurs évêques et au corps des religieux du

Mont-Sinaï.

IX. Les autorités civiles et militaires veilleront à ce que les religieux du Mont-Sinaï ne soient pas troublés dans la jouissance desdits priviléges '.

Par la proclamation suivante aux habitans du Kaire, Bonaparte leur annonça le pardon définitif de leur révolte.

<< Des hommes pervers avaient égaré une partie d'entre vous; ils ont péri. Dieu m'a ordonné d'être clément et miséricordieux pour le peuple; j'ai été clément et miséricordieux envers vous.

J'ai été fâché contre vous de votre révolte ; vous ai privés pendant deux mois de votre divan; mais aujourd'hui je vous le restitue : votre bonne conduite a effacé la tache de votre révolte.

Schéryfs, ulémas, orateurs de mosquées, faites

'Arrêté du 29 frimaire.

bien connaître au peuple que ceux qui, de gaîté de coeur, se déclareraient mes ennemis, n'auraient de refuge ni dans ce monde ni dans l'autre. Y aurait-il un homme assez aveugle pour ne pas voir que le destin lui-même dirige toutes mes opérations? Y aurait-il quelqu'un assez incrédule pour révoquer en doute que tout, dans ce vaste univers, est soumis à l'empire du destin?

Faites connaître au peuple que, depuis que le monde est monde, il était écrit qu'après avoir détruit les ennemis de l'islamisme, fait abattre les croix, je viendrais du fond de l'Occident rem¬ plir la tâche qui m'a été imposée. Faites voir au peuple que, dans le saint livre du Koran, dans plus de 20 passages, ce qui arrive a été prévu, et que ce qui arrivera est également expliqué.

Que ceux que la crainte seule de nos armes empêche de nous maudire, changent; car, en faisant au ciel des voeux contre nous, ils sollicitent leur condamnation ; que les vrais croyans fassent des voeux pour la prospérité de nos armes.

Je pourrais demander compte à chacun de vous des sentimens les plus secrets du coeur; car je sais tout, même ce que vous n'avez dit à personne: mais un jour viendra que tout le monde verra avec évidence que je suis conduit par des ordres supérieurs, et que tous les efforts humains ne peuvent rien contre moi : heureux ceux qui, de bonne foi, sont les premiers à se mettre avec moi 1. » C'était le langage d'un inspiré; le prophète

' Proclamation du 1er. nivôse (21 décembre).

lui-même n'aurait pas mieux parlé; ou plutôt c'était, Napoléon le dit lui-même, du charlatanisme et du plus haut, destiné à être traduit, en beaux vers vers, par un des cheyks les plus habiles. Les Français ne faisaient qu'en rire 1.

Cette proclamation était suivie d'un arrêté portant création d'un grand divan, composé de 60 membres et d'un petit divan de 14 membres nommés par le grand, sauf l'approbation du général en chef. Il établit auprès du grand divan un commissaire français, Gloutier, et un commis-. saire turc, Julfukiar. Le grand divan ne pouvait se réunir que lorsqu'il était convoqué. Le petit divan se réunissait tous les jours pour s'occuper sans relâche de tous les objets relatifs à la justice, au bonheur des habitans et aux intérêts de la République Française. Les traitemens étaient ainsi fixés par mois : Le président...

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100 talaris.

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Plusieurs habiles critiques ont révoqué en doute le culte des ognons, attribué aux Égyptiens; quelques-uns même l'ont nié totalement. On peut croire en effet les anciens. voyageurs, qui en ont parlé, se sont trompés, et qu'ils ont pris pour le culte de cette racine les réjouissances qui

que

'Las Cases, tome III, page 110.

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accompagnaient la récolte, à peu près comme si l'on prenait pour le culte des raisins ou des blés, les fêtes champêtres qui ont lieu en France, aux vendanges et aux moissons.

Les jours employés à tirer les ognons de la terre .étaient encore, lors de l'expédition des Français, regardés comme des fêtes dans quelques parties de l'Égypte, telle que Rahmanieh. Son territoire était le seul de la province de Bahyreh, et même des provinces environnantes, où la culture de l'ognon fût étendue ; et ils jouissaient d'une si grande réputation, qu'à la Mekke les marchands de légumes prétendaient vendre des ognons de Rahmanieh. C'était vers le commencement de juin que les cultivateurs en faisaient la récolte; elle durait cinq jours, et c'étaient cinq jours de fête. Les habitans des villages environnans arrivaient en grand nombre au lieu du travail : les uns venaient y faire des provisions, d'autres y apportaient quelques marchandises et principalement des gâteaux, des dattes sèches et du chorbeh.

La secte des psylles remonte, dans l'Égypte, à la plus haute antiquité. On en introduisit un jour chez le général en chef. On leur fit plusieurs questions relativement aux mystères de leur secte, et à la relation qu'elle avait avec les serpens auxquels ils paraissent commander. Ils montraient plus d'audace que d'intelligence dans leurs réponses. On en vint à l'expérience. « Pouvezvous connaître, leur dit le général, s'il y a des serpens dans ce palais? et, s'il y en a, pouvez

vous les obliger à sortir de leur trou? » Ils répondirent affirmativement à ces deux questions. On les mit à l'épreuve; ils se répandirent dans les appartemens; un moment après, ils déclarèrent qu'il y avait un serpent. Ils recommencèrent leurs recherches pour découvrir où il était, prirent quelques convulsions en passant devant une jarre, placée à l'angle d'une des salles du palais, et indiquèrent que l'animal était là; effectivement on l'y trouva. Ce fut un vrai tour de Comus ; on se regarda, et on convint qu'ils étaient fort adroits '.

Le général en chef ayant résolu de se rendre à Suez, partit du Kaire le 4 nivôse (24 décembre). Les généraux Berthier, Dommartin et Caffarelli, le contre-amiral Gantheaume, le commissaire-ordonnateur d'Aure, Monge, Berthollet, Dutertre, Descotils, Costaz et l'ingénieur Lepère l'accompagnèrent. Plusieurs négocians, que des intérêts de commerce appelaient à Suez, profitèrent de cette occasion favorable pour s'y rendre.

On passa la nuit du 4 au 5 nivôse auprès du Berket-el-Haggi (lac des pèlerins ), où se trouvait un poste fortifié, occupé par les Français.

Le 5 au soir, la caravane s'arrêta auprès de l'arbre de Djamaat qu'on aperçoit seul et plusieurs heures avant d'y arriver, au milieu d'une plaine couverte de cailloux. Le chemin de ce désert était tracé sans interruption par des ossemens d'hommes et d'animaux de toute espèce qui y

• Denon, tome I, page 109.

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