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que sa présence était nécessaire à la République, et que le premier objet de l'expédition d'Égypte était rempli. Il était résolu de s'emparer de l'antorité et de rendre à la France ses jours de gloire, en donnant une direction forte aux affaires publiques.

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Dès le 3 messidor, Bonaparte, envoyant le contre-amiral Gantheaume du Kaire à Alexandrie pour le service de la marine, le chargea de tenir les frégates le Muiron et le Carrère et plusieurs avisos prêts à partir pour la France. On pourrait en conclure que, dès cette époque, Bonaparte pensait à quitter l'Égypte. Depuis plus de trois mois, il était sans nouvelles. Les dernières qu'il avait reçues lui avaient fait pressentir que la guerre ne tarderait pas à éclater. Il est donc probable qu'il voulait s'assurer les moyens de retourner en France suivant les événemens; on ne croit pas qu'il eût encore de projet arrêté.

Mais dans le long entretien qu'il avait eu à Alexandrie avec le contre-amiral Gantheaume, le 16 thermidor, il n'est pas douteux que Bonaparte ne lui eût donné l'ordre de mettre la dernière main à l'armement des deux frégates et de le prévenir du moment où les croisières ennemies auraient laissé le mouillage.

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Il revint donc au Kaire avec le projet arrêté de partir bientôt pour la France. Il écrivit à Kléber qu'il lui enverrait des gazettes où il verrait d'étranges choses. Il envoya à Desaix une notice.

'Lettre du 24 thermidor.

des nouvelles désastreuses contenues dans ces papiers sans aucune réflexion'. Il y a lieu de croire cependant qu'il mit Desaix dans sa confidence. Ce général lui répondit, dit-on : « Ces revers ne m'ont pas surpris, mais ils m'ont vivement affligé. On voit bien que vous n'êtes plus dans cette Italie où vous avez eu tant de succès; vous y retournerez, vous illustrerez la nation; et nous nous végéterons au milieu des Arabes. Qui connaîtra la grandeur de vos idées? Qui appréciera vos généreux desseins? Cette guerre d'Allemagne est une horrible chose; j'enrage de n'y être pas. Pensez du moins à nous, à notre situation, à notre passion pour la gloire; mais avant tout sauvez la France ». Bonaparte ne fut pas faché d'avoir le suffrage de Desaix".

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Le 25 thermidor, il ordonna à Desnoyers, officier de ses guides, de se rendre sur-le-champ à Boulaq, où il se présenterait chez le commandant de la marine qui mettrait à sa disposition une demi-galère armée pour aller à Rahmanieh; de se présenter chez le commandant de cette place pour en avoir une escorte, arriver en toute diligence à Alexandrie, et remettre en propres mains une lettre à Gantheaume; de ne partir d'Alexandrie que lorsque ce général l'expédierait; de retourner à Rahmanieh où il était nécessaire qu'il fut arrivé au plus tard le 2 fructidor à midi, et de rester dans le fort jusqu'à un nouvel ordre

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qu'il recevrait probablement du 2 au 5 fructidor.

Par sa lettre au contre- amiral Gantheaume Bonaparte lui annonçait évidemment son départ prochain du Kaire, puisque le même jour, prétextant une tournée dans le Delta, il écrivit au général Lanusse de garder ses guides et ses équipages; qu'il comptait dans deux jours débarquer au Ventre de la Vache et l'aller trouver à Menouf, et qu'il le ferait prévenir 24 heures d'a

vance.

Tandis que Desnoyers se rendait à Alexandrie, Gantheaume faisait connaître à Bonaparte les mouvemens des croisières ennemies, et, depuis le 23, lui écrivait régulièrement deux ou trois fois par jour.

Le 27, il était parti plusieurs bâtimens de l'escadre turque; il restait encore dans la rade d'Abouqyr 3 vaisseaux, 14 canonnières et environ 30 transports. Le commodore Smith paraissait définitivement vouloir abandonner le mouillage; depuis deux jours, le port n'était plus bloqué à vue; la frégate le Muiron était passée au port neuf, elle était entièrement prête ainsi que le Carrère.

Gantheaume présumait que les vaisseaux anglais et turcs qui avaient quitté la rade d'Abouqyr se rendaient à Lesbeh de Chypre ou dans l'Archipel pour renouveler leurs provisions d'eau dont ils étaient totalement dépourvus, et que dans huit ou dix jours ils pourraient reparaître. Il persistait donc à croire que le moment était un des plus favorables pour exécuter ce que Bona

parte lui avait prescrit, et qu'il n'y avait pas un instant à perdre '.

A la réception de ces renseignemens, Bonaparte se décida à partir. Le 30, il écrivit au divan du Kaire qu'il partait le lendemain pour Menouf d'où il ferait différentes tournées dans le Delta, afin de voir par lui-même les injustices qui pouvaient être commises, et prendre connaissance des hommes et du pays. Il lui recommandait de maintenir la confiance parmi le peuple. « Dites-lui souvent, ajoutait-il, que j'aime les Musulmans, et. que mon intention est de faire leur bonheur. Faites-leur connaître que j'ai pour conduire les hommes les plus grands moyens, la persuasion et la force; qu'avec l'une, je cherche à me faire des amis qu'avec l'autre, je détruis mes ennemis. » Il recommandait enfin au divan de lui donner de ses nouvelles, et de l'informer de la situation des choses le plus souvent possible '.

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Bonaparte écrivit aussi à Poussielgue pour lui annoncer son départ; lui recommanda de pousser vivement la rentrée des fermages et des contributions, de correspondre avec lui à Menouf, de vivre en bonne intelligence avec les cheyks, de maintenir la paix au Kaire, de faire dans tout ce qui le concernait tout ce qu'il jugerait à propos en prenant toujours la voie qui approcherait le moins de la nouveauté. « Je recommande, lui mandait-il en finissant, au général Dugua de frap

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per ferme au premier événement; qu'il fasse couper six têtes par jour; mais riez toujours. » Bonaparte annonça à son état-major qu'il eût à se préparer pour un voyage de huit jours. Cependant les préparatifs qui se faisaient chez le général en chef étaient beaucoup plus considérala pour bles que ceux qu'on avait faits campagne de Syrie. Son secrétaire Bourienne emballait tous les papiers. A 11 heures du soir, plus de 20 chameaux recevaient leur charge dans la cour du quartier-général. A minuit, Bonaparte partit, et s'embarqua à Boulaq sur le bateau armé de six pièces de canon qui lui servait à naviguer sur le Nil.

y

Le lendemain, il y eut au Kaire grande rumeur à l'Institut. On. dit hautement que Bonaparte était parti pour retourner en France. En un instant cette nouvelle se répandit dans toute la ville. Les commissions de savans refusèrent de partir pour la Haute-Égypte. Fourier envoya son refus par écrit à Dugua. Ce général, en informant Bonaparte de cette nouvelle à laquelle il ne croyait pas, lui demandait en grâce de ne pas rester aussi longtemps sans lui écrire qu'il l'avait fait dans les expéditions de Syrie et d'Abouqyr 2.

Arrivé à la pointe du Delta, appelée BadelBaqarah (ventre de la vache), Bonaparte fit suivre la branche de Rosette et se rendit à Menouf chez le général Lanusse.

'Lettre du 30 thermidor.

Lettres de Dugua, du 1er. fructidor.

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