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nombreuses, qui y exerçaient une souveraineté absolue, puisque la caravane de la Mekke était obligée de leur payer un droit de Une passage. expédition fut ordonnée pour occuper la ville de Suez; le général Bon en fut chargé.

Il partit du Kaire le 13 frimaire avec un petit corps de troupes, l'enseigne de vaisseau Collot pour être commandant d'armes du port, dix matelots, un moallem destiné aux fonctions d'inspecteur des douanes et huit ou dix de ses gens. Des officiers de l'artillerie et du génie devaient bientôt suivre pour y commander ces deux armes. La première opération, recommandée au général Bon, était de faire remplir toutes les citernes, et de conclure un accord avec les Arabes de Tor pour qu'ils continuassent à fournir toute l'eau existant dans les citernes en réserve. Il lui était ensuite ordonné de retrancher Suez en entier ou en partie, de manière à être à l'abri des attaques des Arabes, et d'avoir une batterie de gros canons qui battît la mer. Si avec deux pièces qu'il emmenait et celles qu'il trouverait dans la place, il n'en avait pas assez, on lui en enverrait d'autres. Il devait vivre dans la meilleure intelligence avec les patrons des bâtimens venant de Yambo et de Gedda, et leur écrire pour les assurer qu'ils pouvaient en toute sûreté continuer leur commerce, et qu'ils seraient spécialement protégés; se procurer parmi les bâtimens qui venaient à Suez une ou deux des meilleures felouques et les faire armer en guerre; envoyer, 24 heures après son arrivée, par des Arabes et en

duplicata, un mémoire sur sa situation militaire, celle des citernes, du pays et le nombre de bâtimens; expédier tous les jours un exprès arabe avec promesse d'être bien payé au Kaire quand il y apporterait les lettres; donner toutes les nouvelles qu'il pourrait recueillir sur la Syrie, Gedda et la Mekke. L'intention du général en chef était que le général Bon restât à Suez assez de temps pour fortifier cette place, de manière à ce que la compagnie des janissaires, commandée par Omar, les marins et les canonniers, pussent la défendre contre les Arabes, et si ces forces n'étaient pas suffisantes, le général en chef se proposait de les renforcer avec quelques troupes grecques 1.

Eugène Beauharnais faisait partie de cette expédition. Plein d'une sollicitude paternelle pour ce jeune homme, Bonaparte lui écrivit : « J'ai vu avec plaisir par votre lettre que vous étiez entré à Suez à la tête de l'avant-garde. Marchez toujours avec l'infanterie; ne vous fiez point aux Arabes et couchez sous la tente. Écrivez-moi par toutes les occasions. Je vous aime ».

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Des convois, expédiés sur les traces du général Bon, lui conduisirent du riz, du biscuit, de l'eaude-vie, de l'avoine pour les chevaux, des matelots, des outils, des sapeurs, des ouvriers de toute espèce et l'adjudant-général Valentin. Bonaparte, lui recommandant de renvoyer au Kaire les chameaux qui portaient tous ces objets, lui écrivit :

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«< Ayez soin surtout que les chameaux des Arabes soient parfaitement libres : il faut faire ce que veulent ces gens-là. Laissez passer les lettres pour Gedda sans les décacheter; laissez aller et venir chacun librement. Le commerce est souvent fondé sur l'imagination. La moindre chose est un monstre pour ces gens-ci qui ne connaissent pas nos moeurs. Si vos rhumatismes, au lieu de se guérir, continuaient à empirer, vous laisseriez le commandement à l'adjudant-général Valentin, et vous reviendriez au Kaire. J'ai ordonné au kiaya des Arabes de me faire venir deux bouteilles d'eau de la source chaude qui se trouve à deux journées de Suez, sur la côte de la Mer-Rouge ».

« J'ai reçu votre lettre avec le croquis que vous m'avez envoyé, écrivit Bonaparte à Eugène Beauharnais; il est très-bien fait. Par le numéro de votre dernière lettre, j'ai vu que j'avais reçu les trois autres. Ayez-soin de ne pas coucher à l'air, ni les yeux découverts. Je vous embrasse 2. »

Un guerrier entreprenant, Tippo-Saïb, roi de Mysore, faisait alors trembler les Anglais dans l'Inde. Le Directoire avait ordonné au contre-amiral Sercey, commandant la division de frégates stationnée à l'Ile-de-France, d'aller croiser à l'entrée de la Mer-Rouge. Bonaparte espérait que cette escadre s'avancerait jusqu'au fond du golfe Arabique, et il l'attendait à Suez. Il écrivit au général Bon: « Il serait nécessaire que vous fissiez

'Lettres des 23, 25 et 28 frimaire.

'Lettre du 26.

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sonder la rade pour savoir si les frégates que j'attends de l'Ile-de-France pourraient, étant arrivées à Suez, s'approcher de la côte jusqu'à 200 toises, de manière à être protégées par les batte

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Le bruit de l'expédition des Français s'étant répandue dans l'Orient, on vit arriver à Suez un prétendu agent de Tippo-Saïb; mais, en se présentant au général Bon, il dit qu'il avait perdu ses dépêches. Cependant Bonaparte lut avec le plus vif intérêt ce que ce général lui manda sur l'envoyé de Tippo-Saïb, et écrivit au Directoire : « Un bâtiment arrivé à Suez a amené un Indien qui avait une lettre pour le commandant des forces françaises en Égypte; cette lettre s'est perdue. Il paraît que notre arrivée en Égypte a donné aux Indes une grande idée de notre puissance et a produit un effet très-défavorable aux Anglais; on s'y bat».

Cet Indien, arrivant sans dépêches, pouvait bien n'être aussi qu'un espion envoyé par les Anglais pour sonder les projets de Bonaparte.

Dans sa mission à bord du commodore Hood, le lieutenant des guides Guibert, parlant des fréquens envois d'officiers que Bonaparte faisait en France, avait cité son frère Louis, parti depuis 25 jours. Le fait était vrai. Il avait mis à la voile sur un aviso, le 11 brumaire, portant des dépêches pour le Directoire. Cependant il n'arrivait

'Lettre du 28 frimaire.

* Idem.

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point de nouvelles de France. Le besoin s'en faisait encore plus sentir depuis qu'on avait appris par les Anglais que la Porte avait déclaré la guerre.

L'ordonnateur en chef Sucy ne s'était point entièrement rétabli de la blessure qu'il avait reçue au combat de Chebreis; on lui conseilla l'usage des eaux ininérales; le général en chef l'autorisa à retourner en France, et le chargea de dépêches pour le Directoire et d'y ajouter verbalement tout ce qu'il savait de la situation des affaires en Égypte. Dans sa lettre, Bonaparte disait : « Nous attendons toujours avec une vive impatience des courriers d'Europe. J'envoie en France une quarantaine de militaires estropiés ou aveugles. Ils débarqueront en Italie ou en France. Je vous prie de les recommander à nos généraux et à nos ambassadeurs en Italie, dans le cas où ils débarqueraient dans un port neutre ».

L'ordonnateur Sucy fut remplacé par d'Aure, qui, quoique âgé de 23 ans, était le plus ancien commissaire des guerres de l'armée. On appelait alors un homme de 30 ans, un ancien. Sucy partit d'Alexandrie le 2 nivôse. Forcé de relâcher à Augusta, en Sicile, il y fut impitoyablement massacré le 6 pluviôse, ainsi que la plupart des inilitaires infirmes qui étaient avec lui.

Le général en chef chargea le contre-amiral Gantheaume d'expédier quatre bâtimens à Malte au contre-amiral Villeneuve, à Corfou, à Ancône aux commandans des forces navales, et à Toulon

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