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au commandant d'armes. Ces expéditions avaient pour objet de faire connaître la situation de l'armée et de rapporter des nouvelles de France, d'Europe, de Turquie. Il entrait dans les plus petits détails sur les routes que devaient tenir ces bâtimens pour échapper aux croisières ennemies. L'expédition adressée au contre-amiral Villeneuve avait encore un autre but. Bonaparte désirait d'abord qu'il envoyât des nouvelles par des frégates qui pourraient venir à Damiette où les ennemis ne croisaient pas, ou mettre un canot à la mer avec 50 hommes armés depuis Alexandrie jusqu'à la bouche d'Omfâreg, où la côte était libre. Mais, comme Alexandrie n'était bloquée que par deux vaisseaux et une ou deux frégates, Bonaparte pensait que Villeneuve venant avec trois ou quatre vaisseaux et deux ou trois frégates qu'il avait à Malte, pourrait enlever la croisière anglaise, et que les bâtimens de guerre armés dans le port d'Alexandrie sortiraient pour concourir à cette opération'.

Dans cette manoeuvre du contre-amiral Villeneuve, il y avait encore une arrière-pensée du général en chef; c'était le projet qu'il avait conçu, après la bataille navale d'Abouqyr, de reformer une nouvelle escadre dans le port d'Alexandrie, et d'y réunir les forces navales qui se trouvaient éparses à Corfou, à Malte et à Ancône.

Il écrivit donc à Marmont de réunir chez lui dans le plus grand secret, le contre-amiral Perrée,

'Lettre du 9 frimaire.

le chef de division Dumanoir, et le capitaine de vaisseau Barré, pour délibérer sur plusieurs questions et en dresser procès-verbal.

1o. Si la première division de l'escadre sortait, pourrait-elle, après une croisière, rentrer dans le Port-Neuf ou dans le Port-Vieux, malgré la croisière actuelle des Anglais?

2°. Le Guillaume-Tell paraissant avec le Généreux, le Dego et l'Arthémise, et les trois vais. seaux vénitiens laissés à Toulon et actuellement réunis à Malte, et la croisière anglaise étant obligée de se sauver, se chargeait-on de faire entrer le contre-amiral Villeneuve dans le port?

3o. Si la première division sortait, pour favoriser sa rentrée malgré la croisière anglaise, ne serait-il pas utile, indépendamment du fanal allumé au phare, d'établir un nouveau fanal sur la tour du Marabou? Y aurait-il quelques autres précautions à prendre?

Si, dans la solution de ces trois questions, il y avait différence d'opinions, le procès-verbal devait contenir l'avis de chacun.

Après que le conseil aurait répondu à ces trois questions, et que le procès-verbal serait clos, il était ordonné à Marmont de poser encore les sui

vantes :

Si l'escadre du contre-amiral Villeneuve partait le 15 frimaire de Malte, de quelle manière s'apercevrait-on de son arrivée à la hauteur de la croisière? Quels secours les forces navales actuelles du port pourraient-elles lui procurer? De quel

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ordre aurait besoin le contre-amiral Perrée pour se croire suffisamment autorisé à sortir?

Combien de temps faudrait-il pour jeter les bouées et désigner la passe?

Les frégates le Carrère, le Muiron et le vaisseau le Causse seraient-ils dans le cas de sortir? Les frégates la Junon, l'Alceste, le Carrère, la Courageuse, le Muiron, les vaisseaux le Causse, le Dubois, renforcés chacun par une bonne garnison de l'armée de terre et de tous les matelots européens qui existent à Alexandrie, seraient-ils dans le cas d'attaquer la croisière anglaise, si elle était composée de deux vaisseaux et d'une frégate'.

Le résultat de la délibération fut sans doute conforme aux vues du général en chef.

Bonaparte envoya un sabre au contre-amiral Perrée, en remplacement de celui qu'il avait perdu au combat de Chebreis, et comme un témoignage de sa reconnaissance pour les services qu'il avait rendus à l'armée dans la conquête de l'Égypte '.

Il écrivit au chef de division Dumanoir de faire partir le plus promptement possible un bâtiment pareil à celui sur lequel s'était embarqué Louis Bonaparte, approvisionné pour un mois d'eau et deux de vivres, qui prendrait à son bord le citoyen chargé d'une mission. L'ordre le

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pour

'Lettre du 12 frimaire.

'Lettre de Bonaparte à Perrée, du 26 frimaire.

commandant du bâtiment, et qu'il ne devait ouvrir qu'à trois lieues en mer, portait qu'il se dirigerait sur Malte, en passant hors de vue de toute terre; s'il apprenait que le port fût bloqué, d'aborder de préférence à la cale de Marsa-Sirocco, où il y avait des batteries qui le mettraient à l'abri de toute insulte; d'y débarquer l'officier qu'il avait à son bord; d'instruire le commandant de la marine à Malte, et le contre-amiral Villeneuve de tout ce qu'il aurait vu en mer et du nombre des vaisseaux qui étaient devant Alexandrie, et de demander les ordres du commandant de la marine; de rapporter les dépêches du général commandant à Malte et du contre-amiral Villeneuve, et, s'il ne pouvait pas aborder à Alexandrie, d'aborder à Damiette ou sur tout autre point de la côte, depuis le Marabou jusqu'à Omfåreg, à 30 lieues de Damiette; de ne rester que 24 heures à Malte.

<< Je compte, ajoutait Bonaparte, sur votre zèle pour une mission aussi importante, qui, indépendamment des nouvelles de l'Europe, doit nous faire venir des objets essentiels pour l'armée. Vous chargerez sur votre bâtiment les armes que le commandant de Malte vous remettra '. »

L'officier chargé de dépêches, arrivé à Malte, remettait des lettres du général en chef au contreamiral Villeneuve et au général commandant. Le commandant de la marine lui donnait sur-le-champ un bâtiment pour le conduire dans un port d'Ita

'Lettre du 27 frimaire.

lie qu'il jugerait le plus sûr, d'où il prendrait la poste pour se rendre en toute diligence à Paris, et remettrait les dépêches au gouvernement. Il y restait 8 à 10 jours, après quoi il revenait en toute diligence s'embarquer dans un port du royaume de Naples ou à Ancône, et aborder avec son bâtiment à Damiette. Avant de partir, il aurait soin de voir un des frères de Bonaparte, inembre du Corps législatif, qui lui remettrait tous les papiers qui auraient paru depuis messidor'. La dépêche au contre-amiral Villeneuve était ainsi conçue :

« Je n'ai point reçu de vos lettres, citoyen général, je vous envoie un aviso. Faites-moi connaître par son retour quelle est votre position, et ce que vous pourriez avoir appris des mouvemens et du nombre des ennemis dans la Méditerranée. Les ennemis n'ont que deux vaisseaux de guerre et deux frégates devant Alexandrie.

Vous devez avoir actuellement trois ou quatre vaisseaux et trois ou quatre frégates de Malte; nous désirons bien vous voir arriver ici.

Nous aurions besoin de 5 ou 6,000 fusils; chargez-en un millier sur l'aviso que je vous expédie, et envoyez-nous le reste sur des bâtimens qui viendront aborder à Damiette.

Vous devez avoir reçu du contre-amiral Gantheaume des lettres qui ont dû vous faire connaître le besoin où nous sommes d'avoir des nouvelles d'Europe, et de recevoir notre convoi 2. »

'Lettre de Bonaparte, du 27 frimaire.

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